La légende du rap Nas en est à son 14e album. Sur King’s Disease II, le rappeur compte sur des collaborations toutes plus percutantes les unes que les autres, de Lauryn Hill à Eminem, en passant par A Boogie Wit da Hoodie et YG. Mais c’est avant tout Nas lui-même qui fait de ce disque une franche réussite.

Nas a marqué l’histoire du rap avec Illmatic, son premier album, paru en 1994. Depuis, le OG new-yorkais n’a rien offert qui sache complètement reproduire l’impact du mythique album originel, mais a créé bien des choses pour ne jamais laisser douter de l’importance immense de sa présence dans le rap américain.

L’an dernier, King’s Disease lui a valu son premier prix Grammy pour le meilleur album rap. Place aujourd’hui au disque numéro 14, celui qui vient nous assurer que Nas n’est toujours pas essoufflé. « I’ve been on fire four generations », rappe-t-il. Et nous ne pourrions le contredire.

Nas offre une prose où l’histoire de sa vie forme les vers. Il se raconte, retour dans le passé à l’appui. Ça fait longtemps qu’il est dans le jeu ; il en a vu, des choses, il en a appris, des leçons.

« Been down with the hustle for so long, feel like we related », lâche-t-il sur sa pièce d’ouverture, The Pressure.

La nostalgie est bien exploitée (l’impeccable Death Row East, par exemple), mais l’équilibre entre la réminiscence et l’actualité se maintient. Nas regarde vers l’avant aussi, conseille la génération qui le suit. Il parle de religion (My Bible), de son propre prestige (Nas Is Good, notamment), d’amour même (No Phony Love, avec Charlie Wilson).

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Sur EPMD 2, Eminem et EPMD eux-mêmes complètent un quatuor de choc. Cette collaboration fait des étincelles et, tout au long du disque, Nas ne s’entoure que de partenaires dont le talent parfait chaque morceau.

Puis arrive Nobody, où la reine Lauryn Hill nous honore de sa présence, 25 ans après la dernière collaboration entre les deux légendes. On n’aurait pu demander mieux.

Le producteur et rappeur Hit-Boy, qui avait déjà produit l’intégralité de King’s Disease (entre autres), est de retour sur ce deuxième volet. La qualité de ses beats surpasse celle du précédent, tant dans leur faculté à accrocher l’auditeur (que l’on soit dans la soul old school ou dans un similitrap) que dans la finesse du travail de production.

Nas retient notre intérêt jusqu’au bout et, lorsque l’album repart du début, nous nous surprenons à le laisser aller pour un deuxième tour. Il n’y a pas de doute : Nas est toujours là.

King’s Disease II

Rap

King’s Disease II

Nas

Mass Appeal

8/10