C'était le gros «spécial» de Radio-Canada pour souligner la 75e saison de l'Orchestre Symphonique de Montréal: hier, en fin d'après-midi et début de soirée, sous le titre Bravissimo!, un copieux cocktail à tapis rouge et soleil couchant (et collant) sur le parvis de la Maison de Radio-Canada, suivi d'un concert d'une heure donné au Studio 42, dans les rafraîchissants souterrains de l'immeuble, par l'OSM et son chef Kent Nagano, avec comme soliste-vedette le jeune pianiste chinois Lang Lang.

Le concert avait lieu à 19h30. Il était enregistré et diffusé en «faux direct» une demi-heure plus tard, simultanément à la télévision, à la radio et sur internet.

Passons vite sur le cocktail où plusieurs événements se déroulaient en même temps: interview ici, arrivée d'une vedette là. L'observation de Simon Durivage est à retenir: «Les gens adorent la musique classique et on ne leur en donne pas assez.» Ai-je bien entendu? Oui, devant l'institution qui coupe et coupe encore dans le classique. Merci quand même, Simon.

Le Studio 42 est un spectacle en soi: immense, labyrinthique, des réflecteurs et de la machinerie partout. La configuration très particulière d'hier plaçait les quelque 500 auditeurs autour de l'orchestre et même parmi les musiciens, la majorité des auditeurs voyant Kent Nagano de face.

Durivage est toujours là, cette fois comme animateur. De la classe Simon, mais il faudrait simplement qu'il sache que la Suite no 2 de Daphnis et Chloé n'est pas «intitulée» (sic) Lever du jour. La petite chorégraphie - des bras surtout - de La La La Human Steps était plutôt originale.

Je ne suis pas pressé de parler du concert parce que, de concert, il y eut finalement assez peu. La sonorité orchestrale et pianistique entendue hier est-elle caractéristique du Studio 42 ou s'agit-il d'un accident acoustique d'un soir? Il reste que l'orchestre avait un son très curieux, comme amplifié, avec des cordes dures et métalliques; même problème au piano, à l'aigu clinquant et artificiel.

Tant pis pour le piano, mais, en ce qui concerne l'OSM, il n'y avait là absolument rien de la belle sonorité familière. Peu importe: on fêtait le 75e anniversaire et il fallait le dire au plus grand nombre.

De toute façon, il était très difficile, voire impossible, de se concentrer sur l'interprétation - si interprétation il y avait - à cause du mouvement incessant des grues de télévision au-dessus du plateau et du va-et-vient des employés de divers secteurs et, surtout, des techniciens qui, les braves, cherchaient à ne pas faire de bruit mais en faisaient quand même.

Voir Nagano diriger le Boléro - ou plutôt ne pas diriger - valait le déplacement. Tête et baguette presque immobiles et fixées vers le sol, comme si l'homme allait tomber. On est payé combien pour faire ça?

Quant au petit Lang olympique, il a été, dans Tchaïkovsky, ce qu'il est habituellement: technicien à tout casser mais poseur se servant de ses immenses ressources pour briller au détriment des vraies valeurs musicales.

La soirée ne fut quand même pas complètement nulle. Retrouver à l'écran les personnalités qui ont construit l'OSM, de Wilfrid Pelletier à Charles Dutoit, avait de quoi réjouir l'âme et garder espoir. En comparaison, ce qui s'est passé hier sera vite oublié.

À lire demain

L'Orchestre Symphonique de Montréal a entamé sa 75e saison, hier. Sa renommée mondiale, l'OSM la doit en bonne partie à tous ses musiciens, qui demeurent pourtant presque inconnus du grand public. Dans le cahier Arts et Spectacles de demain, nous vous présentons six de ces musiciens qui travaillent souvent dans l'ombre pour mieux faire rejaillir la lumière sur leur orchestre.