Ils ont tous les trois des racines montréalaises et suivent les traces de leurs parents musiciens. Mais là s'arrête la comparaison entre Adam Cohen, Martha Wainwright et son frère Rufus. Conversation croisée sur le thème d'un héritage parfois lourd à porter.

Adam Cohen ne s'en cache pas: il aurait aimé que son père Leonard tente plus vigoureusement de le dissuader de faire le même métier que lui. Mais voilà, Adam a appris à la dure que ce mode de vie est moins sexy et glamour qu'il le croyait, que ce métier public est difficile et qu'un artiste ne peut faire autrement que d'être blessé au plus profond de son être quand il se sent rejeté.

«Il aurait pu aussi me conseiller de m'acheter une maison quand j'étais jeune et que je faisais du fric», dit Adam, qui nous reçoit dans le salon de la maison paternelle, face au parc du Portugal. Il reprend: «En fait, il ne m'a pas beaucoup guidé, sauf par ses propres décisions qui, on le sait, n'ont pas toujours été judicieuses: il a perdu tout son fric, il a divorcé, et il a passé la majeure partie de sa vie en dépression. Les seuls conseils qu'il m'a donnés, c'était à propos du travail, quand il se penchait sur mon cahier et me disait des choses comme: "Ça serait mieux si on savait de quelle couleur était la robe de la fille quand elle t'a fait ceci ou cela." Avec lui, c'était plutôt: "Vas-y, casse-toi la gueule."»

Pourtant, Adam estime que d'être le fils d'un artiste dont il est le plus grand admirateur comporte plus d'avantages que d'inconvénients. «J'ai toujours eu de quoi manger, j'ai voyagé, j'ai rencontré des gens très créatifs et d'un charisme fou justement parce que je suis le fils de mon père. Mais c'est aussi un filtre par lequel on me juge. Ce n'est pas comme pour Rufus et d'autres enfants d'artistes: mon père a une présence culturelle beaucoup plus forte. Ma situation s'apparente davantage à celle de Jakob Dylan: notre nom de famille supplante notre prénom.»

Martha Wainwright, croisée la semaine suivante à la terrasse d'un café d'Outremont, acquiesce. «J'ai passé ma vie à demander aux gens: connaissez-vous les soeurs McGarrigle?»

Son frère Rufus, joint au téléphone au beau milieu de son voyage de noces à Big Sur, est du même avis. «Le poids du succès de mes parents - Kate McGarrigle et Loudon Wainwright III - n'a rien à voir avec ce qu'ont dû endurer Adam et Jakob. Mais d'être leur fils m'a servi, parce que même si le grand public ne les connaissait pas beaucoup, ils étaient admirés des musiciens. Bonnie Raitt, Elton John, tout le monde savait qui ils étaient.»

La musique en famille

Les différences entre le clan McGarrigle-Wainwright et la famille Cohen ne s'arrêtent pas là.

Chez les Cohen, jamais on n'aurait osé sortir les guitares pendant une réunion de famille, tandis que chez les McGarrigle, et aujourd'hui davantage chez les Wainwright, tout était prétexte à faire de la musique ensemble. «On n'est pas très sentimentaux chez les Cohen, avoue Adam. Nous sommes plus méthodiques, et notre éducation est plus rigide et traditionnelle. Les Wainwright sont des gitans.»

Tous trois ont commencé à chanter et à jouer de la musique dès leur plus jeune âge. «J'ai essayé de me boucher les oreilles, mais je n'ai pas eu le choix», dit Martha en rigolant. «On m'a raconté que je chantais Old MacDonald avec ma mère à l'âge de 6 mois, mais maintenant que j'ai un enfant - Viva Katherine Wainwright Cohen, dont la mère est Lorca, soeur d'Adam -, je trouve que c'est un peu tôt pour apprendre les mots d'une chanson...», ajoute Rufus en pouffant de rire.

Adam, lui, a commencé à jouer de la musique à 5 ans - «Je n'ai jamais eu de plan B», dit-il - et ce, même s'il voyait son père plus rarement après le divorce de ses parents. «Je me suis toujours beaucoup identifié à mon père. Même quand il n'était pas là, il était omniprésent. Très jeune, je savais que j'étais le fils de quelqu'un d'important et, peut-être par pure arrogance, j'ai toujours eu l'impression que je portais un badge, que j'étais porteur d'un message.»

