Deux fois par mois, une personnalité publique nous confie quelles sont ses lectures du moment. Cette semaine, le comédien, réalisateur, musicien et auteur Émile Proulx-Cloutier, qui donne les deux derniers spectacles de sa tournée À mains nues ce week-end, au Gesù, et qu’on peut voir cet automne dans les séries télé Les moments parfaits et Avant le crash, ou écouter narrer la nouvelle saison de l’émission balado Sommeil tranquille, sur Audible.

Arsenic mon amour

Arsenic mon amour

Arsenic mon amour

Quartz

48 pages

« On pourrait dire que c’est un pamphlet ; c’est une correspondance entre les deux auteurs qui parlent de leur point de vue sur la situation de Rouyn-Noranda avec énormément d’affection et, en même temps, avec énormément de vertige, de sentiments mêlés, de révolte, aussi, d’indignation, sur une ville qu’ils aiment, sur la grande cheminée et le rôle qu’elle a joué dans leur vie. C’est une réflexion sur la mémoire, sur les travailleurs qui les ont précédés. […] C’est une manière de mettre les pieds dans un sujet politique d’une manière profondément émotive, personnelle et très incarnée. C’est tout court, mais très fort et très beau, avec une vraie valeur littéraire, à mon sens. »

Alice Guy

Alice Guy

Alice Guy

Casterman

400 pages

« J’ai eu un grand plaisir à lire cette bande dessinée sur la vie d’Alice Guy qui commence à être davantage connue. C’est une des premières femmes metteuses en scène de l’histoire du cinéma. Elle a tourné des centaines de courts métrages, même des histoires en série, elle a développé des techniques pour diriger des acteurs, elle faisait des films avec des cascades… C’est l’une des pionnières du cinéma muet, mais elle a été complètement oubliée pendant des décennies. Beaucoup de ses films ont été perdus. À la fin de sa vie, elle avait du mal à faire reconnaître sa propre place dans l’histoire du cinéma et elle est morte en perdant la mémoire. L’histoire plonge dans les recoins qu’on avait balayés sous le tapis. »

V13

V13

V13

POL

368 pages

« J’avais beaucoup aimé Limonov, mais V13, c’est vraiment un super beau travail de chroniqueur à la base. C’est une plongée palpitante dans le procès des attentats du Bataclan. Emmanuel Carrère fait une sorte d’observation – on ne devient pas voyeur, mais on a quand même l’impression d’être présent sur les banquettes inconfortables de la cour avec lui. On vit ce que c’est de suivre un aussi long procès pendant au-delà de neuf mois ; en même temps, il a un sens du détail et du récit qui fait que même si on a un sujet qui est d’une lourdeur tragique, il arrive à trouver des angles pour parler de l’humanité, des replis de cette histoire-là, de comment les gens, parfois, s’approprient une tragédie. »