Megan Thee Stallion est souvent comparée aux autres femmes rappeuses américaines (Cardi B, Lil Kim ou son amie Nicki Minaj). Comme s’il ne se pouvait pas que le rap féminin noir ait plus qu’une dimension, comme si Thee Stallion ne pouvait être sa propre personne. Ces recoupements entre elle et ses consœurs ont posé un défi à cette nouvelle venue : construire et imposer sa propre identité.

En 2019, son premier projet complet, Fever, lui a permis de s’affirmer. Un album aux références sexy et sexuelles, qui décochait quelques coups à la misogynie au passage et dépeignait avec efficacité le personnage farouche qu’est Megan Thee Stallion.

Moins d’un an plus tard, la Texane propose Suga, un opus de neuf chansons qu’elle préfère appeler « projet » plutôt qu’« album ». Quoi qu’il en soit, Suga est le nouvel alter ego de Megan. Elle s’ouvre alors un peu plus (Crying in the Car, What I Need), mais maintient cette image de « bad bitch » autoproclamée.

On y retrouve ses vers bien tournés, sa férocité qui s’exprime sur des sons variés, de l’air G-funk de Hit My Phone à la plus trap Ain’t Equal. « Nous ne sommes pas égales », répète-t-elle sur cette pièce d’ouverture venant déclarer toute sa confiance en elle. Les huit chansons suivantes permettront le même exercice de fanfaronnade, doublé de ces vers ultrasexuels dont elle a le secret.

Comme elle l’avait fait avec Fever, la rappeuse offre plusieurs titres entraînants qui figureront certainement sur de nombreuses listes de lecture estivales.

Nous nous demandions si toute la controverse entourant la relation houleuse entre Megan Thee Stallion et sa maison de disques, 1501 Certified Entertainment, n’était pas un machiavélique coup de pub, tant le conflit a fait parler ces derniers temps.

> Écoutez un extrait de Ain't Equal

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IMAGE FOURNIE PAR 1501 CERTIFIED

Suga, Megan Thee Stallion

La rappeuse de 25 ans affirme qu’on a tenté de l’empêcher de sortir sa musique, parce qu’elle souhaite renégocier son contrat. Le mot-clic #freemegan a roulé sur les réseaux sociaux ces derniers jours (la rappeuse elle-même a aidé à le diffuser). Une ordonnance aurait été émise contre 1501, permettant finalement à Megan de sortir son Suga.

Après tout ce vacarme, on ne pouvait qu’espérer que la galette en vaille la peine. C’est le cas, bien heureusement. Et Megan Thee Stallion réaffirme au passage qui elle est, soit une jeune artiste à suivre de près.

★★★½

Suga, Megan Thee Stallion, 1501 Certified.