(Paris) Le faiseur de succès surprend encore : le Canadien The Weeknd invite l’acteur Jim Carrey sur un disque ambitieux qui rend hommage à la bande FM et à ses idoles, comme Michael Jackson ou Prince.

L’artiste a pris tout le monde de court en sortant Dawn FM la première semaine de janvier, sans promotion en amont.

Il est coutumier du pas de côté, seul pensionnaire du sommet des palmarès à lâcher un disque (After Hours) en mars 2020, en plein confinement mondial, quand ses concurrents repoussaient leurs sorties.

Résultat, son titre Blinding Lights comptabilise depuis plus de 2,7 milliards d’écoutes sur Spotify, plateforme musicale leader du marché. Et The Weeknd s’était produit à la mi-temps du Super Bowl en 2021, séquence réservée aux vedettes dans cet évènement majeur du sport et de la télé aux États-Unis.

CAPTURE D’ÉCRAN

Dawn FM, The Weeknd

Avec lui, on pousse toujours la porte d’un drôle d’univers, entre ombre et lumière. Tout y est sur cette « Aube FM », puisque l’album commence avec la voix de Jim Carrey, dans le rôle de l’animateur radio. Il donne même une fréquence fictive, 103,5, avant que les premiers morceaux ne fusent, résolument tournés vers l’ambiance club des années 1980.

Voilà un beau concept-album, avec un récit qui se déroule au fil des chansons. C’est « un mec dans sa voiture qui est en plein purgatoire et qui écoute la bande FM tout en espérant voir le bout du tunnel », décrypte pour l’AFP Jim Zelechowski, directeur artistique chez Island/Def Jam.

Potes de télescopes

« C’est une métaphore de l’époque actuelle, des gens qui attendent ce bout du tunnel », poursuit ce responsable, qui ajoute : « Jim Carrey et lui sont assez potes, voisins, The Weeknd lui a demandé de faire cette voix off ».

La rencontre entre les deux vedettes est surréaliste. Après s’être contactés sur les réseaux sociaux, ils découvrent qu’ils habitent à quelques maisons l’un de l’autre à Los Angeles. « On a regardé dehors par la fenêtre, avec nos télescopes, et on s’est vus l’un l’autre », a raconté le musicien dans GQ.

Par la voix de l’acteur de The Mask ou Man on the Moon, The Weeknd ouvre ses armoires à vinyles et fait entendre ses références. Jim Carrey fait « des allusions à Prince, cite Purple Rain et When Doves Cry », note Jim Zelechowski.

L’écoute des titres confirme les sources d’inspiration. « On entend dans l’album des boîtes à rythmes caractéristiques de Prince sur Purple Rain ou Lovesexy », détaille le directeur artistique. Et de relever aussi « du Depeche Mode sur Gasoline, et un titre plus lent, celui avec Tyler The Creator, qui rappelle un Stevie Wonder moins connu Journey Through the Secret Life of Plants ».

Mais la plus grosse influence reste Michael Jackson et Thriller, jusque « dans la construction de l’album, avec les titres dynamiques au début, qui s’enchaînent dans les mêmes rythmes, et les plus doux ensuite, avec les mêmes harmonies », dépeint encore Jim Zelechowski.

« Marque des grands »

« Michael est quelqu’un que j’admire. Ce n’est pas une personne réelle, vous voyez ? Quand j’ai commencé la musique, c’est à ça que j’aspirais », confesse d’ailleurs dans GQ Abel Tesfaye, nom de la star à l’état civil. Il s’est créé un beau double maléfique avec The Weeknd, créature au nez cassé dans les visuels du précédent album et prématurément vieillie pour ceux de Dawn FM.

Les passerelles sont visibles : l’acteur Vincent Price, connu pour des films d’épouvante dans les années 50-60, prêtait sa voix sur la chanson Thriller. Ici c’est Jim Carrey.

Les Daft Punk (avec qui The Weeknd chantait sur le succès I Feel It Coming) s’offraient un passage parlé de leur idole Giorgio Moroder (sur Random Access Memories). Le Canadien procède de même avec Quincy Jones. L’illustre producteur qui travailla avec Michael Jackson introduit la seconde partie de l’album, plus mélancolique.

« C’est un album profond, réfléchi et en même temps ça reste pop à la Michael Jackson », synthétise Jim Zelechowski.

À 31 ans, The Weeknd s’enracine dans le paysage musical international. Elton John ne dit pas autre chose dans Variety : « Abel a son propre et unique chemin artistique, c’est la marque des grands, des artistes qui vont durer ».