Sur Comme au premier rendez-vous, qui souligne ses 40 ans de carrière, Mario Pelchat reste fidèle à sa manière : un romantisme élégant, teinté de mélancolie, mais aussi de gratitude. Il souligne de plus ses noces d’émeraude avec la chanson en annonçant une tournée à partir de février et en inaugurant une salle de spectacle sur son domaine de Saint-Joseph-du-Lac.

« Chanter chez moi, c’est un rêve que je caresse depuis longtemps », dit Mario Pelchat, visiblement heureux. La veille de l’entretien, il a inauguré la salle qu’il a fait construire sur le domaine où il possède aussi un vignoble. L’endroit est intime, de 250 à 300 places, et à quelques pas de sa maison.

« Je veux faire des spectacles en après-midi à partir de 2022, expose le chanteur et entrepreneur. Une partie de mon public vieillit, comme moi, et il aime ça [les matinées]. On en fait parfois en tournée, et mes musiciens et moi, on trippe de sortir de scène pendant qu’il fait encore clair et d’avoir la soirée devant nous. J’ai envie de ça. »

Il ne faut pas avoir froid aux yeux pour ouvrir une salle de spectacle en pleine pandémie, mais Mario Pelchat n’a jamais manqué de cran. Il en fallait pour lancer une étiquette de disques au début des années 2000, alors que les ventes d’albums s’effondraient. Il en fallait aussi pour décider de chanter au début des années 1980, époque morose pour la culture québécoise, en s’inspirant de la chanson française.

Il a remporté ses deux paris. Il a connu un succès rapide comme chanteur, et Disques MP3 (vendue depuis à Québecor) a multiplié les projets gagnants : Quand le country dit bonjour, Nadja, Paul Daraîche, 2Frères, etc.

Full sentimental

Comme au premier rendez-vous se nourrit encore des inspirations premières du chanteur : la chanson française sentimentale. « Mon père était un grand romantique et chantait toujours les chansons de Franck Fernandel, le fils de Fernandel, se rappelle Mario Pelchat. C’est ça qui tournait chez nous avec Dassin, Bécaud et des chanteurs québécois de l’époque comme Fernand Gignac et Raymond Berthiaume. J’ai baigné dans cet univers. »

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Il a bien sûr eu envie de rocker à l’adolescence. Il a même eu un groupe rock avec lequel il chantait du « top 40 » entre son deuxième et son troisième album. « Quand j’en suis arrivé à choisir ma direction musicale, je revenais toujours à la chanson française que mes parents avaient aimée. J’ai pris une décision musicale, au grand désarroi de mes chums de l’époque, qui auraient bien voulu que je continue à faire du rock, se rappelle-t-il. Là, selon eux, je faisais de la musique de matantes. Je l’ai assumé et j’étais heureux là-dedans aussi. »

Trop pris par la construction de sa salle de spectacles, Mario Pelchat n’a pas écrit pour son récent disque. Il a fait appel à Jacques Veneruso et à Erick Benzi, auteurs et compositeurs français derrière des succès de quantité d’interprètes francophones, dont Garou et Céline. Pour Mario Pelchat, ils ont fait moins pop générique : l’approche est intemporelle, gardant un équilibre entre sonorités synthétiques et acoustiques.

Ils m’ont écrit 12 chansons sur mesure. Je me retrouve complètement là-dedans, c’est tout à fait le gars que je suis à 57 ans. J’ai eu un plaisir fou à les enregistrer.

Mario Pelchat

N’endosser que le rôle d’interprète sur ce disque lui convenait. « Interprète, c’est un métier, dit-il, comme un acteur à qui on offre un rôle. »

Être vrai

Sur ce disque qui n’a pas été fait « pour les radios » (« Elles boudent les artistes qui ont passé 50 ans, on le sait », glisse-t-il), il évoque sa relation avec le public (Comme au premier rendez-vous), s’interroge sur la paternité manquée (L’enfant que je n’ai pas) et évoque son vignoble (Terre promise), qui est devenu l’ancrage de son couple.

« Je ne m’attendais pas à ce que ce soit autant de travail, avoue-t-il. À un moment donné, j’ai décidé de regarder les choses autrement : je regarde ce qui se fait de saison en saison, ce qui évolue. » Ce contact avec la terre et le travail que les vignes demandent, il les trouve valorisants. « On est fiers, dit-il. Fatigués, mais fiers. »

Une brise mélancolique souffle sur son plus récent disque, qui vient accompagné d’une compilation de ses succès, mais Mario Pelchat assure qu’il ne faut pas entendre certaines phrases comme des regrets. « Ce n’est pas dans ma nature [de regretter] », dit-il. L’interprète chante le plus souvent avec retenue, sans chercher à épater qui que ce soit. C’est le bon côté de vieillir, selon lui : lâcher prise. « C’est ça que je vis aujourd’hui dans le plaisir de chanter : je n’essaie pas d’être autre chose que ce que je suis. »

Comme au premier rendez-vous

Comme au premier rendez-vous

Mario Pelchat

Offert maintenant, en tournée à compter de février 2022