Pendant près de 20 ans, Jason Lang a été le guitariste d'Isabelle Boulay, des soeurs McGarrigle, de Roch Voisine, de Richard Séguin et de bien d'autres chanteurs. En 2008, il a lancé un premier - et bel- album solo en anglais, conçu quasi tout seul, des textes aux instruments à la photo de la pochette! Cette fois, avec plus de moyens, mais la même ferveur, il lance Boomerang.

S'entretenir avec Jason Lang, c'est parler de ses deux enfants et de sa femme, de sa mère la chanteuse folk Penny Lang, de guitare accordée «à la Nashville», de cours de chant, de ukulélé, d'amis musiciens qui viennent donner un coup de main parce que Jason leur en a filé un, un moment donné. Bref, c'est parler de sa vie d'«homme de tous les jours» comme il le chante sur son album aux sonorités folk, pop et ska.

«Si j'ai intitulé mon disque Boomerang, explique-t-il en français avec un joli accent anglais, c'est d'abord parce que ça ressemble à ma carrière: la vie m'a promené et amené à jouer avec toutes sortes d'artistes, comme un voyage. Mais Boomerang, c'est aussi pour marquer un retour à la source, à mon point de départ: ce dont j'avais envie à 18 ans, c'était d'être auteur-compositeur-interprète, d'être front, alors que je suis plutôt devenu guitariste à ce moment-là.»

Jason Lang ne s'en plaint pas: il est effectivement d'abord devenu guitariste pour les soeurs McGarrigle dans le cadre d'une grande tournée qui l'a marquée avec bonheur («C'était la première tournée de ma vie et on est allés partout dans le monde!»). Les artistes se sont ensuite arraché le jeune musicien doué, beau comme un Elvis blond, capable de faire des harmonies vocales et toujours souriant.

C'est pour remercier Kate et Anna McGarrigle que Lang a décidé de reprendre leur magnifique chanson Heart Like a Wheel sur Boomerang: «Je la faisais toujours en spectacle, mais je n'étais pas sûr de la mettre sur l'album, parce que je la joue au piano. Or, je ne suis pas maître du piano, mais c'est un de mes instruments préférés. Alors, on y a ajouté des cordes...»

Même histoire d'amitié musicale pour expliquer la collaboration de la chanteuse canadienne Amanda Marshall à la chanson Boomerang Love: «J'ai été son guitariste pendant deux ans, et je l'avais invitée à participer au spectacle-bénéfice que j'organisais pour l'Association de parents d'enfants trisomiques de Lanaudière en octobre dernier (Jason est le père de Meaghan, qui est trisomique): Amanda est venue à ses frais de Toronto et elle a mis le feu à la salle!»

Ils se sont recroisés alors que Jason participait à l'enregistrement du nouvel album en anglais de Zachary Richard: «Entre les séances d'enregistrement, je jouais à Amanda une mélodie que j'avais composée. Je me dis que je pourrais peut-être lui demander un texte... et elle a dit oui! Ensuite, je me dis qu'elle accepterait peut-être de la chanter avec moi, cette chanson... et elle a dit oui! C'est vraiment une chanson boomerang, ça!»

Si Jason signe la majorité des textes -très bien écrits-, il a aussi fait appel à son amie et agente Joanne Lalancette pour une version française d'une de ses chansons («C'est un essai, je ne suis pas sûr d'être «croyable» quand je chante en français, je suis gêné quand je chante, mais je pratique beaucoup...»). Et il a demandé à Jim Robinson s'il pouvait reprendre une de ses chansons. Jim Robinson? «Jim est physiothérapeute à l'Université McGill... et il a enregistré cinq disques en six ans. C'est moi qui les réalise, et c'est particulier: Jim ne lance même pas ses CD, il a juste envie d'écrire des chansons, de les enregistrer pour les conserver, il en a écrit au moins une cinquantaine. J'aime bien son écriture très simple et juste. Je lui ai donc demandé si je pouvais reprendre Accidentally en lui disant qu'au moins, comme ça, le monde va entendre sa chanson!»

Il y a plein d'autres histoires d'amitié dans ce disque, plein d'humilité aussi: «Tu te rends compte, il y a huit musiciens qui jouent des instruments à cordes sur l'album, huit, juste pour moi! Quand je les ai vus s'installer dans le studio, je me suis senti pour la première fois de ma vie comme «l'artiste». C'était un moment spécial...»