Depuis le début du confinement de mars, notre chroniqueuse Marie-Claude Lortie s’entretient à bâtons rompus, en direct sur Instagram, avec des personnalités de partout. Pour parler de sujets aussi variés que les conséquences de la crise sur les restaurants, les élections américaines ou la culture du chocolat. Jeudi, elle a conversé avec Florie Valiquette, soprano québécoise qui fait actuellement carrière en Europe. Morceaux choisis.

Tu es à Paris parce que tu es dans une production là-bas ?

Ça fait quelques mois que je ne voyage pas et que je reste donc à Paris. J’ai un studio insonorisé dans mon appartement. C’est assez pratique pour une chanteuse d’opéra. Je peux pratiquer à 23 h et je ne dérange pas les voisins. Je devais aller à Montréal pour un gala en octobre, mais j’ai dû annuler mon séjour. J’ai décidé de venir à Paris après deux ans à Zurich. J’ai énormément de contrats en France, à Paris. Après Zurich, j’ai réfléchi, ça me tentait de revenir à Montréal. Mais c’était plus logique de rester ici.

Parle-nous de toi, de ton année.

Je suis chanteuse d’opéra, soprano. Normalement, je fais plus d’opéras que de concerts, mais cette année, je vais faire plus de concerts. J’étais en production à Limoges pour Cendrillon de Massenet, en mars, quand tout s’est arrêté. Je devais aller au festival de Glyndebourne, en Angleterre, cet été. Le plan était de répéter à partir de la fin de mars et de continuer jusqu’aux représentations, fin juillet, les Dialogues des Carmélites de Poulenc, par Barrie Kosky, qui dirige l’Opéra Comique de Berlin. Comme de raison, ç’a été annulé. Cet automne, je devais aussi être dans une production de Carmen à l’Opéra Comique à Paris, une coproduction avec la Chine qui a été annulée. Certaines choses ont continué ici, des productions, peut-être plus qu’au Québec, mais ça va être plus compliqué avec le couvre-feu annoncé par le président Macron. Des concerts vont devoir être tenus plus tôt. On va voir.

As-tu des liens à nous proposer sur Spotify ou iTunes si on veut t’entendre ?

Oui, on peut écouter l’œuvre Svadba d’Ana Sokolovic. Une artiste serbo-canadienne. C’est de la musique contemporaine, c’est « flyé ». C’est avec elle que j’ai fait mes débuts européens, à Aix-en-Provence, dans cette pièce a capella pour six femmes. J’ai aussi une chaîne YouTube. Et depuis la dernière année, j’ai enregistré trois CD, et je vais enregistrer mon premier CD solo à Versailles en mai. Il y a plein de projets qui s’en viennent.

Consultez la chaîne de Florie Valiquette

Raconte-nous comment tu as commencé.

J’ai grandi à Granby et j’ai commencé à suivre des cours de chant à l’âge de 8 ans. J’écoutais tous les films de Walt Disney et j’adorais ça, et ma mère m’a proposé de suivre des cours. J’ai commencé mon cégep avec un double programme en musique et en sciences humaines à l’école Vincent-D’Indy et Brébeuf, mais j’ai vite réalisé que je voulais juste étudier la musique. J’ai ensuite fait un bac et une maîtrise à l’Université de Montréal. C’est à ce moment-là que j’ai été choisie pour interpréter le rôle de Maria dans La mélodie du bonheur, mise en scène par Denise Filiatrault. Après 75 représentations, on devait partir présenter le spectacle à Québec, et j’ai choisi alors d’aller poursuivre mes études comme chanteuse d’opéra plutôt que de me spécialiser en comédie musicale. Je savais que je voulais aller plus loin d’un point de vue technique. C’est là que je suis partie étudier à New York, grâce à la Fondation Jacqueline Desmarais. Après, j’ai fait plusieurs concours. Je ne me suis jamais rendue en finale, mais l’expérience m’a aidée. Et je me suis fait entendre par des directeurs d’opéra, des agents. C’est à un concours à Oslo que la directrice de l’Opéra de Zurich m’a entendue. Et on m’a offert l’opéra studio, un programme de jeune artiste, une super occasion de mettre un pied en Europe.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE MARIE-CLAUDE LORTIE

Marie-Claude Lortie et Florie Valiquette

Peux-tu nous confier tes rêves secrets ?

Chanter à Versailles en était un. Il s’est réalisé. Chanter à l’Opéra de Paris un jour. Tout le monde me dit le Met. Oui, pourquoi pas ? La Scala, Glyndebourne… Mais ce qui me drive, ce sont les rôles et les gens avec qui j’ai envie de travailler.

> (RE)VOYEZ l’entretien entre Florie Valiquette et Marie-Claude Lortie