Mais en vieillissant, le doute s'est installé. Adam raconte: «Je viens d'une longue lignée d'hommes qui ont occupé des postes très importants, des hommes respectés, charismatiques, intelligents et puissants dans leur communauté. On sait tous que mon père fait partie de cette lignée, mais il est arrivé que la réussite saute une génération. Je me suis longtemps demandé si j'étais un de ces grands hommes ou plutôt celui de la génération qui passe son tour.»

Plus jeune, Martha Wainwright s'est posé la même question. «Quand j'ai commencé à faire de la musique, j'ai pensé moi aussi que je pourrais passer un tour. Ma mère était très bonne, peut-être que je ne le suis pas tant que ça, mais que j'aurai des enfants qui seront très talentueux? Oui, c'est intimidant, surtout quand on aime beaucoup ce que nos parents font. Mais moi, contrairement à Adam probablement, il faut que je gagne ma vie. J'ai 36 ans et je ne sais rien faire d'autre.»

Trouver sa voix

Adam Cohen a mis beaucoup de temps à trouver sa propre voix, qui ressemble beaucoup à celle de son père au même âge et qui s'entend enfin sur son quatrième album, Like a Man, certifié or cette semaine. «Je sais que je partage un code génétique avec ce mec: de plus en plus, je lui ressemble, j'ai sa voix et mon héritage est manifeste, reconnaît-il. Ça m'est égal si les gens pensent que je suis un perroquet ou que je l'imite. Mon père est une île, il a un don, une voix, un statut et un palmarès uniques. Peut-être que je ne suis pas son successeur officiel, mais je suis le village côtier le plus proche de cette île. J'aimerais que ça se sache davantage et c'est justement ce qui me pousse à le prouver.»

Adam n'a jamais caché son admiration pour Rufus qui, dès le départ, s'est affranchi du folk de ses parents pour imposer sa propre identité musicale. «Et bien sûr, parce qu'il est gai, fallait qu'il soit encore plus courageux, ajoute Adam. Mais c'est ce courage qui lui a permis de faire sa place.»

Rufus explique que ça lui est venu tout naturellement. «J'étais tout un individualiste quand j'étais bébé. Certains enfants auraient pu se sentir menacés ou être craintifs, mais pour une raison que j'ignore, je me sentais plus fort, plus convaincu que j'étais différent de tout le monde. Ce que j'admire d'Adam, c'est qu'il a connu plusieurs échecs et il a pris certaines décisions musicales discutables, mais il le reconnaît et il s'est enfin trouvé. Et ça, pour moi, c'est très courageux. Je ne peux pas m'imaginer prenant tout à coup conscience de ce que je veux faire à près de 40 ans. Ça, ça serait effrayant. Curieusement, c'est un peu ce que son père a fait en lançant son premier disque à la mi-trentaine.»

Adam répond qu'il manquait tout simplement de courage et de maturité. «Ce qui m'intéressait, c'était baiser, boire, être applaudi. Et le fric. Et même si j'ai honte de le dire, si je ne sortais pas ces chansons qui faisaient penser à mon père, ce n'était pas par déni, mais parce que je jugeais qu'elles n'avaient pas suffisamment de potentiel commercial. Je me disais qu'il fallait d'abord me trouver un public avant de prendre le risque de porter le badge familial.»

Chanter pour survivre

Chez les enfants Wainwright, rien de tel. «Rufus et moi, on a toujours vu ce que ça prenait pour être un artiste, explique Martha. Il n'y avait pas de glamour chez les soeurs McGarrigle: elles transportaient leurs propres instruments, essayaient de se faire payer à la fin de la soirée, se trouvaient un motel et conduisaient pendant 12 heures jusqu'au prochain show. On a toujours été très conscients de la réalité du quotidien: gagner de l'argent pour survivre et donner à manger à tes petits.»

