Le 7 mai 2015, Stéphanie St-Jean entrait à l'hôpital psychiatrique Pierre-Janet de Gatineau où elle allait rester pendant un mois. Le 9 août suivant, elle était à Montréal pour sa préaudition de l'émission La voix, dont elle allait remporter les grands honneurs au printemps 2016.

Dès le départ, Stéphanie n'a pas caché au public de La voix qu'elle souffrait d'un trouble de la personnalité limite (TPL). La chanson Ma chambre, qui l'a menée à la victoire par une marge infime sur le grand favori Travis Cormier, faisait justement référence à ses hospitalisations. Une chanson forte, très personnelle, composée par Pierre Lapointe et qu'elle a réussi à s'approprier même, si pour ce faire, elle a dû puiser au plus profond d'elle-même.

«J'avais déjà fait une petite dépression vers l'âge de 17 ans, mais quand la madame m'avait dit que j'avais un trouble de la personnalité limite, je n'avais aucune idée de ce que ça voulait dire. Aujourd'hui, je le sais: un TPL se détruit, il fait de l'autosabotage», dit Stéphanie, rencontrée dans les bureaux de Productions J où on prépare la sortie de son premier album, le 5 mai.

Malgré la pression inhérente, ce métier dont elle rêvait l'aide plus qu'il ne lui nuit, estime-t-elle. «Un gros 90 % du temps, ça aide énormément. L'autre 10 %, c'est des trucs que même les gens normaux éprouvent. Par exemple, je vais angoisser pour la sortie de mon CD comme n'importe qui d'autre le ferait.»

Elle a arrêté de prendre sa médication, de crainte que ça ne limite sa créativité, reconnaît-elle. «Dans mes spectacles, j'ai l'impression que si j'étais sous médication, je ne serais pas capable d'interpréter mes chansons de la même manière, explique-t-elle. Même Ma chambre, ce ne serait pas la même chose.»

«On dirait que mes meilleurs shows, mes meilleures chansons ont un lien avec ce que j'ai vécu. Si je ne l'ai pas vécu, je vais chanter super bien, mais pas avec autant de passion.»

Si toutefois son médecin lui disait qu'il faut qu'elle recommence à prendre sa médication, elle le ferait immédiatement, assure-t-elle.

Connaître sa maladie

«Les TPL sont des gens impulsifs, mais je connais ma maladie, donc je peux mieux la gérer, je ne peux plus dropper autant que je droppais avant. Maintenant, je sais quoi faire.»

Ce avec quoi elle compose moins aisément pour le moment, ce sont les témoignages de personnes qui viennent la voir après ses spectacles pour lui faire part de leurs difficultés. Mais elle n'y changerait rien.

«Je suis une personne épouvantablement empathique. Ces gens-là me nourrissent, ils sentent le besoin de venir me dire que je les ai aidés d'une certaine façon.»