Sur le coup de 20h, des bruits insolites, se font entendre pendant que des faisceaux de lumière s'entrecroisent dans le Centre Bell. Les gars de Bon Jovi chantent a cappella l'intro de You Give Love a Bad Name et la machine démarre. Les plus de 20 000 spectateurs - ils seront aussi nombreux ce soir - sont debout et chantent à pleins poumons.

Bon Jovi et son pote Richie Sambora, qui avait raté le dernier rendez-vous au Centre Bell pour cause de cure, prennent la pose des rock stars qu'ils sont, l'un soulevant son pied de micro, l'autre sa guitare. Puis sur cette scène encore dépouillée, Bon Jovi fait un saut de 21 ans jusqu'à

Lost Highway et Whole Lotta Leavin', deux chansons à saveur country-pop-rock, appelez ça comme vous voulez, c'est efficace! Le beau Jon se tait quelques secondes et l'aréna s'emplit aussitôt des cris de fans qui n'ont pourtant pas l'âge de ceux de One Direction: as-sour-dis-sant! On dirait qu'ils ont pris leur dose de caféine, lance le chanteur qui connaît pourtant bien son public montréalais.

La chanson suivante, Because We Can, premier extrait du nouvel album What About Now, fait taper des mains le parterre entier. On aperçoit pour la première fois les fameuses colonnes hexagonales qui s'élèvent discrètement et sur lesquelles on verra plus tard les projections conçues par Moment Factory. Des images superbes et très éclectiques, qui vont des robots industriels aux motifs psychédéliques en passant par des relents de constructivisme soviétique pour finir, au rappel, par le panorama du centre-ville de Montréal!

Lesdites colonnes s'élèvent du plancher tels des gratte-ciel pendant que d'autres viennent à leur rencontre depuis les hauteurs de la scène. Tantôt elles encadrent les musiciens ou elles s'alignent comme une rangée de hauts parleurs sur lesquels Bon Jovi ira chanter la pomme aux spectateurs assis derrière la scène.

L'effet est saisissant. Sans doute un peu moins pour les mêmes spectateurs derrière la scène lorsque ces colonnes forment un mur-écran opaque qui ne leur donne à voir que les projections, si belles soient-elles. Pendant ces moments heureusement peu fréquents, pour apercevoir Jon, Richie, Tico, David et compagnie il leur faut regarder le petit écran perché au-dessus de la scène.

Avant la septième et dernière chanson au programme de l'album à paraître en mars, What's Left of Me, le chanteur s'est presque excusé de jouer autant d'inédites avant d'ajouter que Bon Jovi n'est pas de groupes qui régurgitent uniquement leurs succès des années 80. Le public le lui a pardonné l'instant d'après en entonnant Wanted Dead Or Alive... une chanson des années 80.

À l'époque, je n'aurais pas parié mon vinyle de Slippery When Wet sur la longévité de Bon Jovi. Pourtant, c'est un quart de siècle plus tard le seul groupe des années 80 avec U2 et Metallica à jouir d'une telle popularité. Et pas uniquement au Centre Bell, leur résidence secondaire.

S'il y a quelque chose de plus prévisible que les clichés dans les chansons de Bon Jovi, c'est la propension des critiques à les souligner à gros traits. Ces gars-là donnent un maudit bon show, point à la ligne.