En ce qui concerne l’auteur de ces lignes, le 40e Festival international de jazz de Montréal se concluait samedi par le concert de la pianiste Kris Davis, présenté en fin de soirée au Gesù. Ultime concert de ces onze virées en autant de soirs, et non le moindre.

Fin de trentaine, la musicienne d’origine canadienne vit à New York depuis 2001. Les jazzophiles ouverts aux expressions contemporaines savent pertinemment qu’elle est d’ores et déjà l’une des pianistes cruciales de l’expression.

Malheureusement, le fossé entre la cohorte d’initiés et le public nourri exclusivement aux valeurs consonantes demeure profond et il se trouve encore trop peu de mélomanes ayant intégré ces codes pour les apprécier sans prise de tête. Ainsi, on a vu des gens sortir, visiblement mal préparés à l’expérience, aucunement informés sur ce à quoi ils allaient assister.

Souhaitons qu’un travail d’éducation porte fruit dans un avenir qu’on souhaite proche, car Kris Davis a l’envergure des grands. N’a-t-elle pas enregistré récemment un duo pianistique avec Craig Taborn ? Il vous faut écouter l’album Octopus, sorti chez Pyroclastic Records, un de ses très nombreux projets discographiques.

Non seulement Kris Davis a-t-elle atteint la virtuosité des meilleurs pianistes de concert en musique contemporaine de lignée occidentale, mais encore s’affirme-t-elle comme une redoutable improvisatrice, doublée d’une compositrice visionnaire.

L’imbrication en continu des vocabulaires dans son jeu, de György Ligeti à Cecil Taylor en passant par Thelonious Monk, est d’autant plus impressionnante. Ses recherches sur le piano préparé sont brillantes, ses travaux sur la résonance dans le registre aigu du clavier s’avèrent fascinants. Enfin bref, l’univers de cette musicienne est très riche.

La reconnaissance de cette superbe musicienne a été lente, elle l’est encore, elle le sera encore. Mine de rien, Kris Davis aura la reconnaissance qu’elle mérite. Question de temps…