I Contain Multitudes
« I sleep with life and death in the same bed », chante Bob Dylan sur la douce pièce d’ouverture I Contain Multitudes, où le grain et le débit si uniques de sa voix sont magnifiquement mis en valeur. Dylan ne parle pas tant de sa propre mort, a-t-il expliqué au New York Times, mais de la fin de la race humaine. En citant Indiana Jones comme les poètes Walt Whitman et William Blake, ou encore les Rolling Stones, Dylan rend hommage à tous les artistes qui ont su bien traduire leurs multiples facettes intérieures.
False Prophet
C’est avec un gros riff de blues (emprunté à Billy « The Kid » Emerson) et une voix hargneuse que s’amorce False Prophet. Dylan dit être le « dernier des meilleurs ». Il nous met en garde contre les « faux prophètes ». « Je connais juste ce que je connais », chante-t-il.
My Own Version of You

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE
Jean-Pierre Ferland à la salle Wilfrid-Pelletier, en février 2019
Avec une série d’accords et une mélodie qui pourraient rappeler Le chat du café des artistes, de Jean-Pierre Ferland, My Own Version of You décrit au « Je » la quête d’un homme (une sorte de Frankenstein) qui réunit des parties du corps de défunts pour recréer « une nouvelle version » d’un amour disparu. Dylan fait référence à plusieurs personnages meurtriers : Al Pacino dans le film Le parrain comme l’empereur Jules César.
I’ve Made Up My Mind to Give Myself to You
Quelle belle ballade. La pièce la plus romantique de l’album Rough and Rowdy Ways. La voix de Dylan va droit au cœur avec une mélodie qui s’apparente presque à une sérénade. « The gospel of love », fredonne-t-il.
Black Rider
Sur Black Rider, Dylan fait référence aux personnages des Quatre cavaliers de l’Apocalypse du Nouveau Testament et à Grim Reaper, c’est à dire la Grande Faucheuse. La mélodie est ténébreuse. La mort rôde…
Goodbye Jimmy Reed
Avec un harmonica au bec et une six-cordes électrique dans les mains, Dylan rend ici hommage au grand bluesman Jimmy Reed, mort trop tôt en 1976. Comme Dylan, Reed a osé « électrifier » le folk. Dylan le décrit comme un dieu et le résultat est divinement blues.
Mother of Muses

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Martin Luther King à Chicago, en mars 1967
Une autre ballade. Une autre chanson où il est question de la mort. Un hymne où Dylan rend hommage à tout ce qui a inspiré son songwriting. La nature comme les chorales gospel. Elvis Presley comme Martin Luther King. Même des militaires de la guerre de Sécession...
Crossing the Rubicon
Sur cette chanson typiquement et efficacement blues, il est question de mort à « trois milles au nord du purgatoire ». Dylan ressent ses os qui tremblent de rage sous sa peau. On se croirait presque au milieu d’un duel dans un film western. Or, le Rubicon est un fleuve en Italie qu’on ne franchit pas sans risque, comme le veut la légende.
Key West (Philosopher Pirate)
« Death is on the wall », chante Dylan sur cette pièce contemplative de neuf minutes où il nous transporte sur la Route 1 des magnifiques îles Keys, en Floride. La mélodie sinueuse de l’accordéon donne un effet de berceuse.
Murder Most Foul

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE
Oscar Peterson
Bob Dylan a inséré dans son album Murder Most Foul, qu’il a sortie en mars dernier. La chanson de 17 minutes s’ouvre avec un arrangement de piano tempétueux. Elle porte notamment sur l’assassinat du président John F. Kennedy. Dylan rend (encore !) hommage à d’autres légendes de la musique. Stan Getz, Charlie Parker, Thelonious Monk et le jazzman montréalais Oscar Peterson.
★★★★
Folk-blues. Rough and Rowdy Ways. Bob Dylan. Sony.

IMAGE TIRÉE DE L’INTERNET
Pochette de l’album Rough and Rowdy Ways