On est tiraillé en lisant le premier roman de Réjean Tremblay, qui relate les six mois de mission humanitaire d'une belle gynécologue québécoise au Burkina Faso.

D'une part, on a l'impression de lire un roman Harlequin destiné aux deux sexes: héroïne frondeuse à la poitrine volumineuse, bel étranger séduisant, relation évidemment torride, érotisme de bon ton et même style d'écriture (passé simple, descriptions périodiques des corps, sensations et vêtements, etc.).

D'autre part, on ne peut qu'admirer le fait que Réjean Tremblay mette ainsi sa notoriété au service d'une cause importante: la situation effroyable et tragique des femmes fistuleuses d'Afrique.

En raison d'un durcissement excessif des tissus après une excision, les parois de l'utérus, de la vessie et du sphincter de nombreuses femmes fissurent pendant l'accouchement. Comme ces femmes empestent à cause des excréments qui s'échappent constamment par le vagin, elles sont mises au ban, honnies.

Il s'en trouvera bien certains pour reprocher à Tremblay d'adopter le discours officiel des autorités burkinabées. Mais personne ne pourra mettre en doute son courage, ni la différence que son livre, fera, on l'espère, pour ces femmes.

___________________________________________________________________________

* * 1/2

Princesse Yennenga. Réjean Tremblay. Éditions de l'Homme, 330 pages.