Elles sont sur Spotify, ont des millions de vues sur YouTube et leurs noms s'affichent sur les t-shirts des fans: les Siervas, rockeuses en habit monastique noir et blanc et bandeau sur les cheveux, vont jouer pour le pape lors des JMJ au Panama.

«On est des soeurs jeunes. À notre époque, tout en maintenant l'essentiel, je pense qu'il existe d'autres façons d'évangéliser et de montrer notre force», explique à l'AFP Ivonne, une religieuse chilienne de 37 ans, pendant que le groupe s'installe pour une de ses dernières répétitions à Lima avant le voyage.

Nées il y a cinq ans, les Siervas (les «Servantes»),  ont déjà joué dans une dizaine de pays d'Amérique latine pour porter «le message spirituel de Dieu» avec leurs chansons aux rythmes entêtants.

«Notre proposition musicale est différente de ce qu'on a l'habitude d'entendre», souligne soeur Dayana, 22 ans, la chanteuse équatorienne, pour expliquer leur succès.

Avant les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), du 22 au 27 janvier au Panama, ce groupe de neuf religieuses latino-américaines et une asiatique s'est déjà produit deux fois devant le pape François, au Mexique en 2016 et au Pérou en 2018, lors de ses précédentes visites en Amérique latine.

Images léchées, vues aériennes du groupe jouant sur un héliport au sommet d'un immeuble, montage dynamique: leur premier vidéoclip sur YouTube, Confia en Dios (Fais confiance à Dieu), totalise 1,7 million de vues. Le second, Hoy despierto (Aujourd'hui, je m'éveille), dépasse les 2 millions.

Ces jeunes femmes, âgées de 22 à 37 ans, ne sont pas peu fières de ces scores sur cette plateforme, très populaire chez les adolescents.

«On a eu la bénédiction de pouvoir faire notre premier vidéoclip, qui s'appelle Fais confiance à Dieu et qui a déjà près de 2 millions de vues sur YouTube. À travers cette vidéo nous atteignons d'autres pays que nous n'avons pas encore eu la chance de visiter», se réjouit soeur Dayana.

«Je m'évanouis»

«C'est de la musique qui nous plaît, cela montre aussi qui nous sommes», abonde soeur Ivonne, qui s'émeut à l'idée de voir François de près.

«Jusqu'à présent, on n'a pas pu parler avec le pape, on adorerait ! S'il s'approche de nous, je ne saurais pas quoi lui dire, je crois que je m'évanouis», confie la compositrice du groupe.

Sa formation remonte à 2014, lorsque-au siège de leur congrégation à Lima-se retrouvent des religieuses musiciennes de plusieurs nationalités, se souvient la soeur Arisa, Japonaise de 24 ans.

«On s'est dit "pourquoi ne pas monter un groupe ?". Nous avoir rassemblées, c'était un signe de Dieu», estime-t-elle.

Aujourd'hui, elle ont une trentaine de titres à leur répertoire, sept clips et quatre disques. Leurs chansons sont sur les plateformes Spotify et iTunes.

Sans détailler leurs revenus issus d'internet ou le financement de leurs vidéos, les Siervas expliquent qu'elles ne font pas payer l'entrée de leurs concerts et qu'elles réinvestissent les dons reçus dans les oeuvres sociales de leur congrégation.

Ces religieuses appartiennent à la congrégation des Servantes du plan de Dieu, fondée au Pérou en 1998 par le laïc Luis Fernando Figari.

Actuellement réfugié à Rome, Luis Fernando Figari, 71 ans, est au coeur d'une enquête au Pérou pour pédophilie au sein d'un autre mouvement catholique péruvien, Sodalitium Christianae Vitae, qu'il avait créé en 1971.  Cette communauté composée de laïcs, qui visait à transformer des adolescents en «soldats du Christ», a été mise sous tutelle par le Vatican en janvier 2008.

Sur cette affaire non plus, les soeurs rockeuses ne souhaitent pas s'Ă©tendre.