Les organisateurs du Festival en chanson de Petite-Vallée réclament du ministère de la Culture «un signal clair» pour une reconstruction rapide du Théâtre de la Vieille Forge, sans quoi le projet pourrait ne pas voir le jour avant 2021, ce qui nuirait aux activités estivales du village gaspésien.

«Même pour 2021, c'est serré [...]. À ce rythme-là, on n'y arrivera pas», estime Alan Côté, directeur général et artistique du Village en chanson de Petite-Vallée, rencontré hier matin, juste avant le dévoilement de la programmation de la 37e édition du festival. 

Les célébrations auront lieu en juin et juillet prochains, comme l'an dernier, malgré l'incendie qui a ravagé le Théâtre de la Vieille Forge en 2017. Un chapiteau a été dressé pour recevoir les festivités en 2018 en lieu et place de la salle de spectacle détruite. Il sera maintenu cette année et jusqu'à ce que le nouvel édifice voie le jour. 

Mais l'organisation fait aujourd'hui retentir un signal d'alarme, car elle craint pour la mise en oeuvre de ce projet de reconstruction de quelque 9,8 millions. Il n'est pas question d'un manque d'argent: un accord de principe conclu avec le gouvernement précédent prévoit l'octroi de 6,5 millions, et l'élan de solidarité et de générosité à la suite du feu a permis de récolter plus de 1 million de dollars.

De longs délais

Le problème fondamental, c'est que «ça ne va pas assez vite», soulève Alan Côté. Ce dernier en vient à croire qu'il «manque de personnel dans les ministères» pour s'assurer de délais adéquats. «Le temps de réaction est très long», constate-t-il. Il affirme avoir écrit et appelé au ministère de la Culture, sans jamais recevoir autre chose que des accusés de réception.

Alan Côté explique qu'il reste encore à établir le projet du nouveau Théâtre dans le détail. Pour ce faire, un appel d'offres pour recruter un gestionnaire de projet sera lancé dans les prochains jours. Suivra un concours d'architecture.

Une fois le gestionnaire de projet embauché, il va falloir attendre au moins deux ans avant que soit bâti le produit final. Mais le rythme de traitement du dossier menace de retarder le début des travaux. Et si la construction n'est pas entamée à temps, il se pourrait fortement que l'objectif 2021 ne soit pas atteint et que la nouvelle structure ne soit prête que pour la 40édition du festival, en 2022.

«C'est un nouveau gouvernement, il faut donner la chance au coureur, mais il y a urgence en la demeure.» 

Il souhaite s'asseoir avec le gouvernement, d'abord «pour [accélérer le] projet», mais aussi pour réclamer un soutien transitoire exceptionnel afin de maintenir les opérations du Village en chanson. 

Car il reste que, pendant la transition, l'organisation doit assumer des coûts importants pour compenser la perte du Théâtre de la Vieille Forge. La mise en place du Chapiteau de la Vieille Forge, qui le remplace, a coûté 800 000 $.

Pour respecter le «site culte» et améliorer l'expérience, des modifications seront apportées pour la 39édition, telles que l'ajout d'une terrasse, comme celle que possédait le Théâtre de la Vieille Forge.

«Il faut qu'on soit capable de passer les prochaines années sans que ça nuise trop à notre budget et que ça laisse des traces trop lourdes», dit Alan Côté. L'an dernier déjà, l'organisation présentait en fin de saison un déficit de 42 000 $ imputable aux installations temporaires. 

Toujours plus loin

Le directeur de l'organisation prévoit que la nouvelle salle sera un «modèle dans le genre», tout en restant un lieu de résidence de création, une vocation ancrée dans la mission du Village en chanson. 

«On veut un nouvel équipement qui va servir la chanson en général, mais la jeune chanson surtout.»

Une attention toute particulière est ainsi portée afin de s'assurer que la relève musicale aura de la place pour bourgeonner durant l'événement. 

L'organisation souhaite également apporter un volet numérique au nouvel édifice, «un peu comme dans le foyer de la Place des Arts», afin de faire revivre des archives dans cet endroit de création.

La Maison Lebreux, qui accueillait festivaliers et artistes, a également été la proie des flammes, neuf mois après l'incendie du Théâtre de la Vieille Forge. Le festival transformera donc son Camp en chanson en auberge de jeunesse qui pourra accueillir 32 personnes. 

Finalement, un camping sera aménagé, peut-être dès cette année, sur le site. Ces ajouts font partie d'un effort pour rajeunir la clientèle du festival, souligne le directeur général et artistique, ce qui se fait déjà en partie grâce aux réseaux des employés de Village en chanson, des jeunes «du coin» qui font souffler dans la petite localité gaspésienne un vent nouveau.

Michel Rivard, Patrice Michaud et Fanny Bloom à Petite-Vallée

Le directeur du Festival en chanson de Petite-Vallée prévoit une «super» 37édition, malgré les quelques nuages qui assombrissent quelque peu la réalisation des plans futurs. 

C'est Patrice Michaud qui assurera le rôle d'artiste passeur cette année, et des artistes comme Fanny Bloom, Émile Bilodeau, Guylaine Tanguay, Les Louanges, Elisapie, Bernard Adamus, Jérôme 50, Fouki ou Lou-Adriane Cassidy prendront part aux quelque 50 spectacles à l'horaire.

Une série pop-classique s'invite aux festivités. Marc Hervieux, les groupes Quartom et Tocadéo feront entendre leurs voix dans l'église de Grande-Vallée. Le Chapiteau de Petite-Vallée sera quant à lui l'hôte du spectacle théâtre-chanson de Michel Rivard et d'une représentation de Zachary Richard.

Si des vétérans prennent part à plusieurs concerts, le festival a pour mission «d'être là pour les débuts des artistes [émergents] et même en amont», estime Alan Côté, qui ajoute que les femmes ont aussi toujours eu et continuent d'avoir une place considérable dans la programmation. 

«On a beaucoup de place pour la nouvelle chanson, la nouvelle génération, dit-il. Si on ne le fait pas, à quoi sert-on?»

PHOTO MARC-ANTOINE DUFRESNE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

En 2017, un incendie a complètement ravagé le Théâtre de la Vieille Forge à Petite-Vallée.