(Londres) Salle de concert emblématique, mais aussi arène sportive ou lieu de tournage, le Royal Albert Hall de Londres fêtait lundi ses 150 ans par un concert anniversaire, avec pour ambition de maintenir une ligne artistique éclectique.

De l’extérieur, c’est un imposant bâtiment couleur terre de Sienne, surmonté d’un large dôme de verre, qui trône en haut d’une large volée de marches. Ce bâtiment classé, avec ses arcades et bas-reliefs d’inspiration romaine, s’apprêtait lundi à faire salle comble pour la première fois depuis le début de la pandémie, avec 5000 spectateurs non masqués, comme cela est permis par la levée des dernières restrictions anti-COVID-19.

Au programme : une composition inédite de David Arnold, connu notamment pour ses musiques de films (James Bond, Independance Day, Sherlock), revenant sur la riche histoire de la salle.

De Wagner à Lady Gaga, en passant par Dvorak, les Beatles, Hendrix, ou Pink Floyd : depuis qu’il a été inauguré en 1871 et baptisé en hommage au prince Albert, époux de la reine Victoria, le Royal Albert Hall a en effet accueilli les plus grands noms de la musique classique, mais aussi du rock et de la pop.

« On est vraiment très fier de la diversité des genres proposés, je serais vraiment déçu si nous n’étions qu’un lieu de musique classique ou une salle de rock », confie à l’AFP le directeur de la salle de spectacle, Craig Hassall.

Sa ligne artistique ? « Nous recherchons toujours le meilleur dans chaque genre, les meilleurs orchestres de la planète, le meilleur cirque du monde, les meilleurs matchs de boxe ».

Car la grande salle circulaire du « RAH », avec ses sièges en velours rouge disposés en arène et son parterre modulable, héberge aussi souvent des évènements sportifs, de compétitions de sumo nécessitant un renforcement du sol à des tournois de tennis de l’ATP Champions tour.

« Populaire » et « accessible »

Un éclectisme assumé qui doit beaucoup au but premier de la salle, surnommée « le village de la nation ». Ce bâtiment, inspiré d’un amphithéâtre romain, « a été conçu pour être un forum pour la démocratisation des idées et d’apprentissage », explique M. Hassall.

« Pas élitiste », le Royal Albert Hall a pour vocation « d’éduquer et divertir les classes populaires », ajoute-t-il, c’est pourquoi il a toujours accueilli des évènements « étranges et merveilleux », parmi lesquels une compétition de coiffure ou une séance de spiritisme menée par la femme d’Arthur Conan Doyle pour essayer d’entrer en contact avec l’esprit de l’écrivain.

Mais toujours conçus pour être « accessibles et bon marché », affirme Craig Hassall. Pour le concert anniversaire de lundi, les places de l’auditorium vont ainsi de 9 à 30 livres (16 à 52 $).

Outre des concerts mythiques, ce lieu est entré dans la pop culture en servant de décor à de nombreux films — du classique hitchcockien L’Homme qui en savait trop au plus récent Rocketman — ou à des évènements historiques, comme le discours prononcé par le général de Gaulle pendant la Seconde Guerre mondiale à l’intention des Français l’ayant suivi à Londres.

« Interaction humaine »

Pour son anniversaire, le RAH ne veut pas seulement « regarder en arrière », mais aussi « se tourner vers l’avenir et programmer de jeunes artistes afin de donner une idée de la direction que prendra la culture au siècle prochain », précise Craig Hassall.

C’est pourquoi les festivités s’étaleront en réalité jusqu’à fin 2023, avec une programmation encore partiellement secrète. Une occasion peut-être pour l’institution de se refaire une santé financière, elle qui a perdu 60 millions de livres à cause des fermetures répétées pendant la pandémie.

« Comme pour beaucoup d’autres établissements, cela a été dévastateur d’être fermé pendant si longtemps », regrette le directeur.

Après avoir survécu à cette pandémie que personne n’avait envisagée, difficile de dire où en sera le Royal Albert Hall dans 150 ans, « mais ce que j’espère […] c’est que nous ne perdions jamais ce sens de la performance et l’excitation de l’interaction humaine directe », souhaite le directeur.