Le groupe Balthazar, qui incarne depuis dix ans la relève d'une scène rock belge longtemps biberonnée aux guitares de dEUS, revient avec Fever un album groovy, sensuel et dansant jusqu'à la mélancolie des petits matins.

Un parfum de lendemain de fête flotte sur le morceau d'ouverture qui donne son titre au 4e opus de Balthazar. Le genre de chanson qui s'écoute au lever du soleil, en fin de «party», lancinante, hypnotique, mais suffisamment rythmée pour que les guiboles en bout de course tiennent le corps encore cinq, six minutes avant l'horizontale.

Pour les deux cerveaux de Balthazar que sont Maarten Devoldere, le grand blond, et Jinte Deprez, le brun barbu, cette entrée en matière s'explique par le fait que «cette composition a assemblé tout le reste, qui a donné le ton à tout l'album. Grâce à elle on a trouvé la bonne direction à prendre et on a trouvé la bonne température».

Et cette température, à l'instar de la fièvre, atteint le long des onze pistes suivantes ses pics de transpiration (Wrong Vibrations, Entertainment), avant de retomber dans une moiteur évanescente (Phone Number, Grapefruit). Les montagnes russes au coeur des tropiques en somme.

Les amours contrariées de la nuit, confrontées à la fête et ses conséquences, sont au coeur de cet album. «Il n'y a rien d'original dans notre thématique, sinon qu'on la place dans l'époque actuelle. Et celle-ci influence notre façon de vivre les histoires d'amour», explique Maarten Devoldere.

Basse funky

Ce Je t'aime moi non plus permanent, sous codéine et rythmé par une douce électro, ramène Balthazar à la mélancolie qui caractérise son rock, depuis ses débuts discographiques en 2010 à Courtrai.

«C'est quelque chose qui traverse notre musique, c'est vrai. Mais on a voulu cet album plus extraverti, fait pour le live. Quand on a commencé Balthazar, on s'appliquait un maximum, on faisait un gros travail de production, pour obtenir un résultat le plus léché possible. Aujourd'hui, on a une approche plus brute, on laisse volontiers le bordel s'installer à la façon des Rolling Stones», dit Jinte Deprez.

Si le disque se referme avec Live 4 Love, sur lequel plane l'ombre de Prince, c'est plutôt sous influence Talking Heads que Balthazar a branché sa basse funky, très proéminente sur Fever.

C'est d'ailleurs sur un classique du groupe mené par David Byrne que les deux néo-trentenaires de Balthazar imaginent l'épilogue d'une soirée parfaite.

«D'abord, il faut un bon dîner, en compagnie d'une jolie femme. Il est important de faire la vaisselle ensuite, c'est quelque chose d'important pour moi ! Après on peut enfin sortir. J'appelle Jente, qui est évidemment lui aussi avec une jolie fille, pour nous donner rendez-vous dans un bar», développe Maarten.

«On va en boîte danser. Ça peut durer jusqu'à 10 h du matin», poursuit-il, tout sourire. La dernière chanson ? «This must be the place», évidemment.