Ils n'étaient pas fans du «roi de la pop», mais du «King» tout court. Pourtant, la disparition brutale de Michael Jackson a bouleversé nombre des inconsolables admirateurs d'Elvis, qui ont eu l'impression de revivre ce 16 août 1977, quand leur idole avait été retrouvée sans vie chez elle, terrassée à 42 ans par l'abus de médicaments.

Ils seront encore des millions dimanche à rendre hommage au roi du rock n'roll pour l'anniversaire de sa mort, avec une pensée pour les fans endeuillés de Michael Jackson.

Les jours qui ont suivi la disparition de Michael Jackson, le 25 juin à Los Angeles, Joann Smith, présidente du fan club Elvis Fever de Jacksonville, n'a pas réussi à éteindre sa télé. «J'ai dit : «Je n'arrive pas à croire que ça recommence»», raconte-t-elle. «Ça faisait mal, vraiment mal. Même si je n'étais pas une fan de Michael Jackson, je souffrais parce que la même chose était arrivée à quelqu'un que j'avais aimé et je savais ce que sa famille et ses fans étaient en train de traverser.»

Devenus maîtres en deuil de star, les fans du King sont prompts à donner des conseils à ceux de Jackson. «Ne croyez pas ce que vous entendez ou vous lisez», recommande Joann Smith. «Respectez-le pour ce que vous entendez de sa musique et n'écoutez pas les ragots.»

Sandi Pichon, qui dit avoir connu personnellement Elvis Presley et a écrit deux livres sur lui, prévient aussi que la douleur s'estompera avec le temps, mais ne disparaîtra jamais totalement. «Un peu comme Elvis, une fois qu'il est entré dans votre vie, ce ne sera plus jamais pareil. Le réconfort, ils le trouveront en écoutant sa musique, en se remémorant les souvenirs et en préservant les choses positives.»

À l'instar de celle d'Elvis, la mort de Jackson risque de faire encore proliférer les fan clubs. Elvis Presley Enterprises, l'entreprise créée par la fondation Presley pour administrer Graceland, reconnaît plus de 500 fan clubs dans le monde entier.

«Ça fait une différence de pouvoir se rassembler, échanger et revivre ses souvenirs», explique Geri Vegher, président des fans d'Elvis de l'Oklahoma. «Je conseillerais aux fans de Michael Jackson de se préparer à faire la même chose et le faire avec joie.»

Et cela aide, disent les fans du King, d'avoir Graceland, la propriété d'Elvis à Memphis, devenu un musée et un site touristique. Plus de 600 000 personnes passent chaque année les portes gravées de notes de musique pour visiter la propriété de près de six hectares et se recueillir sur la tombe du chanteur. Et l'Elvis Week, qui a commencé samedi, commémore chaque année sa mort avec neuf jours de célébrations et festivals.

Comme Presley, Jackson, qui avait d'ailleurs épousé la fille du King, Lisa Marie, pour une éphémère mais médiatique union, s'était construit un domaine à sa démesure, Neverland. Les questions qui se posent aujourd'hui sur l'avenir de ce parc d'attraction géant inspiré du monde de Peter Pan s'étaient posées à l'époque pour Graceland.

La fondation Presley a ouvert le musée payant à Graceland en 1982 pour aider à financer son entretien. C'est aujourd'hui l'une des principales attractions touristiques de Memphis.

«Elvis a montré la voie pour beaucoup de choses, pas seulement la musique, mais la production de concerts, et même la sécurité. Je crois qu'au-delà de sa mort, il fixe encore la norme pour la façon de gérer l'héritage et le marketing», juge Jamie Coyne, fondateur et vice-président du Elvis Extravaganza Fan Club à Columbus, qui se présente comme le plus grand fan club du monde avec 164 000 membres.

La sépulture du King est la clé du pouvoir d'attraction de Graceland comme lieu de pèlerinage, explique-t-il: «si vous enlevez la tombe d'Elvis de Graceland et que vous la mettez dans un cimetière, vous supprimez ce qui fait gagner de l'argent et le point de ralliement pour les fans.»

Moins prosaïques, d'autres préfèrent évoquer la connection particulière avec les fans, qui réunit selon eux Jackson et Presley. «Son amour pour ses fans se reflétait dans ses prestations et je crois que c'est la même chose pour Michael Jackson», juge Sandi Pichon. Les gens sentaient qu'ils faisaient partie de sa vie, qu'ils l'aient connu ou non.