Il est le guitariste de The Dears et il a mené le projet du groupe Black Diamond Day. Mais, à 32 ans, Patrick Krief lance son premier album solo qui sort de son «inconscient».

Q Tu as sorti un EP sous le nom de Krief, tu es guitariste du groupe The Dears et tu a mené un projet parallèle avec Black Diamond Bay. Dans quelles circonstances reviens-tu avec un vrai premier album solo?

R Je suis toujours en train de composer. Peut-être une cinquantaine de chansons par année. C'est beaucoup plus rare que je compose pour The Dears. Avec Black Diamond Bay, c'était un peu la même démarche qu'avec Krief solo: moi qui compose à la maison. Mais je voulais un nom de groupe. Quand les autres musiciens du projet se sont affairés à autre chose, je me suis dit «Let's go back to Krief!»

Q La musique de ton album est rock, mais aussi introspective avec des textes très personnels. Avais-tu une idée en tête au départ?

R Dès que j'avais une idée, j'enregistrais les mots et les accords, qui sortaient rapidement dans mon studio ou avec mon iPhone. Je me suis retrouvé avec une vingtaine de chansons et je les ai gardées comme elles étaient sur le démo [...] J'entendais des sons dans ma tête pour l'ambiance, comme un film. J'ai vu la pièce The Eyes of Isabelle comme une scène où je marche dans une tempête de neige. Donc, quand je fais les arrangements et l'orchestration, je me réfère à ce visuel pour m'inspirer.

Q Avec cet album, tu as dit combattre l'anxiété que tu nourrissais à l'idée d'assumer que tu es un artiste. Cela explique-t-il pourquoi tu as signé des textes où il est question de regarder en avant sans appréhension?

R Ce sont de loin les textes les plus personnels que j'ai écrits. Je parle de trucs dans ma vie que je n'ai jamais voulu aborder. C'est bizarre, car c'était inconscient. Je m'en suis rendu compte quand c'était fini [...] Un jour, quelqu'un m'a dit: tu dois abandonner le rêve. Pas le rêve d'être un musicien, mais le rêve d'avoir une vie normale.

Q Cela change quoi de créer un album de A à Z plutôt qu'en groupe?

R J'aime le fait de ne m'en faire avec personne. Je peux passer 17 heures à trouver un son. Par contre, je n'aime pas le fait de ne pas savoir quand arrêter. Mais cet album est le plus près du son parfait que j'avais en tête. Tous les artistes disent cela en vieillissant, mais je pense que c'est le meilleur matériel que j'ai fait. Je joue de tous les instruments, mais j'ai quand même invité des musiciens en studio. Roberto Piccioni, mon claviériste live et un collaborateur depuis sept ans, est celui qui m'a aidé à avoir un second regard. J'ai aussi invité Jeff Luciani, Mishka Stein (bassiste de Patrick Watson), Murray Ligthburn, une section de cordes (JP Saint-Cyr, Justin Wright et Kate Maloney) et Anna Ruddick et Maia Davies de Ladies of the Canyon aux voix.

Q Quelles sont tes attentes? Prendre une pause du groupe The Dears a-t-il été bénéfique?

R Oui, je suis en contact avec les membres des Dears tous les jours par courriel. Nous avons des projets cet été [...] Mais c'était nécessaire pour moi de faire ce move. Tu te retrouves dans un état de panique où tu te dis que tu n'as pas ton groupe et que tu n'as pas d'emploi, donc tu dois livrer la marchandise.