Dans le coin gauche, l’ex-Radio Radio Arthur Comeau, alias Nom de Plume. Dans le coin droit, Jean Massicotte, réalisateur émérite qui a travaillé avec Jean Leloup, Patrick Watson et Lhasa de Sela. Ensemble, ils forment Doubleheader. Tous deux ont lancé vendredi dernier une chanson avec Dominique Fils-Aimé. Le début d’un album qui sortira à l’automne. Entrevues entre Dakar et Montréal.

Arthur Comeau se trouve à Dakar, au Sénégal, dans la famille de sa femme. Le musicien et rappeur derrière Nom de Plume retournera chez lui en Nouvelle-Écosse dans un mois. « Il y a un couvre-feu ici, indique-t-il. Les choses ne sont pas à la normale, mais la situation est moins grave qu’au Québec. »

Peu importe la distance, c’est « business as usual », dit l’ancien membre de Radio Radio. Même à l’autre bout du monde, celui qui est aussi réalisateur (il a travaillé avec Samito et a « découvert » le grand et doué Pierre Kwenders) peut continuer à faire de la musique et à collaborer avec Jean Massicotte, un réalisateur montréalais émérite qui a épaulé en studio Patrick Watson, Florence K, Pierre Lapointe, Jean Leloup et la regrettée Lhasa De Sela.

Les deux beatmakers qui forment Doubleheader se complètent bien, indique Arthur Comeau. « Moi, j’y vais au feeling alors que lui est plus technique. Ensemble, nous sommes des absolute producers. Il a ce que je n’ai pas. Nous avons chacun des magic touch. »

Comment l’union de leurs forces a-t-elle commencé ?

La première rencontre a eu lieu dans le studio du Mile End Masterkut, que Jean Massicotte partage avec Denis Wolff. Un beat les a allumés.

PHOTO FOURNIE PAR RAY-ON

Jean Massicotte et Arthur Comeau

Et le duo a sorti la chanson Trumpet sous le pseudonyme d’Arthur Comeau, Nom de Plume.

En 2018, Massicotte s’est rendu en Nouvelle-Écosse dans le studio de Comeau pour multiplier les beats et ébauches de chansons. « Arthur est iconoclaste, et j’aime ça, indique-t-il. Il a une sagesse, de l’ingéniosité, du groove et une grande générosité… »

Pas de scène

Doubleheader n’est pas une affaire de scène, mais de studio. Le duo multiplie les collaborations avec des artistes invités. Ces derniers choisissent un beat et improvisent des paroles sur-le-champ.

AfrotroniX, Samito et Djely Tapa figureront sur le premier album qui sortira en novembre. « Nous avons déjà une trentaine de chansons », indique Arthur Comeau.

Point à souligner : Doubleheader a tendu la main à l’équipe de Ginette Reno, mais la proposition a été déclinée…

Sur le premier extrait « space-disco festif » lancé vendredi dernier, intitulé Diamond Flake, c’est la voix de Dominique Fils-Aimé qui brille de mille feux sur un rap d’Arthur Comeau. « Elle a choisi un beat disco. Elle s’est installée au micro. Elle a improvisé, et that’s it », raconte Jean Massicotte.

Ce dernier se réjouit du texte de Diamond Flake « qui peut faire du bien en ce moment ». Et il se plaît à travailler pour la première fois d’une façon aussi « spontanée ». La première idée est toujours la meilleure, résume-t-il.

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« Une seule chanson ne donne pas une bonne vue d’ensemble de tout ce que l’on fait », précise-t-il.

Dans leur carré de sable, Comeau et Massicotte puisent dans un tas de seaux : funk, blues, disco, reggaeton, électro, cajun, country. Le tout dans une enveloppe pop, précise Jean Massicotte.

« On voit la musique comme de la pâte à modeler. On veut mélanger plein d’influences et de styles, illustre Arthur Comeau. Un melting pot d’idées. »

Carburer à la nouveauté

Arthur Comeau est un électron libre. Comme rappeur, il se voit aussi comme un mentor qui peut faire percer de nouveaux artistes. Il carbure à la « nouveauté » et non à la facilité. « Il faut élargir nos horizons », plaide-t-il.

Il cite une chanson (à venir) de Doubleheader où figureront le rappeur néo-écossais Quenton Hatfield et la chanteuse EIHDZ.

Quant à Jean Massicotte, c’est la première fois qu’il est au front comme « artiste » et non dans l’ombre au service de quelqu’un d’autre. « J’ai des papillons dans l’estomac, mais c’est libérateur. Mais je ne le ferais pas seul. »