La légende du blues Johnny Winter est décédée, mercredi, à l'âge de 70 ans. La représentante du musicien, Carla Parisi, a confirmé le décès, jeudi. Winter est décédé dans sa chambre d'hôtel, près de Zurich, en Suisse. Un communiqué indique que son épouse, sa famille et ses collègues musiciens sont attristés par la perte de l'un des plus grands guitaristes au monde.

La cause du décès n'a pas été précisée et les autorités ont demandé une autopsie, selon la porte-parole de la police de Zurich, Cornelia Schuoler. Elle précise toutefois que les enquêteurs soupçonnent principalement des «causes médicales» et que rien n'indique que le décès ait été causé par qui que ce soit.

Winter a été un pionnier parmi les guitaristes blues blancs, dont Eric Clapton et le regretté Stevie Ray Vaughan, qui ont suivi les traces du maître blues de Chicago. Le magazine Rolling Stone avait nommé Winter l'un des 100 meilleurs guitaristes de tous les temps.

Le journaliste spécialisé en musique Fred Schruers estime que Winter a contribué à faire découvrir le blues à un nouveau public.

«Le véritable héritage de Johnny Winter est qu'il a présenté le blues à un public qui aurait autrement peut-être rejeté le genre tout entier, et son travail de production avec Muddy Waters n'a fait qu'approfondir sa contribution», a déclaré Schruers, auteur d'une biographie à paraître sur Billy Joel.

Winter avait entamé une longue tournée, cette année, pour souligner son 70e anniversaire. Sa dernière présence sur scène remonte à samedi, dans un festival autrichien.

Il devait par ailleurs livrer un spectacle au Québec la semaine prochaine, le 24 juillet, à la soirée d'ouverture du Festival de blues de Victoriaville.

Il avait également récemment annoncé qu'il offrirait en septembre un nouvel album studio, Step Back, qui inclurait des collaborations avec Eric Clapton, Ben Harper, Joe Perry, Dr. John et Joe Bonnamassa.

John Dawson Winter III est né le 23 février 1944 et a grandi à Beaumont, au Texas. Il était le frère aîné d'Edgar Winter, un albinos comme lui, qui a lui aussi connu du succès au sein du Edgar Winter Group.

«J'ai fait mon premier disque à l'âge de 15 ans, commencé à jouer dans des clubs à 15 ans. Commencé à boire et fumer à 15 ans. Relation sexuelle à 15 ans. Quinze ans a été une grosse année pour moi», s'est remémoré Winter en riant dans un documentaire paru cette année et intitulé Johnny Winter: Down & Dirty.

«J'adore jouer de la guitare. C'est la seule chose pour laquelle j'ai du talent», a-t-il déclaré.

Sa carrière a rapidement bénéficié d'un gros coup de pouce lorsque le Rolling Stone l'a nommé l'un des meilleurs guitaristes blues au Texas. L'article l'a aidé à obtenir un important contrat de disque avec Columbia Records, en 1969, qui l'a mené à se produire au Festival Woodstock et lui a permis d'attirer de nombreux fans.

Il était l'un des plus populaire artistes sur scène au début des années 1970, grâce à ses rapides solos de guitare qui sont devenus sa marque de commerce. Sa dépendance à l'héroïne au cours de cette décennie puis, plus tard, ses problèmes de consommation d'alcool et de médicaments ont cependant aussi attiré l'attention.

Winter est souvent monté sur scène avec la chanteuse rock et blues Janis Joplin, de qui il s'est rapproché dans les années 1960.

Parmi les classiques du blues que Winter a interprété à cette époque, on note Rollin' and Tumblin', Bad Luck and Trouble et Good Morning, Little Schoolgirl. Il a également collaboré avec son frère Edgar sur leur album live Together, en 1976.

Il a été intronisé au Temple de la renommée du blues en 1988, et son dévouement à la musique ne s'est jamais affaibli.

«Pour moi, le blues contient plus d'émotions que tout autre musique», a-t-il confié au magazine Guitar World.

«On sait que les gens qui chantent et jouent le blues pensent véritablement ce qu'ils disent.»