À l'image de Mick Jagger, qui fêtera ses 70 ans vendredi, les anciens «baby-boomers» du rock sont légion à repousser leur départ en retraite, cinquante ans après avoir fait souffler un vent de jeunesse sur la musique.

Toujours aussi athlétique, la voix intacte, le chanteur des Rolling Stones vient de jouer devant des dizaines de milliers de spectateurs au Royaume-Uni pour fêter le 50e anniversaire de son groupe.

Ces prestations ont été unanimement saluées par la critique et si les Stones ne sont pas pressés d'enregistrer un nouvel album - seuls deux titres inédits sont sortis au début de l'année -, ils semblent avides de remonter sur scène.

«Je ne vois pas pourquoi il n'y aurait pas un soixantième anniversaire», a même lancé fin juin Keith Richards, bientôt 70 ans lui aussi.

Les Stones sont loin d'être des exceptions. Nombre de ceux qui ont débuté avec eux sont toujours bien présents dans le paysage musical, se frottant à la concurrence de musiciens qui ont grandi en écoutant leur musique et pourraient être leurs petits-enfants.

Souvent ces gloires du rock profitent des privilèges de l'âge: pas ou peu d'obligations promotionnelles, horaires de concerts aménagés, dans des lieux exceptionnels et à des tarifs conséquents, albums enregistrés dans le secret et en toute liberté...

Au début de l'année, David Bowie, 66 ans, a surpris son monde en publiant un nouvel album The Next Day, son premier depuis dix ans.

Le musicien, que la rumeur disait malade et qui reste silencieux dans les médias, laisse depuis planer le suspense sur un éventuel retour sur scène, via des confidences contradictoires lâchées à ses proches collaborateurs.

Obsession du rétro

L'année dernière, Bob Dylan (72 ans), Leonard Cohen (78 ans) et Patti Smith (66 ans) avaient, eux aussi, enregistré de nouveaux albums, prouvant à l'occasion n'avoir rien perdu de leur inspiration.

Par nécessité financière ou par pur plaisir, tous trois continuent de sillonner le monde pour se produire sur scène. Brian Wilson (71 ans) a reformé les Beach Boys pour les 50 ans du groupe et publié un album délicieusement rétro. L'ex-Beatles Paul McCartney, lui, fourmille de projets.

À la faveur d'un documentaire, critiques et amateurs de rock se sont récemment pris de passion pour Sixto Rodriguez, folkman oublié des années 70.

Le «Sugar Man» de Detroit, 71 ans au compteur, connaît depuis une nouvelle jeunesse et a entrepris une tournée mondiale à guichets fermés.

Et que dire des pionniers du rock Little Richard (80 ans) et Chuck Berry (86 ans), qui font encore des - rares, il est vrai - apparitions sur scène?

«Nous vivons dans une époque où la culture populaire est devenue obsédée par le rétro et avide de commémorations. Reformations de groupes, tournées de retrouvailles, albums hommages et coffrets, festivals anniversaires et interprétations en concert d'albums de légende: la musique d'hier se porte de mieux en mieux d'année en année», soulignait en 2011 le critique britannique Simon Reynolds dans son ouvrage Retromania.

Plusieurs raisons à ce phénomène, selon le journaliste: des musiciens qui veulent renflouer leur compte en banque, une industrie du disque rendue frileuse par la crise, l'influence d'internet qui a rendu des centaines de milliers d'archives disponibles et a aboli le rapport au temps, l'avènement de l'iPod qui a conduit les consommateurs à se constituer une bibliothèque numérique et dopé les téléchargements de vieux albums....

«Se pourrait-il que le plus grand danger qui menace l'avenir de notre culture musicale provienne... de son passé?», demandait-il, en prédisant son «assèchement progressif», dans cet essai retentissant.