Tout a commencé à Montréal pour la jeune auteure, compositrice et interprète néo-folk Basia Bulat, qui a récemment lancé son deuxième album, Heart of my Own, sur le label Secret City. Entrevue pour dérouiller son français et annoncer le concert qu'elle offrira ce soir à l'Astral.

Coup de téléphone dans la capitale ontarienne, où réside la blonde demoiselle lorsqu'elle n'est pas sur la route. Elle l'est depuis quelques semaines et jusqu'à cet été, avec escale obligée au festival South by Southwest d'Austin, au Texas.

Un premier contact avec cette voix unique, chaude et chevrotante, capable de faire fondre un glacier. L'accent maladroit avec lequel elle offre ses sincères salutations nous la rend encore plus sympathique. «Tu sais, à Vancouver, où j'ai grandi, les programmes de français à l'école laissent à désirer. Heureusement, lorsque je suis venue passer du temps à Montréal, en 2005 et 2006, j'ai pris des cours à l'Université de Montréal», raconte-t-elle.

S'il est vrai que c'est à Montréal que s'est révélée sa vocation de musicienne professionnelle, c'est auprès de ses parents - sa mère, surtout, professeure de piano -, qu'elle a eu la piqûre. «J'ai toujours été près de la musique, sans jamais vraiment penser à en faire un métier. Ça fait partie de ma vie, mais m'en servir pour vivre, je n'y pensais pas», avoue-t-elle.

C'est justement sa maman qui lui a offert son instrument fétiche, l'autoharpe, sorte de harpe portative aussi distincte et remarquable que sa voix pleine de sentiments. «Un voisin s'en débarrassait, dans une vente-débarras, près de chez mes parents, en banlieue de Toronto. Sachant que j'adore la musique de The Carter Family, ma mère a pensé à moi lorsqu'elle l'a vue. Je n'ai jamais arrêté d'en jouer depuis», dit Basia, qui maîtrisait déjà la guitare et le piano.

La vitalité de la scène musicale d'ici, qui l'a accueillie à bras ouverts, lui ouvre un peu plus les oreilles. «C'est à Montréal que j'ai réalisé que je pouvais faire de la musique toute ma vie. En 2005, j'ai rencontré les gens du groupe The Adam Brown», dont Howard Bilerman, ingénieur de studio (au mythique Hotel2Tango) et réalisateur, qui a épaulé la musicienne sur ses deux albums.

La rencontre entre ces deux musiciens fait des merveilles. Basia Bulat et son bagage de folk et d'americana, Bilerman et sa sensibilité rock doublée d'une oreille d'architecte du son ont fait du premier album, Oh My Darling (2007), la parfaite carte de visite. Bulat fait désormais partie de l'écurie Secret City, aux côtés de Patrick Watson, Plants and Animals et Miracle Fortress. Belle écurie.

Si ses disques paraissent agréables, c'est sur scène que Basia Bulat fait la meilleure démonstration de son talent. «J'ai toujours pensé que les performances live doivent être spéciales, différentes. Je ne devrais pas dire ça, d'abord parce que je suis fière de mes disques, mais je crois justement que les disques ne sont qu'une image d'un moment précis. Les chansons, elles, continuent d'évoluer sur scène.»

Celle de l'Astral, intime, ira comme un gant à son répertoire folk-rock.