Corneille présente ce vendredi le sixième et dernier épisode de sa série musicale en ligne, Corneille Remixe, où, après avoir reçu entre autres 2Frères, Marc Dupré et Laurence Nerbonne, il accueillera Marie-Mai. Le chanteur nous a livré le bilan de cette expérience rassembleuse, dont la deuxième saison est déjà en préparation.

Q. Est-ce que ce projet aurait eu lieu sans la pandémie ?

R. Peut-être pas… En fait, non. Il est né d’une rencontre que j’ai faite avec Jean-René Grimard, qui est devenu mon associé. On s’est rencontrés parce qu’il réalise des capsules et des captations de shows virtuels. Sans la pandémie, cette rencontre n’aurait pas eu lieu, et sans cette rencontre, ce projet n’existerait pas.

Q. Mais ce désir de créer des ponts, des rencontres, te trottait-il déjà dans la tête ?

R. Oui, mais pas de manière aussi structurée que dans le show. C’est une histoire qui m’obsède, cette idée de créer des ponts entre les gens qui pensent qu’ils appartiennent à des groupes fatalement différents. C’est pour ça que j’aime remixer des chansons, imaginer une autre grille harmonique, un autre beat… Ce sont deux intérêts que j’entretiens depuis longtemps, et de façon presque athlétique, c’est-à-dire que je fais ça presque tous les jours. Réfléchir à pourquoi les gens ne se comprennent pas, et comment ils peuvent s’entendre.

Q. Marie-Mai, 2Frères, Émile Bilodeau, Marc Dupré, Les sœurs Boulay, Laurence Nerbonne : le choix des invités était très éclectique.

R. Je voulais faire des remix avec de la musique afrodescendante, du soul, du R’n’B, du hip-hop, du blues, du jazz. Mais les artistes devaient venir de cultures musicales complètement différentes de la mienne, sinon il n’y aurait pas eu de défi. Le but était de créer des ponts entre deux rives qui n’ont pas l’air de se toucher. C’était vraiment ça, la motivation : montrer les points communs dans l’éclectisme.

Q. Même le folk de 2Frères a quelque chose en commun avec la musique afrodescendante ?

R. Ce n’est pas compliqué, tout ce qui s’inscrit dans la musique moderne trouve ses racines dans la musique noire. Même le métal, qui vient du rock, qui vient du blues. Moi, quand j’entends À tous les vents, de 2Frères, tout de suite, j’entends du gospel.

Q. On sent l’émotion des artistes quand on voit les images des répétitions. Et aussi le fait que leur musique est jouée par un groupe de musiciens noirs, on dirait que ça les impressionne. As-tu senti ça ?

R. Bien sûr ! On ne dit jamais ça quand on parle de diversité. On ne parle pas des inconforts naturels et humains, qui existent mais qui peuvent être facilement dépassés. Ça a changé leurs habitudes, mais j’ai vu que ça leur faisait du bien une fois que le contact était fait. Surtout que les artistes ne sont pas préparés, ils n’ont aucune idée de ce que je vais leur présenter. Je ne sais même pas pourquoi ils ont accepté ! Je leur en serai à jamais reconnaissant. Si cette émission continue et grandit, ce sera grâce à ces gens-là. Ils ont été les premiers fous à dire oui à une affaire pareille : je vais prendre tes plus belles chansons, les transformer, et tu ne le découvriras que le jour du tournage. En plus, dans cet environnement qui peut être dépaysant. Mais on se rend compte que ça se peut, que les mondes qu’on pense différents peuvent se rejoindre de manière organique, sans que ce soit artificiel ou forcé.

Q. Ton bilan est à l’évidence positif. Mais est-ce que le résultat de l’émission a dépassé tes attentes ?

R. Je ne doutais pas que musicalement ça allait fonctionner. Humainement aussi, car j’ai choisi des artistes avec qui j’avais déjà un certain rapport, je savais que ça allait se passer. Ce qui a dépassé mes attentes, c’est la rencontre entre les artistes établis et les jeunes avec qui ils étaient jumelés. C’est Marc Dupré qui continue de jaser avec Nicole Musoni, une chanteuse rwandaise à la voix incroyable qu’il ne connaissait pas du tout. C’est Émile Bilodeau qui a fait une chanson avec Raccoon après l’avoir rencontré sur le show. Ce sont Les sœurs Boulay qui ont relayé des contenus de Shah Frank, l’artiste invitée avec elles. Le post-show est allé au-delà de ce que j’espérais.

Q. Les épisodes de la première saison ont été téléchargés en moyenne 50 000 fois. Pour la deuxième saison, avez-vous des plans pour une diffusion à la télé ?

R. La première saison, c’était un peu comme un pilote. Mais après chaque épisode, tout le monde se disait qu’il faudrait que cette affaire-là soit chez les gens à un moment donné. Ça donne le goût de l’emmener dans le grand public, dans les foyers. Là, on est en train de préparer la deuxième saison et on réfléchit à la chose. On veut surtout bien le faire, et s’il y a une rencontre qui se fait avec un réseau, et que ça clique, c’est sûr qu’on va l’emmener là. Mais je n’ai pas le goût de le forcer… ni de faire des compromis.

Corneille Remixe est offerte gratuitement sur la plateforme Whiteboxplay.

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