Pour les uns, ils sont des dieux vivants, pour les autres, d'insupportables hipsters dont la tête ne cesse d'enfler. Heureusement, entre les deux, il y a la musique, et leur nouvel album, Reflektor, aura fait l'unanimité auprès de la critique, à quelques exceptions près. Le groupe Arcade Fire réussit à se renouveler sans se singer, toujours dans ce mélange de merveilleux enfantin et de rébellion adolescente, recyclant à sa façon les sons d'hier pour les mêler à ses expériences personnelles, au premier plan la musique carnavalesque d'Haïti.

Reflektor est un pur enchantement vaudou, vintage et viscéral, dans lequel Arcade Fire assume complètement ses goûts et son image, et au diable les pisse-vinaigre qui trouvent les pièces trop longues alors que les fans y voient une grande générosité.

Le groupe a encore fait jaser, par ses shows-surprises, son passage à Saturday Night Live, l'annonce d'un code vestimentaire pour les spectacles de la tournée, mais, au final, ce que l'on retiendra, ce sont les superbes Reflektor, Here Comes the Night Time, Normal Person, Joan of Arc, Awful Sound et finalement Afterlife, pratiquement l'hymne de cet album double, qu'on pourrait comparer dans le parcours du groupe à ce que le White Album a été pour les Beatles - d'ailleurs, Awful Sound sonne vraiment comme du Beatles à la fin...