Rufus se souvient que son père était un peu nerveux à l'idée que son fils fasse de la musique. «Il me disait: "Pourquoi tu ne tonds pas le gazon à la place, pourquoi tu ne trouves pas un job à 50 cents de l'heure pour payer ta crème glacée?" Il essayait de survivre en tant qu'artiste et il ne se préoccupait pas beaucoup de mes aspirations.»

«Je pense que mon père a été plus dur avec son fils, convient Martha. La musique de Rufus le confondait un peu, mais comme la mienne était plus folk, surtout au début, il trouvait ça plus normal. C'est vraiment notre mère qui nous a encouragés. Elle nous disait: "Trouve-toi pas du travail! Je vais te donner de l'argent de poche si tu continues à écrire des chansons."»

Rufus en rajoute: «Ma mère savait exactement ce que je ferais et elle était très excitée. Mon plus beau souvenir d'elle, c'est quand, dans une fête ou une réunion de famille, elle avait pris quelques verres et elle me faisait chanter, puis elle me chuchotait à l'oreille que j'étais le meilleur... et que j'étais très, très spécial.»

«Je pense qu'elle a vu en Rufus et en moi les chanteurs qu'elle ne voulait pas toujours être elle-même, parce que mon frère et moi, nous avions plus le sens du spectacle. Elle aimait ça», conclut Martha.

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Rufus Wainwright, à l'église Saint-Jean-Baptiste, le 26 octobre

Martha Wainwright, au Corona, le 5 novembre

Adam Cohen, au Monument-National, le 9 novembre

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Leurs parents sont des chanteurs et musiciens respectés sinon vénérés au Québec. Est-un un avantage ou un inconvénient pour leurs enfants qui pratiquent le même métier qu'eux? Réponses.

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Jérôme Charlebois

Fils de Robert Charlebois

33 ans

Deux albums et un troisième à venir en février 2013

A fait l'École de la chanson de Paris pendant deux ans

Q: Quand as-tu entendu l'appel de la chanson?

R: Ça m'a pris un peu de temps. Je m'intéressais plus aux communications et au cinéma à l'université. Je faisais beaucoup de dessin, et j'aimais l'humour. Très jeune, je disais à mon père que je voulais être chanteur comique. J'ai commencé dans les bars, comme batteur. Et j'ai accompagné des chansonniers. Vers 15, 16 ans, j'ai commencé à écrire des chansons. Je donne des spectacles avec mes propres musiciens et j'ai participé à la tournée de la Boîte à chansons avec Jean-Guy Moreau, Claude Gauthier, Pierre Calvé et Pierre Létourneau.

Q: Ton père t'a-t-il encouragé à faire ce métier?

R: Il ne m'a jamais découragé, au contraire. Quand je ne voulais plus suivre de cours de piano, il m'a laissé aller. Il m'a dit que c'était un métier difficile, comme n'importe quel métier, mais qu'il valait mieux chômer dans ce qu'on aime faire.

Q: Être le fils d'un monstre sacré comme Robert Charlebois, est-ce un avantage ou un inconvénient?

R: Les deux. Au début, quand tu n'as pas encore d'album, tu es étiqueté le fils de, mais ça passe avec le temps. Je me suis éloigné du rock parce que Robert avait opté très jeune pour le rock. Mais c'est positif parce que les baby- boomers qui l'ont tellement aimé veulent me voir, ils sont intrigués. C'est sûr que s'ils ont l'idée de voir Robert jeune, ils vont être déçus, mais ils apprécient de plus en plus mon univers. Si ç'avait été un poids d'être le fils de Robert Charlebois, je pense que j'aurais changé de nom. Je l'assume encore plus maintenant parce que je lui ai dédicacé une chanson sur mon prochain disque: Mon père.

Photo: Olivier Pontbriand, La Presse

Jérôme Charlebois.

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Alexis Dufresne

Fils de Louise Forestier

41 ans

Réalisateur de disques et membre du groupe El Motor

Réalisateur, musicien et coauteur de l'album Éphémère de sa mère.

Q: Quand as-tu entendu l'appel de la musique?

