La dernière décennie n'a pas été tranquille pour les musiciens d'Our Lady Peace.

Le chanteur du groupe, Raine Maida, admet qu'une baisse de popularité, les difficultés de l'industrie du disque et une certaine panne de créativité ont bien failli causer la fin d'Our Lady Peace après près de 20 ans.

Maida croit cependant que le groupe est demeuré uni parce que les musiciens sentaient qu'ils étaient sur le point d'éclore, d'un point de vue créatif, ce qui est arrivé avec le nouvel album, Curve, selon le chanteur.

«Je crois que les 10 dernières années ont été les plus tumultueuses et nous n'avons jamais rompu parce que même lorsque nous avons été très près de le faire, nous n'avions pas encore fait ce disque», explique Maida au cours d'une récente entrevue à Toronto.

«Je pense que nous savions tous, dans notre for intérieur, que nous n'y étions pas encore tout à fait.»

Le chanteur affirme que le groupe a enfin atteint ses objectifs avec cet album, en grande partie parce qu'il a mis de côté toute ambition commerciale.

La transformation du groupe s'est amorcée lorsque les musiciens ont discuté avec le producteur Jason Lader (qui a notamment travaillé avec Maroon 5, Rilo Kiley et Elvis Costello). Lader a critiqué le matériel du groupe avec franchise, et c'est exactement ce dont les musiciens avaient besoin, selon Maida.

«C'est comme lorsqu'on est dans une relation avec quelqu'un depuis longtemps. Il devient de plus en plus difficile de tirer ce qu'il faut tirer d'une personne, précise-t-il. Je ne peux pousser Jeremy (Taggart) que jusqu'à un certain point en tant que batteur et il ne me dira que certaines choses précises comme parolier (...) On y va étape par étape.»

«Puis nous avons discuté avec Jason et il n'y avait pas d'étape. Pas de filtre. (Il disait): "C'est mauvais, vous n'écoutez pas ce genre de musique, pourquoi voudriez-vous faire un tel album? Mettez-vous au défi."»

Maida est donc replongé dans la musique qui l'a inspiré, notamment les premières années de Peter Gabriel et David Bowie. Le groupe a tenté d'ajouter de la profondeur, des rythmes inhabituels et de nouvelles textures à sa musique.

Le chanteur ne voulait cependant pas trop s'éloigner du son traditionnel du groupe, souhaitant plutôt le pousser plus loin. «Nous ne voulions pas embaucher un orchestre, un joueur de tuba ou plein d'autres gens pour faire un album éclectique», souligne-t-il.

Les rockeurs ont connu une grande popularité en 1997, grâce à l'album Clumsy, certifié diamant au Canada et platine au sud de la frontière. Mais dans les années qui ont suivi, le groupe n'a pas semblé vouloir profiter de ces ventes phénoménales, lançant plutôt l'expérimental «Happiness... Is Not a Fish That You Can Catch» en 1999 et l'ésotérique «Spiritual Machines» par la suite.

Les trois albums suivants, Gravity (2002), Healthy in Paranoid Times (2005) et Burn Burn (2009), ont tous obtenu au moins une certification or au Canada, mais Our Lady Peace a tout de même perdu de la popularité, surtout aux États-Unis.

En parallèle, Maida croit que le groupe a aussi perdu la confiance de sa compagnie de disque.

«Il y a eu des périodes ou nous avons dit que c'était fini, des périodes où nous avons congédié un producteur ou un producteur nous a quittés, il y a eu beaucoup de difficultés. Quand je repense aux 10 dernières années, ce fut toute une bataille», estime Maida.