Liam Gallagher, frère turbulent et voix de feu Oasis, a accueilli La Presse dans sa loge après son concert à Osheaga, le samedi 5 août dernier. Si le Britannique de 44 ans prépare la sortie de son premier album solo, As You Were, à l'automne, il clame toujours son appartenance au mythique quatuor rock de Manchester. Entrevue à la croisée des chemins.

Jeudi passé au festival Lollapalooza, à Chicago, vous avez quitté la scène après 20 minutes en raison d'un problème de voix. Que s'est-il passé ? Avez-vous bien récupéré ?

Je ne suis pas remis à 100 %, mais ça s'améliore. À Chicago, j'avais deux représentations et, le premier soir, ils avaient installé les mauvais haut-parleurs, je ne pouvais rien entendre et ça a détruit ma voix. Le lendemain, je n'étais plus là [not fucking into it]. J'ai 44 ans et je dois ménager ma voix pour ne pas donner des spectacles de merde. J'ai présenté mes excuses et c'est tout ce que je peux faire. Je ne voulais pas donner un mauvais show. J'ai eu une longue tournée. Je vais retourner à Chicago pour offrir un spectacle honnête. Aujourd'hui, ça s'est bien passé.

Votre premier album solo pourrait être l'occasion de marquer une rupture par rapport à votre travail avec Oasis, mais vous restez très attaché à votre aventure dans le groupe. Est-ce difficile de concilier le passé et l'avenir, votre ancien et votre nouveau matériel ?

Je ne fuis pas le passé, je le chéris. Je suis Oasis. Je n'aime aucun autre style de musique. Je ne veux pas faire des albums de reggae, de grime ou de funk. Je veux faire de la musique avec des guitares, du rock'n'roll. Je sens qu'Oasis m'a été arraché à cause de Noel. J'ai aimé Oasis, c'était ma vie. C'était dans mes veines, et j'ai fait cet album. Peu importe ce que je fais, ça va toujours sonner un peu comme Oasis, parce que c'est ma voix.

Avez-vous toujours espoir qu'Oasis renaisse un jour ?

Écoutez, si The Stone Roses se sont reformés, Oasis peut le faire aussi. Mais je ne me lève pas le matin en attendant le retour du groupe. Si ça arrive, tant mieux, sinon, tant pis. Mais je fais en sorte que les gens puissent de nouveau entendre les chansons en concert. C'est le plus important.

En public, Noel et vous semblez être des ennemis jurés, comme chien et chat. Mais est-ce que la maison est vide quand l'un ou l'autre n'est pas là ?

Je sais qu'au fond, quand ça a commencé à être la merde, on continuait de s'aimer. Peut-être qu'on ne peut simplement pas faire partie d'un groupe ensemble. On a essayé. Je sais avec certitude que je ne suis pas une mauvaise personne, et lui non plus. S'il ne veut plus faire partie d'Oasis, ça lui appartient. Il doit tracer son propre chemin. Je dois tracer le mien. Mais nous devons redevenir des frères, bien plus que de reformer Oasis. C'est le principal, et si jamais ça peut arriver, je serai aux anges.

Est-ce frustrant d'attirer autant l'attention pour autre chose que la musique ?

Non. J'aime le drame, j'aime fucking ça. Trop de groupes montent sur scène, donnent leur spectacle, puis retournent dans leurs maisons de riches. Je ne sais pas ce qu'est le rock'n'roll, ça change tout le temps, mais je sais que ça a rapport avec l'excitation, avec le fait de ne pas savoir ce qui va arriver. Et tant mieux s'il y a un album qui vient avec. Si je deviens une nonne ou un prêtre et que je dis juste « voici un disque », je vais devenir ennuyeux. Comme U2 ou Coldplay. J'aime me moquer, mais je ne veux pas blesser : juste remuer les gens.

Après Oasis, vous avez aussi fait partie de Beady Eye. Pour la première fois, vous enregistrez et donnez des concerts sous votre propre nom. Est-ce plus intimidant ?

Non. J'ai confiance en moi, je ne me sens jamais nerveux. Le monde est meilleur avec moi. Je sais que je ne plais pas à certaines personnes, et c'est fantastique. Je connais aussi des gens qui m'aiment, et c'est encore mieux. Si vous me retirez de l'équation, c'est ennuyeux.

Noel écrivait la majorité des chansons pour Oasis. En solo, apprenez-vous aussi à être un auteur ?

Je ne me considère pas comme un auteur, mais comme une star du rock'n'roll. Donnez-moi une bonne chanson et je vais la jouer. Si je passe devant un miroir, je ne vois pas un songwriter, mais un putain de chanteur de rock'n'roll.