R: En deuxième année, j'ai entrepris des cours de piano à Magog, mais j'aimais surtout aller au McDo après mon cours... Mes parents m'ont acheté un album des Rolling Stones et ça m'a donné le goût de jouer de la guitare et de la batterie. J'ai étudié la musique à Pierre-Laporte. Puis avec une enregistreuse quatre-pistes, j'ai commencé à faire des maquettes pour des amis et ma mère m'a trouvé du boulot dans un studio de son. C'est là que j'ai eu la piqûre de la réalisation. J'ai fait de la musique de pub et de télé puis je suis parti travailler en studio à Los Angeles pendant cinq ans. À mon retour, j'ai réalisé l'album d'El Motor et je suis devenu membre du groupe, le seul vrai band avec lequel j'ai joué. J'ai aussi travaillé avec ma mère sur son album Éphémère. C'était génial, la meilleure idée qu'on a jamais eue. Présentement, je travaille comme mixeur en post-production sonore à Radio-Canada et El Motor a assez de matériel pour un deuxième album, reste à l'enregistrer.

Q: Ta mère t'a-t-elle encouragé à faire ce métier?

Quel que soit mon choix, elle m'appuyait. Bien entendu, ça lui faisait plaisir que je fasse de la musique mais elle m'a toujours soutenu même quand je doutais. Elle ne m'a jamais dit "n'y va pas, c'est un métier crève-la-dalle" et elle ne m'a pas mis de pression non plus pour que je sois le meilleur.

R: Avoir une mère chanteuse, est-ce un avantage ou un inconvénient?

Q: Un avantage parce qu'au Québec, on respecte énormément la carrière de ma mère. C'est un peu une légende: elle a fait partie de l'équipe de L'Osstidcho, des pionniers qui ont changé des choses au Québec. Et puis je suis pas mal plus incognito que Jérôme Charlebois qui, en plus, ressemble à son père. Parfois, des gens qui me connaissent depuis deux ou trois ans me disent tout à coup: «Quoi, ta mère, c'est Louise Forestier?»

Photo: Olivier Pontbriand, La Presse

Alexis Dufresne.

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Julie Valois

Fille de Louis Valois, musicien, et Monique Fauteux, chanteuse, deux ex-Harmonium

29 ans

Membre du groupe-hommage à Harmonium, Premier Ciel

Q: Quand as-tu entendu l'appel de la chanson?

R: Ma mère était en show pendant que j'étais dans son ventre donc ça part de là. Petite, j'ai pris des cours de piano et de ballet mais j'ai tout arrêté en 2e secondaire pour vivre ma crise d'adolescence. Mes parents ne m'ont pas poussée, mais mon père m'a dit "C'est parfait Julie, mais je te gage 100 000$ que tu vas y revenir par toi-même." Il avait raison: j'ai étudié en chant-jazz à Saint-Laurent, je me suis inscrite à l'École nationale de la chanson de Granby la même année que Bernard Adamus, j'ai mon propre band, j'ai enregistré un mini-album, j'ai reçu des bourses pour créer quatre chansons qui seront diffusées le printemps prochain et je fais un bac en enseignement de la musique à l'UQAM. J'ai 29 ans et mon but ultime serait de sortir un album d'ici deux ans. C'est le rêve de tout le monde qui écrit des chansons.

Q: Est-ce que ta musique a un lien avec celle de tes parents?

R: C'est sûr qu'il y a une influence jazz, qui vient de ma mère. Mon père, lui, vient d'un milieu plus «musique française»: Jacques Brel, Charles Trenet... Moi, j'aime la musique américaine à la James Taylor et les progressions d'accords surprenants à la Steely Dan. Les gens qui écoutent ma musique trouvent que ça a une saveur seventies. Je ne renie pas ça. J'ai toujours baigné là-dedans.

Q: Être la fille de deux musiciens, est-ce un poids pour toi?

R: Non. Je m'appelle Julie Valois, je joue depuis 2005 dans un groupe hommage à Harmonium et les gens ne font même pas le lien. La musique m'a été enseignée comme un partage: l'esprit de gang d'Harmonium, la collectivité. Mettre en lumière une seule personne, c'est rare que ça me fait triper.

Photo: Olivier Pontbriand, La Presse

Julie Valois.

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Tomas Furey

Fils de Lewis Furey et Carole Laure

24 ans

Étudié au Conservatoire de Paris et au Conservatoire de Montréal

Joue des claviers, chante et fait les arrangements du spectacle actuel de Lewis Furey

Q: Quand as-tu entendu l'appel de la chanson?

