Retenez ce nom : La Zarra. Il sera sur bien des lèvres d’ici l’automne, quand elle publiera son premier album à la vieille manière française, parfois gonflée de rythmes urbains. Elle n’a jamais fait de scène, n’a participé à aucun concours télévisé, et la voilà pourtant soutenue par la major Universal qui lance un premier extrait : Tu t’en iras.

Jusqu’à tout récemment, tout ce qui concerne l’identité de La Zarra demeurait enveloppé de mystère. On savait que la chanteuse à la voix puissante, habitée par la mélancolie fougueuse de Piaf, a vécu à Longueuil et que son nom d’artiste n’est pas le même que celui qui figure sur son acte de naissance.

Ne pas afficher son pedigree était un choix, confirme la jeune femme. « Je préférais me présenter d’abord avec ma musique », précise-t-elle. Ne pas dire son nom, son âge, ni raconter d’où elle vient était une manière pour elle d’éviter d’être mise en boîte.

Se détacher un peu de ce qu’elle est dans la vie de tous les jours lui a visiblement permis de s’inventer comme artiste, avec un nom qui a de la prestance – La Zarra, ça sonne, n’est-ce pas ? –, et de se créer une image qui a du panache. « Ça reste moi, mais décalée un peu », dit-elle.

« L’idée, pour moi, c’est de transmettre une émotion à travers les chansons. Pour ça, on doit sortir de soi-même ou, au contraire, entrer en soi pour se présenter aux gens. Il faut se dissocier un peu. Je ne rentre pas chez moi en faisant de grands gestes ! », rigole-t-elle.

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Une voix qui aime Piaf

Pour les détails personnels, on se limitera à ceci : La Zarra, c’est un peu son vrai nom, puisqu’elle s’appelle Fatima Zahra. Elle a des racines au Maghreb, ce qu’on avait deviné en fouinant sur Spotify où elle a publié une liste d’écoute qui compte notamment une chanson de Warda, véritable icône dans tout le monde arabe.

On constate aussi qu’elle a un faible pour les chanteuses de caractère : sa liste contient aussi des morceaux de Ginette Reno, Céline Dion, Barbra Streisand, Mary J. Blige, Dalida et bien d’autres. « Ce qui les relie, c’est l’émotion. Dans le cas de Warda, c’est aussi les arrangements, les violons qui l’accompagnent, ajoute-t-elle. On dirait qu’il y a deux entités qui chantent. Ça m’enivre. C’est une puissance et ça ne se fait plus. »

Ce qui se fait aussi peu, de nos jours, c’est de la chanson à la manière de Piaf. Qui est son principal modèle. « Elle a dans la voix cette tristesse et cette force, cette façon de transcender les émotions. Je n’ai jamais suivi de cours de chant et j’ai appris en écoutant ces grandes chanteuses », dit La Zarra, en parlant de Piaf et de Barbara.

J’ai juste envie de chanter de la manière la plus brute et la plus simple.

La Zarra

Qu’on entende des références à ses « profs de chant », c’est normal. Elle ne veut toutefois pas se limiter à la vieille chanson française. Sa chanson Fille de joie est poussée par un beat hip-hop, C’est une chanson est assise sur un bon groove. Que ses influences soient anciennes ou non, La Zarra est une artiste bien d’aujourd’hui.

Coup de pouce de la providence

La Zarra a toujours eu de la musique dans sa vie, mais ne se destinait pas à une carrière de chanteuse. Sa trajectoire a changé à la faveur de sa rencontre musicale avec Benny Adam, producteur hip-hop montréalais d’origine marocaine qui a notamment travaillé avec Zaho, Niro et Rhymz.

Dans une soirée un peu arrosée, on a commencé à jouer. Il taponnait sur un piano et il a entendu ma voix. Il m’a dit : “On se voit en studio. Demain.”

La Zarra

De cette collaboration est d’abord née la chanson Printemps blanc. Qui a fait pas mal de bruit dans sa version en collaboration avec Niro. Elle a repris l’idée de ce type de mélange avec À l’ammoniaque/Mon Dieu, collage de PNL et de Piaf.

« Il n’y aurait pas La Zarra sans Benny Adam », dit d’emblée la chanteuse. Il reste que c’est tout de même elle, la principale architecte de ses chansons, dont elle écrit les textes et compose les mélodies en fredonnant. « Je suis capable de me projeter dans une chanson, de faire toute la structure [dans ma tête] », explique La Zarra.

Tu t’en iras, l’extrait paru cette semaine, est plus euro pop que tout ce qu’elle a fait jusqu’ici. Le morceau demeure tout de même habité par la grandeur que La Zarra met dans tout ce qu’elle chante. « J’essaie de laisser place à l’imagination, je veux que les gens puissent avoir des images dans la tête et s’approprier mes chansons, dit-elle. J’ai hâte de faire de la scène, d’emmener les gens avec moi. »

Tu t'en iras

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La Zarra

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