Formation gagnante des Francouvertes l’an dernier, le septuor Original Gros Bonnet est probablement le groupe québécois qui pousse le plus à fond la fusion entre le jazz et le hip-hop en ce moment.

Dès la première chanson (À qui le monde) de ce deuxième album en un peu plus de deux ans, la table est mise : si le hip-hop en est clairement la ligne directrice, la finale quasiment free jazz nous emmène complètement ailleurs. Des surprises formelles nous attendent ainsi tout le long de Tous les jours printemps, dans lequel Original Gros Bonnet emprunte surtout le chemin de l’expérimentation, différent de celui d’autres artistes qui ont fait de la fusion des genres un véritable art, comme LaF (plus pop) ou Les Louanges (plus R’n’B). Ainsi, même si on y trouve un peu de folk et de rock, c’est de toute évidence l’esprit de liberté et d’éclectisme du jazz, mêlé aux rythmes et à la livraison du rap, qui est la signature du groupe. Sa grande particularité est aussi l’utilisation de vrais instruments — il n’y a pratiquement aucune programmation ni son synthétique sur les 11 pièces jouées par ces multi-instrumentistes hors pair, mais plutôt de la batterie, toutes sortes de guitares et de claviers, des cuivres, de la basse, de la contrebasse et même des ajouts de cordes. Le résultat est aussi riche que dense, et on sent (et entend) la recherche à chaque détour. Par contre, malgré le côté organique des instruments, l’intensité des textes bien tournée et de la voix grave de Franky Fade, c’est comme si cette quête rendait l’ensemble un peu trop réfléchi. Mais on serait bien mal venus de reprocher aux gars d’Original Gros Bonnet d’être trop sérieux ou brillants. Avec un album aussi cohérent que débordant d’idées, ils font plutôt partie de ces groupes qui continuent de faire évoluer la musique.

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PHOTO FOURNIE PAR GROS BONNET GANG

Pochette de Tous les jours printemps

Hip-hop
Tous les jours printemps
Original Gros Bonnet
★★★½