Dans la classe des pianos du Camp de blues, Jean-Pierre Lambert explique à ses six pupilles les subtilités des progressions harmoniques du genre. Ré mineur 7e, sol 7e, do. «Les vieux bluesmen ne savaient pas ces choses-là», leur dit Lambert, un merveilleux pédagogue. «Ils les jouaient simplement. Vous autres, vous avez la chance de les décortiquer pour comprendre. C'est beaucoup de travail mais il faut que ça devienne un réflexe.»

Do-fa-sol; la-ré-mi; sol-do-ré... Contrairement à ces jeunes qui étudient la musique, je n'entends rien à la «septième de dominante» mais, comme tous ceux qui ont «de l'oreille», je peux dire si elle va avec le reste: fa-la-do-mi. Vous voyez cette septième qui descend vers la tierce? Moi pas...

 

Au tableau, des suggestions de noms pour l'un des six combos qui se produira demain de 17h30 à 19h au Club Jazz TD Canada Trust. One-Way Street Blues: attention au cul-de-sac; Esclaves du Blues, nom qui a l'avantage d'évoquer les origines du genre; Savage Blues: le blues, musique douloureuse et/ou sensuelle, peut être primitif mais pas vraiment «sauvage» (contrairement à son descendant le rock); Camp Fire Crew: du blues feu de camp? Pas sûr du mix avec Beau Dommage.

En comprenant la progression harmonique de base de blues - 1-4-5 comme dans do (1), fa (4), sol (5) -, on comprend 80% de la musique pop moderne, précisera Jean-Pierre Lambert, le directeur artistique du big band Sortie 210 de Victoriaville. Tiens... Il n'y aurait pas juste le blues qui serait «toujours pareil». Un, quatre, cinq: ne pas confondre avec le 514.

Vincent Beaulne, lui, ramène les chanteuses (un gars, cinq filles) pour reprendre Jesus Gonna Make it Alright au bénéfice de La Presse. Merci. «Hier soir, j'ai joué à Saint-Donat avec mon groupe Blues Delight et ça m'a pris une demi-heure à ajuster mon son de guitare. Il faut travailler jusqu'à temps qu'on ait atteint notre zone de confort. C'est vrai pour les musiciens, c'est vrai pour les chanteurs aussi.» Ah! les chanteurs... Attitude et talent: l'un ne va pas sans l'autre. Manquait ni de l'un ni de l'autre dans le coqueron, hier.

Took my body to the doctor (What'he say?) Said I won't make it through the night... «Parfois il faut changer de registre, toujours en se posant la question: ce registre sert-il l'histoire que je raconte pour qu'elle sonne vrai et qu'elle reste simple?» Le blues raconte toujours une histoire... Took my body to my Mamma (What'she say?)

Mamma dit qu'elle va être là demain au spectacle de «graduation» du Camp de Blues où se produiront 55 jeunes entre 13 et 17 ans. Oui ils sont nerveux mais vous savez quoi? Jesus just gonna make it alright.