Richard Z Sirois est depuis toujours un grand passionné de musique. L’ex-membre de RBO et ancien animateur radio a lancé fin mars une page Facebook intitulée Le vinyle de l’insomniaque où il raconte chaque jour des anecdotes personnelles autour des disques de sa collection.

Ses chroniques quotidiennes – que cet antitechno assumé écrit à un doigt sur son téléphone intelligent ! – sont lues par près de 6000 personnes. Un large auditoire auquel le principal intéressé n’avait jamais rêvé.

« Cette page Facebook a débuté de façon étrange, dit Richard Z Sirois. La pandémie a chamboulé ma vie. J’ai perdu mon emploi [il travaillait pour une entreprise spécialisée en produits dérivés], puis j’ai quitté Villeray pour Matane le 25 septembre. L’hiver dernier, j’ai dû regarder 400 épisodes de séries télé sur Netflix ! »

Fin décembre, il a écrit un message sur Facebook pour souligner le troisième anniversaire de la mort de son père. Son fils Émile, touché par le texte, lui a alors lancé : « Tu devrais écrire sur ce que tu aimes ! »

Ça m’a fait comme un éclair au cerveau ! J’avais besoin de briser l’isolement de la pandémie, de mettre de l’activité dans ma vie. J’ai réalisé que j’ai toujours aimé la musique, les spectacles, les disques vinyle…

Richard Z Sirois

« J’ai une collection de 700 ou 800 vinyles. J’ai décidé d’écrire là-dessus, sans pour autant vouloir faire une encyclopédie du rock. Je voulais parler des émotions que suscite la musique chez moi. »

Sa première chronique, qui portait sur Harmonium, ne faisait que trois phrases. Le lendemain, il en a écrit une autre, puis une autre le surlendemain. Au fil des jours, les textes se sont allongés, et le nombre d’abonnés à sa page Facebook a grandi. Depuis le 22 mars, Richard Z Sirois n’a raté que trois de ses rendez-vous quotidiens avec ses milliers de lecteurs.

« Je ne parle que des disques vinyle que j’aime. Je vais à Rimouski chaque semaine pour acheter un nouveau disque afin d’alimenter ma chronique, parfois en suivant les conseils de mes enfants qui me disent que je dois absolument posséder du Billie Eilish ou du Kanye West ! J’interviewe aussi des personnalités publiques pour la page Facebook, et les gens sont nombreux à y écrire sur les disques qui les ont marqués. »

Bref, c’est toute une communauté de passionnés de vinyles qui est en train de se former autour de Richard Z Sirois. Et ce dernier n’a pas regardé Netflix depuis que cette belle aventure est commencée…

Consultez la page Le vinyle de l’insomniaque

Richard Z Sirois en cinq vinyles

Dark Side of the Moon, Pink Floyd (1973)

IMAGE FOURNIE PAR RICHARD Z SIROIS

Pochette de Dark Side of the Moon

« C’est un album qui m’a suivi toute ma vie ; je l’ai eu dans tous les formats imaginables. Comme ma famille vient de Matane, j’ai beaucoup fait de route à partir de Montréal pour les vacances d’été quand j’étais jeune. J’écoutais souvent cet album en regardant le coucher de soleil sur le fleuve. Plus tard, quand j’ai eu mes trois enfants, c’est devenu un rituel d’écouter ce disque en voiture. Vers 8 ou 10 ans, c’est eux qui ont commencé à me le demander ! C’est un album parfait pour voyager ! J’ai eu la chance de voir Pink Floyd souvent en spectacle et quand Roger Waters est venu à Montréal récemment, j’ai acheté des billets pour ma sœur, mes enfants. Pour moi, c’est impensable de ne pas voir Pink Floyd (ou Waters) en show. Ça va tellement loin que j’ai peint en noir un grand mur dans le sous-sol de ma maison à Matane et j’attends qu’un ami soit disponible pour venir y dessiner le fameux logo du disque ! Je suis vraiment un fan fini ! »

