Justin Bieber disait que son sixième opus Justice serait une façon de faire sa part pour un monde plus juste. Il présente en fin de compte un album portant bien mal son nom, sans profondeur, qui donne l’impression qu’il aurait pu plus se forcer, malgré quelques morceaux accrocheurs.

Justice débute avec la chanson 2 Much sur un extrait d’un discours de Martin Luther King Jr. Ce genre de récupération dans la pop peut faire sourciller, mais ces premiers mots laissaient planer l’espoir, à la toute première écoute, que Justin Bieber saisirait l’occasion de ce nouvel album pour parler de choses qui comptent. Pas que l’amour ne soit pas important, mais lorsqu’il est remâché à la même sauce chanson après chanson, album après album, la promesse d’un changement de sujet est emballante.

Sauf que 2 Much, après les sages mots du grand défenseur américain des droits civiques… n’est en fait qu’une autre chanson sirupeuse en grand manque d’originalité. En plus d’être complètement insipide, ce titre d’ouverture parvient même à laisser un goût amer. Qu’avait donc à faire Martin Luther King Jr sur ce morceau ? On se le demande encore, après plusieurs écoutes et une longue réflexion.

Ce faux départ n’est que le premier signe annonciateur d’un disque qui ne remplit pas ses promesses. Plus tard, Bieber remet ça, avec MLK interlude, un extrait de près de deux minutes, sur lequel le pasteur énonce avec une ferveur puissante un appel à se « lever pour une grande cause ». Tout de suite après, sur la chanson Die For You, aux surprenantes influences disco, Justin vient raconter qu’il pourrait « mourriiiir pour toi ».

Encore une fois, on ne comprend pas vraiment la démarche. Ce discours de King Jr, bien que tout à fait pertinent à écouter de nos jours, ne concorde pas avec le reste de l’offre de Justin Bieber, si bien que le tout semble artificiel. Jamais il n’utilise ses propres mots pour chanter cette justice qu’il a choisie comme titre de son album. On en parvient à la conclusion que Justin Bieber n’a pas grand-chose à dire. Et loin de nous l’idée de demander d’une vedette pop d’être en plus un grand défenseur de toutes les causes sociales. Mais s’il tient à nommer son album Justice et à y incorporer des discours de Martin Luther King Jr, on se sent en droit d’attendre qu’il s’élève au-dessus des textes (certains écrits à 16 mains !) sans profondeur qu’il propose.

Il se cache ici et là quelques bonnes chansons. Très bien entouré, Justin Bieber reste un bon faiseur de succès pop. Ces pièces, surtout grâce aux productions, permettent rendre le tout tolérable. La lumineuse Peaches, avec Daniel Caesar et GIVÉON, fait partie de ces bons coups. Anyone, tant au niveau des paroles que de la production inspirée de la pop des années 80-90, est aussi plutôt réussie. Deserve You, dans la même veine, est une des plus accrocheuses du disque de 45 minutes.

Comme il le faisait déjà sur Changes, Bieber parle surtout de Bieber. De sa femme, Haley Bieber, principalement, mais aussi de lui-même. « J’ai tout, mais personne ne m’écoute, je suis si seul », se lamente-t-il sur Lonely. « Je me déteste, […] je sais que j’ai fait mon lot d’erreurs », confie-t-il sur As I Am, avec Khalid. Tout en ramenant toujours chaque sujet qu’il aborde à l’être aimé, le Canadien revient sur son passé compliqué et ses déboires. Il chante aussi sur la plaisante Holy, qui a beaucoup tourné depuis sa parution en septembre dernier, tout son amour pour Dieu.

Justin Bieber est un homme changé et nous n’avons aucune difficulté à croire qu’il est devenu plus équilibré, prêt à changer pour devenir meilleur. Si seulement sa musique pouvait en faire de même.

POP
Justin Bieber
Justice
Def Jam Recordings
★★½