(Rome) Il est 19 h 30 piazza Navona, au cœur de Rome, et comme tous les soirs, s’envolent dans le soleil couchant les notes de la guitare de Jacopo Mastrangelo, devenu un phénomène sur les réseaux sociaux.

Dans une Italie confinée depuis près d’un mois et demi et durement touchée par le coronavirus, ce lycéen avait deux atouts pour se faire remarquer : une des plus belles terrasses de la Cité éternelle et une certaine virtuosité à la guitare.

Mais aussi belle soit-elle, « une place si vide est effrayante », dit-il, évoquant « l’herbe qui pousse entre les pavés ».

« Et si nous, nous avons peur, alors toute l’Italie doit avoir peur », poursuit le jeune homme qui fêtera son 19e anniversaire en confinement le 26 avril.

Il explique alors avoir voulu « mettre du baume au cœur » à ses 60 millions de compatriotes, dont le confinement se fait dans un environnement moins spectaculaire.

Sur sa terrasse, il a commencé par jouer du Giacomo Puccini. Mais c’est avec Ennio Morricone et les notes d’Il était une fois dans l’Ouest qu’est venu le succès quand son père a publié la vidéo sur Facebook.

« Je ne m’y attendais pas. Le seul succès auquel je m’attendais, c’est celui des voisins qui venaient à leurs fenêtres ou de certaines personnes qui sortaient leur animal de compagnie en bas », dit-il, revêtu du maillot de l’équipe d’Italie de rugby.

« On a juste regardé la vidéo avec mon père, et nous étions contents que ce soit très beau, non seulement grâce à la musique, mais aussi grâce à la vue, la place vide, le coucher de soleil, les oiseaux qui passent. C’était un ensemble de très belles choses, c’est tout », dit-il.

Le succès ne passe pas inaperçu à la mairie. « Un soir la mairesse (Virginia Raggi) m’a appelé », « ils m’ont invité à jouer au Capitole », raconte-t-il.

« C’est une chose de jouer ici avec mon père comme j’en ai l’habitude. Mais là, c’était la mairesse qui me regardait droit dans les yeux, j’étais très stressé », dit ce lycéen en classe de terminale.