Enfin, un peu d’espace pour parler de ce sacré Souchon au-delà de ses controversées flagorneries pro-Macron.

Surtout que l’idole d’une génération de raconteurs — dont Vincent Delerm, qui pianote sur la minimalo-mélancolique On s’aimait — a ce don pour figer la chanson dans un espace imperméable, apolitique, bien que chargé de connotations sociales, Ici et là. « Même si c’est le même soleil, c’est pas du tout, du tout pareil. »

Avec Âme fifties, le parolier exsude la zénitude de ses 75 ans de vie et ses quelque 50 ans de carrière. Du confort ? Certainement. Celui notamment d’un album conçu en famille, avec les fistons Pierre et Ours. Celui d’un art maîtrisé à la perfection, sans saut dans le vide : un piano et des cordes, une voix familière et une mélancolie caractéristique, presque anachronique.

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IMAGE FOURNIE PAR WARNER

Car l’âme fifties, c’est celle animée par les « premiers baisers sages », par André Verchuren, Gabriel Fauré, Jeanne Moreau ou Jean Gabin pour le mieux, celle hantée par « les enfants soldats, dans les montagnes algériennes » pour le pire.

Alain Souchon sait réciter et rimer sans frimer : tout coule, rien n’est forcé ou à la mode. « À Lille sur la grand place, par un jeu subtil de glaces, j’avais son profile de face. » Comme un rempart contre le temps, les controverses et les poils de tête (On s’ramène les cheveux) qui, eux, finissent par finir.

★★★½

Chanson. Âme fifties. Alain Souchon. Warner.