Il faudra ajouter ce concert dans la catégorie de ceux où il fallait être.  Rarement a-t-on vu le Centre Bell vibrer autant avec un groupe que samedi soir.

Heureusement pour Metallica, la vie n'avance pas en ligne droite. Après s'être enfoncé jusqu'au sous-sol de la crédibilité avec l'impudeur de Some Kind of Monster et le maniérisme indolent de St. Anger, le groupe rebondissait en 2008 avec Death Magnetic. La résurrection s'est confirmée sur scène devant 20 000 maniaques qui se gonflaient le visage de sang à force de hurler. Autant pour les succès que pour des pièces plus obscures comme Shortest Straw. Tous brandissaient leurs poings dans les airs, comme une armée de fidèles se ralliant au son des One, For Whom The Bell Tolls, Masters of Puppets et même Cyanide.

Metallica retourne à l'essentiel, et la mise en scène le symbolisait. Pour permettre au maximum de fans de voir le spectacle, la scène était installée au milieu du parterre. Elle se situait presque à la hauteur du plancher.  Aucun écran géant non plus, chose plutôt rare pour un si gros spectacle. Durant les deux premières partie (Gojira et les populaires Lamb of God), cela semblait une mauvaise idée. Mais nos réserves se sont effacées dès l'arrivée de Metallica.

D'innombrables briquets et cigarettes gazonnées s'allumaient à travers le bombardement de lasers pour accueillir le groupe. Contrairement aux autres batteurs, Lars Ulrich était placé en plein centre du parterre. Le groupe se promenait autour de lui. De nombreux micros étaient aussi dispersés sur la scène pour que James Hetfield puisse chanter devant tout le monde.

Sobre, mais chaque détail est justifié. Lors de l'ouverture avec This Was Just Your Life, seul un petit halo illumine le visage d'Hetfield. On dirait une lampe de poche. L'éclairage régulier apparaît ensuite, avec des lumières posées sur les quatre cercueils qui pendent du plafond.

La soirée se poursuit avec un autre extrait de Death Magnetic, The End of the Line. On dirait un train furieux, duquel débarquent les guitares pour des solos sprint où les notes se liquéfient.

L'émotion y est aussi. Hetfield ne mastique plus les mots avec son rugissement affecté. Il recommence enfin à chanter. La plupart du temps, les mots passent directement des tripes aux lèvres.

«When you show up, that's the ultimate sign of respect. Here's some old stuff for you», lançait-il avant de commencer For Whom The Bell Tolls. Les cercueils pivotent et descendent alors à quelques pieds de leurs têtes. Contrairement à nos tympans, le plafond tient bon.

L'intensité augmente encore avec One, un des trois extraits joués de And Justice For All, disque dont le trash progressif se rapproche le plus des nouvelles chansons. Lars Ulrich mitraille sa caisse claire et les doigts de Kirk Hammett ressemblent à des araignées sur les amphétamines. Pendant qu'on reprend notre souffle, des boules de feu jaillissent sur la scène. Mais cette fois, personne ne se transforme en torche humaine ou en prélude à une émeute.

Les quatre comparses semblent vraiment s'éclater. Ulrich se lève parfois spontanément pour jouer et court lancer ses baguettes dans la foule entre les pièces.

Juste avant le rappel, Metallica se déleste de ses deux grands succès de l'album noir, Nothing Else Matters et Enter Sandman. Hetfield réapparaîtra ensuite torse nu pour entamer comme d'habitude le rappel avec une reprise, cette fois Die Die My Darling. C'est peut être le seul moment faible de la soirée. Après toutes ces salves, il semble incapable de jouer simplement ce classique punk des Misfits. C'est la traditionnelle Seek and Destroy qui clôturera finalement le concert. Il se met alors à pleuvoir des ballons noirs. Petits et gros, ils tombent du plafond jusqu’à recouvrir presque complètement la scène. C'était la dernière pièce, mais le groupe semblait le regretter presque autant que ses fans. Hetfield, Hammett, Ulrich et Trujillo sont restés quelques minutes à savourer les applaudissements. Il s'était écoulé cinq ans depuis leur dernier passage à Montréal. Mais beaucoup plus depuis le dernier passage de ce Metallica.

 

CHANSONS JOUÉES

That Was Just Your Life

The End Of The Line

For Whom The Bell Tolls

Shortest Straw

One

Broken, Beat & Scarred

Cyanide

Sad But True

Turn The Page (Bob Seeger)

All Nightmare Long

The Day That Never Comes

Master of Puppets

Blackened

Nothing Else Matters

Enter Sandman

Die Die My Darling (The Misfits)

Hit The Lights

Seek and Destroy