On parle du groupe montréalais originaire de Calgary depuis des mois, mais ce n'est que mardi que Braids lancera enfin son premier album, Native Speaker. Si vous avez manqué son rock exploratoire sur les scènes de Pop Montréal ou M pour Montréal, vous pourrez vous reprendre jeudi prochain à la Sala Rossa.

C'est frappant quand on voit les membres du groupe Braids, la nouvelle sensation montréalaise, entrer dans un café du Mile End: ils sont si jeunes pour faire de la musique aussi chargée, complexe et exploratoire.

«Beaucoup de nous sont de vieilles âmes», dit la chanteuse Raphaelle Standell-Preston.

Des publications prestigieuses comme le New York Times ont déjà vanté les talents de Braids, même si le premier album, Native Speaker, ne sort que mardi prochain, avec sept chansons dont certaines durent plus de huit minutes.

Les attentes sont grandes. Il y a longtemps que Braids fait parler de lui, notamment depuis les dernières vitrines de M pour Montréal et du CMJ Music Marathon de New York.

Braids est un quatuor montréalais dont les membres sont des amis du secondaire originaires de Calgary. Le percussionniste Austin Tufts et la chanteuse Raphaelle Standell-Preston étaient même dans la même fanfare en septième année.

Austin, le fils d'un batteur de jazz, a introduit Raphaelle au rock, la convainquant de chanter et de jouer de la guitare. Austin jouait alors avec le bassiste de Braids, Taylor Smith, dans un groupe de jazz à l'école secondaire, et Raphaelle était dans le même cours de théâtre que la claviériste Katie Lee.

Raphaelle se souvient encore de la toute première pratique du groupe. «J'avais un examen à questions multiples de sciences humaines et j'avais juste hâte à notre pratique.»

Après leurs études secondaires, les membres de Braids ont décidé de prendre une pause d'un an pour se consacrer à la musique. «Ç'a été dur pour Katie, car elle avait été acceptée en architecture à l'Université de Waterloo», souligne Austin.

Un an plus tard, en 2008, les membres de Braids ont décidé de déménager à Montréal, berceau indie-rock. Austin s'est joint au programme de jazz de l'Université McGill, Taylor s'est inscrit en philosophie, Katie en architecture, alors que Raphaelle a décidé de se concentrer sur son art.

C'est là que Braids s'est mis à écrire les chansons de Native Speaker, tout en rencontrant des gens du milieu au point de faire la première partie du groupe Deerhunter à la Plaza Saint-Hubert, en novembre 2008.

Mais pourquoi avoir choisi Montréal? «La scène ici n'a pas de limite, répond Austin. Tu peux être n'importe quel band à n'importe quel niveau.»

Après un an, Austin, Taylor et Katie ont laissé de côté leurs études à McGill pour se consacrer uniquement à leur musique. Une musique créative à souhait, loin de la recette et du hit facile.

«Nous écrivons collectivement, explique Austin. Autant une chanson peut commencer par un accord sur deux cordes, autant on peut chercher à reproduire un effet.»

Quoi qu'il en soit, rien n'est laissé au hasard et tout est démocratique. «Cela nous prend du temps, car notre musique est dense et nous avons beaucoup d'idées.»

Même avant de monter sur scène, les membres de Braids se demandent sur quel aspect de la musique ils devront mettre l'accent. «Nous sommes tellement proches que nous sommes en confiance», dit Austin.

Braids fait du rock exploratoire dense, atmosphérique et évocateur avec des arrangements électro-acoustiques éclatés, dans les eaux d'Animal Collective, Mogwai et peut-être même de Godspeed You! Black Emperor. Au premier plan, il y a la voix de Raphaelle, tantôt douce, tantôt ensorcelante, un peu à la manière de Björk.

C'est aussi Raphaelle qui signe les textes. Des textes parfois crus qu'elle assume. «Ça sort les gens de leur zone de confort», dit-elle.

Il y a longtemps que Braids nage dans l'univers des chansons de Native Speaker. De nouvelles chansons sont prêtes «pour pouvoir varier le répertoire» de spectacle en spectacle. Braids a fait sa première tournée canadienne l'été dernier et reprendra la route au cours des prochains mois.

«Ils sont prêts à jouer devant 35 personnes en Virginie», blague Austin, qui a dû interrompre notre entrevue pour un entretien téléphonique avec un journaliste de l'Oklahoma.

L'année qui vient est remplie de promesses pour Braids.

Braids se produit le 20 janvier à la Sala Rossa.