Un tueur en série qui cible uniquement des blondes. Une femme qui lutte contre la violence conjugale et qui cherche à faire cesser ce carnage. Une adolescente coincée dans l’engrenage de la prostitution.

De ces éléments, maintes fois utilisés en littérature policière, le romancier italien Donato Carrisi tire un polar original, parfaitement ficelé. Il situe son intrigue à Côme, au bord du lac du même nom. Oui, on y retrouve d’opulentes villas et de riches familles, mais aussi des gens blessés, esseulés, menaçants. L’auteur nous transporte dans la tête de ses trois personnages principaux, mais en laissant des zones d’ombre qui tardent à s’éclaircir. C’est là où réside le suspense, plus que dans la traque elle-même. Donato Carrisi explore la psychologie de ses personnages, leurs motivations, leur nature. Le mal est-il inhérent ? Peut-il se transmettre ? Est-il même possible de répondre à ces questions ?

L’auteur évite soigneusement de nommer ses protagonistes : il parle plutôt de l’homme qui nettoyait, de la chasseuse de mouches et de la jeune fille à la mèche violette. Ce qui semble au départ un simple procédé stylistique aura son importance. En fait, tout est calculé. Chaque scène, chaque conversation comportent de précieux indices. À la fin, lorsque Donato Carrisi noue tous les fils de façon particulièrement habile et inattendue, le lecteur se surprend à retourner en arrière et à feuilleter frénétiquement le roman pour retrouver les indices qu’il avait manqués, pour relire les passages qu’il avait mal interprétés.

Donato Carrisi a écrit plusieurs romans à succès, dont Le chuchoteur. Juriste de formation, il s’est spécialisé en criminologie et en science du comportement. Visiblement, il a mis son expertise à contribution dans Je suis l’abysse.

Je suis l’abysse

Je suis l’abysse

Calmann-Lévy

350 pages

7/10