Au cours des 20 dernières années, Pearl Jam s’est imposé comme l’ultime gardien de la tradition grunge, entretenant la nostalgie d’une époque où le rock était roi. D’ailleurs, le groupe de Seattle commençait à s’engluer dans une formule assez prévisible. Et puis il y a eu Gigaton.

Le premier extrait du disque, Dance of the Clairvoyants, exprime un désir de bouleverser l’ordre établi par le quintette lui-même. D’abord, Jeff Ament s’installe derrière un synthé à l’avant-plan, prêtant sa basse à son comparse Stone Gossard, qui dicte le rythme grâce à une ligne hypnotique rappelant Simple Minds de l’époque Sons and Fascination. De son côté, Eddie Vedder surprend avec sa voix de fausset qui lui donne des airs de David Byrne, des Talking Heads. Bref, on est à des années-lumière du grunge pur jus.

IMAGE FOURNIE PAR MONKEYWRENCH RECORDS/UNIVERSAL

Gigaton, de Pearl Jam

Inquiétant pour les fans de la première heure ? Pas du tout. Les deux pièces qui ouvrent Gigaton sont des morceaux rock réjouissants qui donnent une idée de l’état d’esprit de Vedder et sa bande au moment de l’enregistrement, piloté par le producteur Josh Evans. Surtout Superblood Wolfmoon, livrée avec une énergie contagieuse qui transpire notamment à travers les chœurs, mais aussi les cymbales de Matt Cameron qui résonnent sans retenue.

> Extrait de Dance of the Clairvoyants (Mach III)

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L’album, lancé sept ans après Lightning Bolt, oscille ainsi entre guitares et claviers, avec très peu de fausses notes. La planante Alright est particulièrement bien ficelée et permet de retrouver le rassurant timbre de Vedder, alors que Take the Long Way rappelle l’énergie d’antan — Cameron a composé celle-là en empruntant un peu à ses anciens potes de Soundgarden.

Gigaton arrive à point pour Pearl Jam, une décharge d’énergie qui devrait être belle à voir en concert. En espérant que le groupe trouve une date à son agenda pour remplacer le rendez-vous manqué à Québec à cause de la pandémie de COVID-19…

★★★★

Rock. Gigaton, Pearl Jam, Monkeywrench/Universal.