Il y a une mélancolie fougueuse dans la voix de La Zarra, du genre qu’on entend chez Piaf. La chanteuse québécoise ne s’en cache pas : l’icône française est un modèle pour elle. À sa manière, elle s’est forgée à l’écoute de celle qu’elle qualifie de « professeure de chant ».

Traîtrise, son premier album, a quelque chose de la vieille chanson française dans le ton (la pièce-titre, justement) et parfois dans les arrangements, quand ils misent sur une instrumentation classique où le piano et les violons occupent une belle place. Sauf que c’est aussi une chanteuse d’aujourd’hui. Ce qui fait que plusieurs morceaux sont aussi soutenus par des séquences programmées (TFTF, sur une rythmique légère, mais résolument urbaine), jusqu’à emprunter à l’europop sur Tu t’en iras, dévoilée avant l’été pour donner un avant-goût de ce dont elle est capable.

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La Zarra a du panache. Et pas seulement en raison des tenues parfois extravagantes qu’elle affiche. On sent chez elle une force et surtout une aisance, une espèce de naturel qui fait qu’elle n’a pas besoin de faire des pirouettes vocales pour donner du coffre à ses chansons romantiques, empreintes de solitude, de déception et surtout de passion. Des émotions parfois extrêmes qu’elle transcende et transmet sans trop en faire. Ce qui est tout à son honneur.

Traîtrise est d’une théâtralité assumée (Comme je l’aime), mais nuancée. On peut regretter que certains morceaux sonnent trop pop (Pas le cœur à la fête, l’un des rares qui font pop française générique, et Amour de quartier avec ses violons à la Amélie Poulain et ses chœurs un peu trop mielleux). La Zarra s’impose néanmoins au-delà de ces sonorités et de l’image qu’elle a développée comme une chanteuse aux interprétations sensibles. Elle risque de séduire bien des oreilles.

Traîtrise

Chanson/Pop

Traîtrise

La Zarra

Universal

7/10