Pour son 35e anniversaire, CIBL 101,5, la « radio citoyenne de Montréal », lance une campagne de financement qui est aussi un cri du coeur. Et qui mieux que RBO, parmi les plus illustres réussites de sa pépinière de talents, pouvait l'appuyer ? Hier, une émission hommage au groupe a été l'occasion de souligner l'apport de CIBL au paysage médiatique et l'apport de RBO en humour.

Les beignes du sergent Bigras, les « Whippet pleins de pouèl » de monsieur Caron et les burgers de « crastillons » du chef Groleau étaient populaires, hier, dans les studios de CIBL, à l'angle du boulevard Saint-Laurent et de la rue Sainte-Catherine, lors de l'émission spéciale de deux heures diffusée en direct pour rendre hommage au groupe RBO, animée par Anne-Marie Kirouac. On a pu entendre, entre autres extraits mémorables tirés des archives, l'ouverture pour le moins boiteuse de la première émission de RBO, diffusée le 15 mai 1981. Les quatre membres formant le « noyau » de RBO, Guy A. Lepage, André Ducharme, Yves Pelletier et Bruno Landry, vêtus de l'increvable manteau jaune et noir, étaient présents, avec Chantal Francke et Richard Z. Sirois. « Les gars m'ont fait rire, et Chantal m'a fait un enfant », a souligné ce dernier.

C'était l'occasion de se remémorer, encore une fois, les débuts d'une formation qui allait marquer durablement l'humour québécois. Entre souvenirs et confidences, deux membres de la LNI improvisaient sur le thème des personnages les plus connus du groupe. « On est plutôt de mauvais improvisateurs », a confié Guy A. Lepage, en racontant les réunions de production dans son appartement, au début des années 80. Difficile de prédire, à l'écoute des premières émissions, un destin aussi durable à RBO, qui faisait ses propres bruitages. « On a utilisé notre bouche au maximum », a plaisanté Lepage. « Et on a fait un best of après trois émissions », a rappelé Bruno Landry, comme pour souligner les nombreux retours du groupe depuis !

Mais les gars et la fille de RBO, ainsi que le producteur Jacques K. Primeau, même s'ils vendent des billets pour le show du 10 juillet au Centre Bell, étaient surtout là pour appuyer la campagne de financement de CIBL, là où tout a commencé pour eux. La vente de billets VIP pour la première de ce spectacle sera remise à CIBL, qui en a bien besoin, comme bien des organismes frappés par l'effet domino des mesures d'austérité. Ainsi, la campagne « 35 ans, 35 piastres » invite le public à verser un don par le truchement du site web de CIBL. « On est ici pour ça », a insisté Bruno Landry. 

« Ce serait dommage que ça disparaisse. Il faut que n'importe quel ti-cul puisse dire des niaiseries, avoir cette possibilité-là ! »

Dans cet hommage, la nouvelle génération a été invitée à prendre la parole, que ce soit par la voix de jeunes humoristes qui ont raconté comment RBO les avait influencés, ou en chanson, quand une chorale d'enfants est venue chanter Le feu sauvage de l'amour aux gars de RBO visiblement ravis.

Après la spéciale de deux heures, Jacques K. Primeau a rappelé le rôle d'école de CIBL pour de nombreux bénévoles qui ont trouvé des postes partout dans les médias. « À l'heure de la concentration des médias et des compressions, cette radio est essentielle », a-t-il affirmé. « Tout a démarré il y a 35 ans sur la rue Pie-IX [les anciens locaux de CIBL] avec des amis que je n'oublierai jamais », a déclaré Guy A. Lepage. « Quand j'ai commencé à CIBL, ce que j'aimais, c'était les bénévoles, des gens qui avaient la passion de la radio, sans compromis. Déjà, la radio devenait insupportable... C'est toujours avec fierté qu'on revient ici. Trente-cinq ans, c'est énorme, et 35 $, ce n'est pas beaucoup. »

CIBL en bref

• 35 ans

• 250 bénévoles

• 75 émissions par semaine

• 225 000 auditeurs