R: J'ai toujours écouté énormément de musique et j'ai senti très tôt le besoin de m'exprimer musicalement. À 4 ans, je suis entré au Conservatoire municipal du 14e arrondissement à Paris puis, à l'adolescence, au Conservatoire national de la région de Paris. Ensuite j'ai arrêté pendant quelques années avant de faire un bac en composition électro-acoustique au Conservatoire de Montréal. Pendant que j'étais à l'école, je travaillais déjà: musique de film, concerts avec ma soeur Clara, musique pour le chorégraphe Dave St-Pierre. Là, j'ai envie d'arrêter de travailler pour les autres et de faire un album. Ça va être un disque assez éclaté de mes chansons, un peu plus pop électro.

Q: Tes parents t'ont-ils encouragé à faire carrière en musique?

R: C'était important pour mon père qu'on ait une éducation musicale, ma soeur et moi. Mais après, bien sûr, on pouvait faire ce qu'on voulait, du moment qu'on soit heureux dans ce qu'on fasse.

Q:Est-ce un poids d'être le fils de parents connus?

R: C'est sûr qu'il y a des fois où on préférerait ne pas être associé à nos parents tout le temps. Dire que je suis le fils de Carole Laure et de Lewis Furey, ça devient redondant au bout d'un moment. Mais ça n'a pas été un si gros problème pour moi. J'aime beaucoup ce que font mes parents, artistiquement. Et quand je suis en création, je peux aller leur demander des conseils. Ils sont souvent les premiers, avec ma soeur, à qui je fais écouter mes trucs pour avoir du feedback. Enfin, j'ai étudié en musique concrète, qui n'a aucun rapport avec ce que font mes parents. Plus jeune, mon père m'a enseigné la musique, mais aujourd'hui, je lui enseigne des trucs en musique. On n'a plus le même rapport.

Photo: Olivier Pontbriand, La Presse

Tomas Furey.

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Karine Deschamps

Fille de Judi Richards et Yvon Deschamps

32 ans

Choriste et membre du groupe gospel «subversif et athée» Irreverent James and the Critical Mass Choir

Gagnante du concours Ma première Place des Arts en 2010

Q: Quand as-tu entendu l'appel de la chanson?

R: Vers 8 ou 9 ans, quand j'ai vu Sinead O'Connor chanter. De 17 à 21 ans, j'ai fait le circuit des bars, puis j'ai arrêté pour aller à l'université et voyager. Vers 27 ans, j'ai eu l'impression que je ratais ma vie et j'ai commencé à écrire des chansons puis à faire un disque. Mais comme il n'y avait pas d'intérêt immédiat de la part des compagnies de disques, j'étais découragée. Je suis tombée enceinte et j'ai décidé de prendre mes distances par rapport au métier pour ne pas affecter mon bébé. Mais j'aime tellement ça que j'ai recommencé avec ma mère à faire des choeurs ici et là. Je suis dans l'énergie de la trentaine, je fais un deuxième bac, j'ai envie de faire de l'argent et de protéger ma famille, de me réaliser de toutes sortes de façons, mais sans faire ma propre musique à temps plein. C'est trop lourd.

Q: Tes parents t'ont-ils encouragée à faire ce métier?

R: Ma mère m'invitait à chanter avec elle quand c'était possible. Toute petite, je faisais des jingles en studio. Et mes parents sont d'excellents coaches en interprétation. Mais je ne peux pas dire qu'ils m'ont encouragée à en faire une carrière parce qu'ils savent très bien combien c'est difficile. Je n'aimais pas ça quand mes parents se faisaient arrêter dans la rue ou que les gens venaient nous voir quand on soupait au restaurant. Je n'ai jamais été super à l'aise avec cet aspect-là de la carrière.

Q: Vas-tu encourager tes enfants à pratiquer ce métier?

R: Je vais les encourager à avoir des passions autres que la musique et les encadrer advantage. S'ils veulent faire ce métier, je vais leur dire de persévérer parce que c'est dans la vingtaine que ça se passe, même

Photo: Olivier Pontbriand, La Presse

Karine Deschamps.