Miley Cyrus a de nombreux visages. Elle a toujours la même voix toutefois, qu’on reconnaît sur des productions tantôt ultra pop, tantôt country, hip-hop ou même électro. Avec le très attendu Plastic Hearts, la chanteuse entre dans son ère rock’n’roll. Et elle incarne avec aisance cette revisite des années 70 et 80 à laquelle elle incorpore la pop qui la suit où qu’elle aille musicalement.

La nouvelle identité visuelle de Miley Cyrus évoque le glam rock, de la coupe de cheveux aux tenues à paillettes en passant par le maquillage coloré et les bijoux. La chanteuse a établi que la musique suivrait le look en faisant paraître l’extrait Midnight Sky, l’été dernier, qui mêle judicieusement la pop-synth au rock, très fortement inspiré de Edge Of Seventeen de l’illustre Stevie Nicks. Mais le rock à la Miley Cyrus lui ressemble, c’est-à-dire qu’en s’inspirant largement des conventions de l’époque musicale qui l’influence, elle ne se perd pas dans le pastiche, elle y injecte sa propre saveur. Le rock à la Miley Cyrus est aussi, précisons-le, parfaitement digestible pour les radios commerciales.

La ligne directrice est maintenue sur la majeure partie de l’album, sans s’essouffler. Mais des pièces comme Angels Like You (dont la mélodie est dictée par la guitare acoustique) ou Golden G String (où elle porte un intéressant regard critique sur la société et sur l’attention négative qu’on lui porte) montre les multiples dimensions du caméléon Miley Cyrus, qu’elle n’hésite pas à explorer pour diversifier son offre, qui n’en sort que plus intéressante.

IMAGE FOURNIE PAR SONY MUSIC

Pochette de Plastic Hearts

Avec cet opus, Miley Cyrus affirme reprendre du début. Elle dit s’être trouvée, elle est une femme libérée, qui n’a besoin de personne. Elle le chante haut et fort, de sa voix rauque comme faite pour chanter du rock. « Give me what I want or I’ll give it to myself », lance-t-elle sur Gimme what I want.

Elle s’avoue aussi infidèle et imparfaite (la très belle ballade Never Be Me). Elle laisse paraître ses faiblesses, tout comme elle met de l’avant sa force de caractère, dans des textes aussi fun que réflexifs. Ses paroles, en majeure partie co-écrites avec Louis Bell, Ryan Tedder, Mark Ronson et quelques autres, sont vibrantes d’honnêteté.

Tant qu’à se lancer dans son exploration du rock, Miley Cyrus s’est entourée de hautes pointures du milieu : Billy Idol (Night Crawling, où les synthés se mêlent au rock), Stevie Nicks (la fusion de Midnight Sky et Edge Of Seventeen a donné Edge Of Midnight) et Joan Jett (Bad Karma).

Et pour la collaboration plus dans l’air du temps, avec le simple disco-punk Prisoner sorti plus tôt ce mois-ci, la pop star de l’heure Dua Lipa est venue agrémenter la chanson avec des sonorités pour lesquelles elle a elle-même opté sur son superbe Future Nostalgia (très néo-disco). L’union des deux chanteuses a fait des étincelles, Prisoner est l’une des meilleures pièces de l’album, son hook et son refrain si addictifs.

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La présence de l’ovni High, une touchante ballade presque country sur laquelle des chœurs viennent enjoliver le refrain, en milieu d’album, est un peu surprenante. Mais pas autant que Hate Me, que Miley Cyrus aurait pu interpréter en 2010.

Plastic Hearts est un disque que l’on n’attendait plus, qui a eu plusieurs vies avant de prendre à sa forme actuelle. Il devait s’intituler She Is Miley Cyrus. Il devait paraître en mini-albums, une trilogie. La première date de sortie annoncée était l’été 2019. Mais un divorce et beaucoup de remises en question plus tard, la chanteuse a annoncé que le projet initial ne verrait pas le jour.

On ne saura jamais ce à quoi aurait ressemblé cet album relégué à la corbeille, mais il est réjouissant de constater que l’évolution de la proposition a mené à Plastic Hearts.

★★★★

Miley Cyrus
Plastic Hearts
Pop-rock
RCA