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Renée Martel fait le plein d’amour
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PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Après Deschamps, Ferland, DesRochers et Venne l’automne dernier, la « deuxième vague » de L’histoire de mes chansons met en vedette, en plus de Renée Martel, Roch Voisine (offert depuis le 4 mars), Pierre Huet (18 mars) et Serge Fiori (25 mars). Avant que la captation ne commence, Renée Martel, qui a pas moins de 68 ans de carrière, ne cachait pas sa fébrilité. « J’ai le trac, je n’ai pas dormi pendant deux jours, alors que je ne chante même pas ! », lance-t-elle à l’animatrice Monique Giroux. De Luce Dufault à Isabelle Boulay, c’est d’ailleurs Renée Martel qui a choisi chaque invité et chaque chanson, ce qui a donné comme résultat un très beau spectacle, où l’émotion et l’affection étaient palpables.
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Seule dans sa loge, Annie Blanchard se prépare avant d’aller chanter pour son amie et mentor – elle va interpréter entre autres Je vais à Londres. « C’est Renée qui m’a donné une de mes premières chances. Elle fait partie des personnes qui m’ont permis d’avancer dans cette carrière, alors c’est sûr que je voulais être là. Ça fait du bien de vivre ça avec elle. » Il y a aussi le bonheur de retrouver les collègues, alors que les occasions de se voir sont plutôt rares dans le milieu de la musique depuis un an. « On a tellement besoin d’amour. Oui, il y a la distanciation et les masques, on fait ce qu’il faut. Mais on est là, notre énergie est là, et on la ressent. »
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« Si je ne me retenais pas, je leur lècherais les joues ! » Laurence Jalbert, qu’on voit ici avec Luce Dufault, Antoine Gratton et deux membres de l’équipe technique, ne cache pas sa joie de retrouver amis et collègues. « On est une famille, et on perd beaucoup de membres depuis un an. Pour nous, c’est un privilège d’être là, et on en profite. C’est un beau moment, de belles retrouvailles. » Et cet évènement autour de Renée Martel est important pour faire reconnaître son travail d’autrice, ajoute Laurence Jalbert. « J’ai énormément de respect pour cette femme, et je suis fière qu’elle fasse partie de mon cercle d’amis. »
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Monique Giroux assure l’animation de L’histoire de mes chansons et avec Renée Martel, dont la carrière s’étale sur près de sept décennies, disons que le champ est vaste pour les questions ! Avec générosité, la chanteuse a ainsi raconté des petits moments de vie et de création, entre les souvenirs d’une peine d’amour et une anecdote rigolote. « J’ai dit beaucoup de choses que Monique ne savait pas de moi », nous a-t-elle confirmé le lendemain au téléphone. « Ce que j’ai écrit, ce sont des émotions, des passages de ma vie. C’était comme une thérapie. Alors c’est facile pour moi d’en parler, parce que je le sens. »
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Sauf ces dernières années, Renée Martel a écrit la majorité de ses chansons originales, accompagnée de compositeurs qui vont d’André Gagnon à Paul Daraîche. Mais elle faisait aussi ses propres adaptations – Je m’en vais à Londres, Johnny Angel, Prends ma main, ce sont vraiment « ses » textes. Très bonne raconteuse, elle décrit d’ailleurs comment elle a écrit Honey Honey (chantée pour l’occasion par Antoine Gratton) « enceinte, couchée sur un sofa », ou comment J’ai un amour qui ne veut pas mourir est devenu, malgré ce qu’elle croyait, son plus grand succès. Son talent d’autrice a d’ailleurs été reconnu il y a trois ans alors qu’elle a reçu le prix Excellence au gala de la SOCAN.
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Plusieurs fois pendant l’entrevue, Renée Martel a évoqué la bienveillante présence de son père Marcel. L’interprétation qu’a faite Luce Dufault de la chanson Mon père, qu’elle a écrite en 2008, presque 10 ans après sa mort, a d’ailleurs été un des moments les plus émouvants du spectacle, qui l’a même laissée sans mots à la fin. « Cette perte a été tellement immense, j’ai eu un tel chagrin, et je ne trouvais pas comment l’écrire, a raconté Renée Martel à Monique Giroux. Et puis j’ai eu cette image du chêne énorme qui est devant la maison, qui représentait ce qu’il avait été dans ma vie. Je suis descendue dans le salon à 3 h du matin, et ça m’a pris 15 minutes à l’écrire. »
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Renée Martel a écouté très attentivement toutes les prestations, en souriant et en regardant chaque interprète dans les yeux, présentant chacun comme sa sœur (Laurence Jalbert), sa fille (Annie Blanchard), son jumeau (son compagnon de longue date Paul Daraîche, qui a interprété Laisse-moi te dire, une chanson qu’ils ont écrite ensemble), ou même le nouvel homme de sa vie dans le cas d’Elliot Maginot ! On sentait surtout l’amour et le respect qui circulaient, et on peut dire que la grande dame du country sait bien s’entourer. « C’est rare qu’on me dit non », nous a-t-elle confirmé le lendemain… « Ce sont des gens que j’adore, j’ai beaucoup d’affection pour eux. Ça m’a fait du bien de les voir, et je pense qu’eux aussi, ça leur a fait du bien. »
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« Déjà fini ? C’est ben plate ! », s’est exclamée Renée Martel à la fin de la captation. Mais le lendemain, la chanteuse de 73 ans a admis que de vivre autant d’émotion l’avait fatiguée. On en a profité pour prendre des nouvelles de sa santé, alors qu’elle est en rémission d’un cancer du sein. « Je vais bien, mais le rétablissement va moins vite que je pensais », dit celle qui est passée à travers chimiothérapie, intervention chirurgicale et radiothérapie. Le confinement, en quelque sorte, est tombé à point nommé. « Sinon je me serais garrochée partout et je me viderais de mon énergie à mesure… ou je réaliserais que je ne suis pas capable et ça me démoraliserait. Une chance je ne m’ennuie pas chez moi, j’ai toujours été bien dans ma maison. C’est la place où je suis bien. »
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