On l’a connu rock avec Karkwa, plus folk et plus pop en solo, mais toujours une guitare en bandoulière. Après la tournée des Grandes artères, Louis-Jean Cormier a voulu aller ailleurs sur le plan musical. Il s’est intéressé au hip-hop, a exploré l’électro. Il a aussi eu envie de revenir au premier instrument qu’il a appris dans la vie, le piano.

Tout ça s’entend sur Quand la nuit tombe.

Louis-Jean Cormier n’est toutefois pas du genre à faire de la musique comme d’autres font de la peinture à numéros. Son piano est bien présent. Surtout en l’absence de guitare, instrument sur lequel il échafaudait ses chansons jusqu’ici. Et de ses explorations hip-hop et électro, il reste moins un son que des envies de groover, de faire du copier-coller avec des échantillons et d’intégrer tout ça à son ADN à lui.

Et ça marche.

Extrait de Face au vent

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Quand la nuit tombe est un album foisonnant, surprenant à la première écoute. On sent une tension sourde dès le premier morceau, 100 mètres haies. Elle reviendra, mais se transforme parfois aussi en indignation (Les poings ouverts, où il est question de racisme, et Je me moi, sur les trolls qui polluent l’internet). Son ami François Lafontaine (Karkwa) s’en donne à cœur joie avec ses synthétiseurs sur plusieurs morceaux, dont Face au vent, où il balance des sons qui donnent l’impression d’un solo de guitare.

PHOTO FOURNIE PAR SIMONE RECORDS

Quand la nuit tombe, de Louis-Jean Cormier

Qu’il soit aventureux ou calme (la très belle Croire en rien, touchante dans son dépouillement), Louis-Jean Cormier reste lui-même : on reconnaît sa façon de chanter, son instinct mélodique, son regard tourné vers l’intérieur, bien sûr, mais aussi cette conscience qu’il a du monde et des gens qui l’entourent. Ce n’est pas au cœur d’une nuit sombre qu’il nous invite, mais à un moment d’arrêt pour ouvrir les yeux et le cœur afin d’éviter que la haine et la division ne jettent de l’encre noire sur nos plus beaux desseins.

★★★★

Quand la nuit tombe. Louis-Jean Cormier. Simone Records.