(New York) Le frère de George Floyd, cet Afro-Américain mort étouffé sous le genou d’un policier à Minneapolis, en mai dernier, participe à la production d’un album d’hymnes de protestation inspirés par les manifestations du mouvement « Black Lives Matter ».

« Je veux rendre hommage à mon frère de toutes les manières possibles, que ce soit une marche, que ce soit juste de parler de lui à quelqu’un, ou simplement de jouer de la batterie », a déclaré Terrence Floyd à l’Associated Press.

Le projet musical, dont la sortie est prévue un an après la mort de George Floyd, en mai, suit toute une série d’autres initiatives dans la musique et la culture populaire américaine. Car la musique, en particulier, a souvent été un moyen de sensibiliser les gens aux mouvements de justice sociale.

Terrence Floyd a été recruté pour le projet par le révérend Kevin McCall, un militant de New York qui croit qu’un album d’hymnes de protestation inspirés de la rue n’existait pas encore. Pour lui, « ces chants de protestation […] créent un réel mouvement, pas un évènement épisodique ».

PHOTO FRANK FRANKLIN II, ASSOCIATED PRESS

Le révérend Kevin McCall (de dos)

Certaines chansons sont audacieuses, comme le premier extrait, No Justice No Peace, un slogan bien connu aux États-Unis, popularisé dans les années 1980, que la « génération Y » a entendu avant de rejoindre le mouvement des droits civiques, a déclaré M. McCall.

Le pasteur est en vedette sur cette pièce avec sa fiancée, la chanteuse Malikka Miller, et des membres de la chorale du Grace Tabernacle Christian Center de Brooklyn. La chanson est actuellement disponible à l’achat et en écoute sur demande sur iTunes, Amazon Music et YouTube.

L’album de sept chansons devrait être publié sous étiquette Godfather Records, détenue par David Wright, lui aussi pasteur, au Grace Tabernacle Christian Center. Son défunt père, Timothy Wright, est considéré comme le « parrain » de la musique gospel. « Nous mêlons la musique gospel à la justice sociale, pour atteindre les masses », a déclaré le pasteur Wright.

L’interaction n’est pas nouvelle entre la musique et les mouvements de mobilisation des Afro-américains. Le passage à tabac de Rodney King par des policiers de Los Angeles en 1991 ainsi que la « guerre contre la drogue » ont alimenté l’hymne de 1988 du groupe NWA F… tha Police, puis Fight the Power de Public Enemy l’année suivante.

Plus récemment, Alright, de Kendrick Lamar, Freedom, de Beyoncé, mettant en vedette Lamar, et FDT, de YG, ont fourni une bande son à de nombreuses manifestations du mouvement « Black Lives Matter ».

Certains historiens citent l’interprétation par Billie Holiday du poème d’Abel Meeropol Strange Fruit, en 1939, comme l’une des étincelles du mouvement des droits civiques aux États-Unis. Le film récent
The United States vs. Billie Holiday
dépeint d’ailleurs la lutte de « Lady Day » pour interpréter cette chanson en dépit de l’opposition des autorités politiques américaines.