Avant Gilles Vigneault, Robert Charlebois, Diane Dufresne, Céline Dion, Lynda Lemay, Coeur de pirate, Pierre Lapointe et Karim Ouellet, il y a eu Félix Leclerc.

L'auteur-compositeur-interprète du P'tit Bonheur et de Moi, mes souliers a été le premier chansonnier québécois à connaître un grand succès en France. En fait, c'est à Paris qu'il a connu les premiers succès de sa carrière, au début des années 50. « Il chantait [au Québec auparavant], mais les gens n'aimaient pas vraiment ça, raconte sa fille Nathalie Leclerc. Les critiques parlaient de sa «grosse voix de boeuf». Un critique québécois a même déjà écrit de «couper la main de cet artiste» pour qu'il cesse d'écrire... »

Puis, en 1950, Félix Leclerc est allé faire une série de spectacles en France à l'invitation de l'impresario parisien Jacques Canetti. « Il pensait y rester une semaine pour se faire démolir par la critique, dit Nathalie Leclerc. Mais dès le premier soir, les gens ont adoré. Il est resté trois ans en Europe. Quand il est revenu au Québec, les gens qui ne l'aimaient pas ont pris le temps de l'écouter. »

Impensable, donc, de célébrer cette année le 100e anniversaire de naissance de Félix Leclerc sans inclure un volet à Paris, la ville où il a connu ses premiers succès, où il s'est lié d'amitié avec Georges Brassens, où il est ensuite retourné régulièrement au cours de sa carrière. Une exposition retraçant ses tournées françaises sera présentée cette semaine dans le hall de la Bibliothèque nationale de France - site François-Mitterrand. Jeudi soir, un concert réunira sept artistes français et québécois qui chanteront son oeuvre (entrée gratuite à l'auditorium de la bibliothèque). Un après-midi de conférences et d'activités lui sera aussi consacré samedi prochain - on y projettera notamment le film de Claude Jutra (Félix Leclerc, troubadour), et sa fille Nathalie Leclerc y fera une conférence.

« La famille est très émue de voir l'hommage qu'on rend à Félix à la Bibliothèque nationale de France, dit Nathalie Leclerc, directrice de l'Espace Félix-Lerclerc. On entre par la grande porte. C'est à sa hauteur. Son oeuvre a eu beaucoup de résonance en France. Maintenant, c'est une affaire de rien, mais c'est le premier Québécois qui a ouvert les portes de l'Europe. »

Activités au Québec

Au Québec, une série d'activités a déjà commencé pour souligner le 100e anniversaire de naissance de Félix Leclerc, le 2 août prochain. Mort en 1988 à l'âge de 74 ans, l'artiste a été désigné personnage historique du Québec par le gouvernement Marois en février dernier. Dès le 27 juin, une nouvelle exposition, La vie, l'amour, la mort, sera présentée à l'Espace Félix-Leclerc, dans l'île d'Orléans. Cette exposition a notamment été rendue possible grâce à une subvention de 159 000 $ du gouvernement du Québec. Il y a aussi, bien sûr, le spectacle tant attendu au Festival d'été de Québec, Félix, je me souviens, auquel participeront notamment Diane Dufresne, Michel Rivard, Karim Ouellet et Yann Perreau.

À l'autre bout de l'Atlantique, les célébrations de cette semaine ne sont qu'un début. À partir du mois d'août, Nathalie Leclerc passera une année en Europe pour présenter une exposition itinérante sur son célèbre père en France, en Suisse et en Belgique, une initiative également rendue possible par une subvention du gouvernement du Québec. Il y a aussi un projet de faire plusieurs représentations d'un spectacle de chansons de Félix Leclerc avec un jeune chanteur européen.

Félix Leclerc a vécu en France et en Suisse de 1950 à 1953, puis a choisi de revenir au Québec malgré ses succès en Europe. « Il s'ennuyait du Québec, dit sa fille Nathalie Leclerc, la seule de ses trois enfants née en Europe. Il adorait la France et la Suisse, mais il avait le mal du pays. C'est d'ailleurs ce que ma mère me dit ces temps-ci : «Tu vas voir, tu vas adorer vivre un an en Europe, mais tu vas vouloir revenir...» »