La scène musicale montréalaise accueille sans cesse de nouveaux talents au potentiel immense. Côté R & B et soul, Fernie se démarque par ses rythmes nostalgiques et contemporains, sa voix nuancée et ses textes sensibles. Un amalgame qui se déploiera sur scène lors de ses spectacles à Pop Montréal ce week-end, à l’occasion de la sortie de son premier disque, Aurora.

La musique est un espace sûr (safe space) pour Fernie. Un endroit pour se dévoiler, pour faire partager ses émotions et affirmer son identité. « C’est tellement plus facile en musique, ça permet d’être plus transparent », confie l’artiste au bout du fil, en anglais (même s’il comprend parfaitement le français).

À l’écoute de l’album Aurora, on part à la rencontre de cet artiste de 23 ans. Que ce soit en parlant d’amour obsessif (Divine), d’acceptation du passé (New Beginings), de relations qui se terminent mal (Back There), Fernie se raconte, mais en souhaitant toujours que chacun puisse s’identifier à ses textes.

Pour la pièce September, par exemple, l’idée initiale était de décrire une histoire d’amour entre deux garçons. « Je trouve qu’il n’y en a pas assez, affirme l’artiste montréalais. Mais ensuite, je me suis demandé pourquoi. Moi-même, je suis non binaire [ses pronoms sont “he/they”]. Et je veux décrire quelque chose qui s’applique à tous. Au-delà du genre ou de l’orientation sexuelle. »

C’est comme ça qu’Aurora a été composé, ces trois dernières années. En n’encrant les chansons dans aucun moule, pas même celui du temps. « Ce sont des morceaux très intemporels. Je ne veux pas que ce soit linéaire, mais plutôt qu’on y trouve le passé, le présent et l’avenir », dit Fernie.

Chanter tout le temps

Aurora, c’est pour l’aube, le début de quelque chose, le renouveau. L’artiste de 23 ans, qui a grandi à Lachine puis à Baie-d’Urfé, raconte dans la pièce-titre son « expérience dans la classe ouvrière et le fait de travailler tous les jours en ayant le rêve de quelque chose de plus ».

Ce quelque chose de plus, on le devine bien, c’est la musique. « Ça parle de me rendre à ce rêve non pas pour les autres, mais pour moi-même, car je sais le potentiel que j’ai », ajoute Fernie.

L’image des aurores boréales qui « dansent dans le ciel » représente aussi la façon dont « les émotions et les différents sons dansent au long de l’album ».

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Si le R & B domine, il est vrai que Fernie s’amuse aussi avec les humeurs et les ambiances sonores sur Aurora. Cela lui vient des influences éclectiques qu’il a reçues de ses parents. Adopté au Brésil par une mère brésilienne et un père allemand, Fernie a entendu toutes sortes de sonorités entre les murs de la maison familiale, tout en consommant beaucoup de musique pop.

Je chantais tout le temps à la maison. Ma mère m’a donné un enregistreur cassette et je faisais ça pendant des heures. Ensuite, j’ai découvert GarageBand et je me suis amusé avec ça. Je faisais de plus en plus de musique. J’étais dans la chorale de l’école. On me disait que je pourrais faire ça en solo, mais j’étais trop gêné !

Fernie

C’est lorsque ses parents l’ont inscrit à la West Island Music Academy que son intérêt s’est développé en une passion qu’il a pu entretenir avec sérieux. Il a appris à utiliser sa voix avec toute l’agilité que l’on entend sur Aurora. « C’est aussi là que mon écriture s’est améliorée, car on m’a montré comment manipuler la musique, explique l’auteur-compositeur-interprète. Une professeure me faisait chanter des reprises, mais en faisant miennes les chansons. » Tout cet apprentissage lui a donné des bases solides, sur lesquelles il a bâti, à 18 ans, son premier minialbum, The Acoustic EP.

« Exactement ce que je suis »

Aurora ne sonne en rien comme ce premier effort autoproduit, qui, comme son nom l’indique, était principalement composé de chansons acoustiques. Le R & B qu’il offre aujourd’hui avec son premier album, il l’a découvert il y a quelques années, lorsqu’il s’est réuni avec d’autres artistes montréalais (de l’Ouest-de-l’Île principalement) pour former le collectif Kids From The Underground. « J’ai eu l’occasion avec eux de travailler avec cette nouvelle partie de moi-même que je n’avais pas encore touchée », explique Fernie. C’est avec l’aide du collectif, dont font notamment partie Samaether, Hxx et JAD, que s’est façonné Aurora.

J’adore ce que j’ai créé avec eux. Et KFTU, c’est plus que de la musique. On est des artistes de différents genres avec la même vision des choses. Chacun des membres a une histoire à raconter, chacun a une âme unique et authentique, une énergie magnifique.

Fernie

Au cours des trois dernières années, avec le collectif et par lui-même, Fernie a « trouvé ses appuis » dans cette carrière qu’il lance désormais avec assurance. « J’ai toujours senti que c’est quelque chose que je pourrais faire, mais là, je sens que c’est quelque chose que je peux vraiment accomplir », affirme l’artiste. Le temps est venu pour Fernie de faire partager cette musique dans laquelle on côtoie toute sa vulnérabilité.

« Cet album, c’est exactement ce que je suis, dit Fernie. Les gens ont tendance à vouloir cacher leur vulnérabilité. C’est difficile de dire certaines choses. Je pense qu’on ne devrait jamais s’empêcher de s’ouvrir aux gens, quand le moment est le bon pour chacun, bien sûr. Et en attendant, si quelqu’un a besoin d’un espace sûr, j’espère qu’il pourra le trouver dans ma musique. »

L’album Aurora sera offert dès vendredi. Fernie sera en spectacle au Ministère le 24 septembre et au Clubhouse Rialto le 26, dans le cadre du festival Pop Montréal.

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