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Abbey Road, The Beatles (1969)

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Pochette d’Abbey Road

« La première fois que j’ai frenché une fille dans un party de sous-sol de Pierrefonds, c’était sur la chanson Oh ! Darling, de l’album Abbey Road. J’avais 14 ans. Ça ne s’oublie pas ! Les Beatles sont un groupe tellement extraordinaire : il a toujours fait partie de ma vie. Son évolution est incroyable, depuis le yéyé du début jusqu’à Abbey Road. Il a marqué des générations entières. Jeune, je voulais m’habiller comme eux, me coiffer comme eux. Jusqu’à l’âge de 7 ou 8 ans, c’est ma mère qui me coupait les cheveux et je me souviens être arrivé souvent avec en main la pochette du disque Meet the Beatles. Je voulais la même coupe, avec un toupet carré et un début de favoris devant les oreilles ! Et ma mère réussissait chaque fois ! »

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The Joshua Tree, U2 (1987)

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Pochette de The Joshua Tree

« J’ai toujours aimé U2 : l’implication de Bono dans différentes causes, l’incroyable son de guitare et de base drum, les textes touchants, en particulier sur The Joshua Tree. C’est un son auquel je reviens toujours… Lors d’un voyage au Colorado, j’ai même fait un pèlerinage à l’amphithéâtre de Red Rocks, où ils ont enregistré l’album live Under a Blood Red Sky. « Le meilleur spectacle que j’ai vu de ma vie est celui de la tournée Zoo TV, en 1992. Tous ces écrans géants qui nous bombardaient de messages, les éclairages, la présence magnétique de Bono et The Edge… Lorsque les sièges de l’ancien Forum de Montréal ont été mis en vente, j’ai acheté celui sur lequel j’étais assis pour ce spectacle précis : section 219, rangée 2, banc 13. Comme je garde tous mes billets de concert, je savais exactement où j’étais assis. »

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Atrocetomique, Les Colocs (1995)

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Pochette d’Atrocetomique

« J’aurais pu choisir n’importe quel album des Colocs, c’est un groupe que j’adore, mais celui-ci est particulièrement important pour moi, car il a été lancé au Medley le soir du référendum de 1995. J’étais impliqué dans le groupe des artistes pour la souveraineté, avec Dédé Fortin et Paul Piché. La soirée a commencé comme dans un rêve, avec le spectacle du lancement. Puis, tranquillement, le vote a glissé vers le Non, et tout s’est terminé tristement, sous une pluie glaciale… Je connaissais déjà Dédé, puisqu’il était monteur vidéo à 100 limites avant la percée du groupe. Un jour, il m’a dit qu’il avait des chansons à me faire entendre. Je lui ai dit que je n’avais pas le temps. C’est le plus grand regret professionnel de ma vie ! La mort de Dédé a été une grosse perte pour moi. »

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L’heptade, Harmonium (1976)

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Pochette de L’heptade

« Serge Fiori est mon idole absolue, avec Guy Lafleur et René Lévesque, probablement ! Plus jeune, je le déifiais, à cause de ses textes, de son état d’esprit dans lequel je me reconnaissais totalement. Avec ma première vraie blonde, on écoutait Harmonium en boucle, mais aussi Beau Dommage, Octobre… La seule fois où j’ai été à la mode dans ma vie, c’est au milieu des années 1970. Je m’habillais comme Fiori : sandales en cuir, blouse en coton avec des morceaux de bois, vieux jeans avec des patchs, cheveux longs, barbe… L’heptade, c’est un album de calibre international, dont on peut être fiers. Pas pour rien que sur la liste des meilleurs albums progressifs de tous les temps du magazine Rolling Stone, il n’y a qu’un seul album en français et c’est L’heptade… D’ailleurs, j’ai fait une entrevue de 35 minutes avec Serge Fiori pour Le vinyle de l’insomniaque. Il m’a parlé de son évolution musicale et a été d’une grande générosité. »

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