Cela fait un moment déjà que Ghostly Kisses fait résonner sa musique feutrée et éthérée au Québec et bien au-delà. Pourtant, c’est un premier album que l’auteure-compositrice-interprète Margaux Sauvé a sorti vendredi dernier. Heaven, Wait est un aboutissement, mais aussi une transition, une renaissance.

Heaven, Wait n’aurait pu voir le jour plus tôt. Les dernières années, au cours desquelles sont parus quatre mini-albums, ont donné tous les outils à Margaux Sauvé pour ce premier long-jeu de Ghostly Kisses. La musicienne de Québec comprend aujourd’hui qu’elle n’était « pas toujours complètement ancrée dans [ses] chansons ». « C’était comme si je remettais un examen complété à 85 %, comme si je n’avais pas encore tout donné », nous dit Margaux.

Je ne veux rien enlever au travail d’avant, mais à un moment donné, tu arrives à trouver la bonne recette et on dirait qu’on l’a vraiment trouvée avec cet album.

Margaux Sauvé

Si l’auteure-compositrice-interprète parle au « on », c’est que le projet Ghostly Kisses est un travail d’équipe. Le partenaire de création et de vie de Margaux, Louis-Étienne Santais, ne figure pas sur les pochettes, dans les vidéoclips ou sur les affiches, mais son nom est dans les crédits de toutes les chansons. C’est lui qui compose et produit.

Le duo crée sa musique « à la maison ». « Le plus souvent, chacun de notre côté, on s’envoie des idées, explique Margaux Sauvé. Par exemple, il me donne un riff au piano et je vais essayer de composer dessus. Ou j’envoie une structure de chanson et il travaille les arrangements. Et une fois qu’on a quelque chose d’assez avancé, on va commencer à travailler dans la même pièce ensemble. »

Beaucoup d’émotions

Dans la vie de Margaux Sauvé, l’album Heaven, Wait représente le moment où elle a « repris les rênes » de son parcours. « Il y a un parallèle entre les périodes de création et certains évènements de mon cheminement personnel, raconte-t-elle. J’ai dû aller chercher du soutien sur le plan psychologique pour comprendre certaines choses, parce que j’avais des difficultés, des périodes plus difficiles. »

Les productions prennent une teinte un peu plus pop que ce à quoi Ghostly Kisses nous avait habitués. L’ambiance vaporeuse et douce demeure, mais certains rythmes sont plus dansants.

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« Je me suis rendu compte que c’était la meilleure manière de présenter les textes, dit Margaux. J’écris avec beaucoup d’émotions, de sensibilité, c’est le cœur de la chanson. Et je me rends compte que si l’enveloppe a des structures claires, des mélodies accrocheuses, des répétitions et tout ça, on va mieux entendre le cœur de la musique. On a voulu aller vers un format plus conventionnel, mais à notre manière. »

En tournée en Europe en 2019, Ghostly Kisses n’avait qu’une chanson qui permettait « un moment de laisser-aller, où les gens pouvaient un peu plus bouger ».

C’était vraiment un moment fort et on s’est dit que rien ne nous empêchait de faire quelque chose de plus upbeat. Cette expérience de show nous a montré qu’on pouvait aller là.

Margaux Sauvé

Cet album, ajoute-t-elle, a été imaginé « depuis le jour un » pour être présenté en spectacle – et avec un peu de chance, ce sera bientôt possible.

Aboutissement

Pour la première fois, le noyau formé de Margaux et Louis-Étienne a laissé d’autres producteurs pénétrer sa bulle. Tim Bran, qui a notamment travaillé sur le premier album de London Grammar – « un groupe qui m’a donné la poussée pour chanter » –, a été un allié naturel, avec qui le travail a été harmonieux. « C’était un rêve pour moi de travailler avec lui, dit Margaux Sauvé. Son style de production ressemble beaucoup à celui de Louis-Étienne, c’était très facile. » Thomas Bartlett (The National, Florence and the Machine), quant à lui, « nous a ouvert l’esprit sur d’autres manières de faire de la musique ».

Heaven, Wait, « je le vois comme un aboutissement, tant sur le plan personnel que créatif, dit Margaux Sauvé. C’est l’accumulation de plusieurs essais-erreurs, de plusieurs apprentissages. Je pense qu’on est surtout fiers de l’album parce qu’il marque un moment déterminant pour nous en tant qu’artistes et puis pour moi, sur le plan personnel. »

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Marissa Groguhé, La Presse