Étienne Coppée et son folk infusé de soul l’ont emporté lundi, au terme des 25es Francouvertes, après plusieurs semaines de compétition. La rappeuse Calamine a terminé en deuxième position, juste devant Ambre ciel.

Le rap de Calamine, le néoclassique pop d’Ambre ciel et le folk d’Étienne Coppée : le menu de cette finale des Francouvertes faisait rêver. Et on a en effet eu droit à une soirée charmante (bien que gentiment désordonnée), en direct du Lion d’Or, où se concluait cette édition toute virtuelle.

Couronné vainqueur, Étienne Coppée a ainsi reçu une foule de prix, dont la bourse Sirius XM de 10 000 $, des journées d’enregistrement en studio, des campagnes publicitaires et un séjour de création artistique en résidence. L’auteur-compositeur-interprète a également remporté le prix Andréanne-Sasseville, accompagné d’une bourse de 5000 $, le prix pour la tournée Réseau Scène et plusieurs autres récompenses individuelles.

Étienne Coppée, qu’il reçoive la nouvelle de sa victoire ou qu’il chante sur scène, plane sur son propre nuage. Le sourire toujours aux lèvres, il partage un folk soul intime, où la nostalgie de l’enfance est explorée sous toutes les coutures. Le Montréalais, qui a déjà fait ses preuves au Festival international de la chanson de Granby et à Destination Chanson Fleuve de Petite-Vallée avant de se rendre aux Francouvertes, a confié que l’art qu’il crée l’aide à « donner un sens à [sa] vie ». Cette victoire, lundi, devrait lui permettre de mener cette quête un peu plus loin encore.

Face à lui, lundi, Jessica Hébert, auteure-compositrice-interprète derrière le projet Ambre ciel, a su charmer avec l’ambiance néoclassique se mélangeant à l’acoustique, à l’électro et à la chanson. Elle a déjà fait paraître son premier mini-album, Vague distance, au tout début de cette année.

Calamine, deuxième lauréate, se situe loin d’Ambre ciel sur le spectre des genres musicaux (preuve de la diversité que permettent les Francouvertes). Le rap de Julie Gagnon (de son vrai nom) est engagé, féministe, à l’image de la rappeuse queer d’Hochelaga dont le premier album est sorti en novembre 2020.

Douce musique

À l’animation, Isabelle Ouimet et Louis-Philippe Labrèche ont bien manœuvré durant cette longue soirée, malgré les conditions bien loin d’être idéales pour la grande célébration.

L’auteur-compositeur-interprète Shauit, dont les compositions réunissent la musique traditionnelle innue et le reggae jamaïcain, a d’abord présenté le numéro d’ouverture de la soirée, dans le cadre de la série Skàtne, visant à offrir une plus grande place aux artistes des Premières Nations et inuits.

Il a ensuite cédé la scène aux finalistes. La glace a été brisée par Ambre ciel et sa musique « minimaliste » avec laquelle elle dit souhaiter « amener les gens ailleurs [et] créer un monde qui a une temporalité propre ».

Tantôt au violon, tantôt au clavier, entourée de cinq musiciens (dont une harpiste, une violoniste et une violoncelliste), elle a installé dans la salle et dans nos écrans cette jolie atmosphère vaporeuse que sa musique libère. Si elle parvient à rendre sur scène une musique qui se vit si bien (peut-être mieux) dans des écouteurs, Ambre ciel n’a pas su dépasser ses deux compétiteurs à la ligne d’arrivée.

Étienne Coppée, d’abord derrière son instrument de prédilection, son piano, s’est ensuite lancé, débutant avec une très belle interprétation de la chanson infusée de soul Le vent se lève.

Fleur derrière l’oreille, accompagné de deux choristes et trois autres musiciens, c’est ensuite ukulélé en main que le Montréalais a poursuivi la demi-heure qui lui était allouée, d’abord avec L’été indien de ta vie, une des pièces où l’influence assumée d’Harmonium a le plus résonné.

« Ça fait du bien d’entendre des réactions à la musique », a-t-il intimé aux quelques personnes réunies sur le parterre du Lion d’Or, dont les jurés de l’industrie pour cette finale.

Calamine, finalement, est venue fièrement représenter son Hochelaga adoptif et livrer ses rimes intelligentes, percutantes. Son rap épuré, old school, profite également des mélodies confectionnées par Kèthe Magané, agrémentées sur scène par le saxophone et les chœurs (Valérie Lachance-Guillemette), ainsi que la guitare et le clavier.

« On n’est pas en mode très compétitif, on a chillé au parc tout l’après-midi », a lancé Calamine en parlant de ses deux adversaires de la soirée. Les Francouvertes ont toujours eu de bien cet esprit de camaraderie, cette compétition saine, cette attention portée surtout sur la vitrine offerte à tous.

Les trois finalistes de la 25e édition des Francouvertes avaient en commun, malgré leurs genres respectifs bien distincts, de proposer une musique délicate, apaisante pour l’esprit. Résultat : une ultime célébration toute en douceur dont Étienne Coppée est sorti triomphant, lors d’un Facebook Live, après la compilation des votes du public et du jury de l’industrie. Les conditions n’ont pas été faciles pour les organisateurs des Francouvertes (ni cette année ni la précédente), mais ils s’en sont sortis et sont parvenus à célébrer leur quart de siècle en musique et en beauté malgré tout.