L’été, c’est la saison pour s’évader. Larguez les amarres avec ces 20 nouveaux romans policiers qui nous entraînent ici ou ailleurs, sur la piste d’énigmes déroutantes et captivantes.

Rivière Mastigouche (Lanaudière)

La sainte paix

La sainte paix

Héliotrope

208 pages

Il a été littéralement impossible de lâcher ce savoureux petit polar, teinté d’humour noir, qu’on a lu d’un seul jet tant il est prenant. Jacqueline habite sur la rivière Mastigouche depuis une trentaine d’années. Elle n’a qu’une seule voisine en face, Madeleine, veuve et septuagénaire comme elle et qu’elle se contente de saluer de loin. Quand celle-ci lui annonce son intention de vendre sa maison, Jacqueline est terrifiée par l’idée que des inconnus y emménagent et viennent troubler sa tranquillité. C’est alors qu’elle met au point un plan machiavélique pour la tuer, histoire de retarder la vente de la propriété. Mais un sergent de la Sûreté du Québec en mal de défis vient fouiner dans les parages et risque de tout compromettre.

Virginie (États-Unis)

La colère

La colère

Sonatine

368 pages

Grand coup de cœur pour ce roman qui nous maintient dans une tension anxiogène semblable au Silence, de Dennis Lehane. L’auteur est une nouvelle voix marquante du « Southern Noir », sous-genre du polar de plus en plus populaire chez nos voisins du Sud. Ike Randolph, un homme noir qui travaille dur depuis sa sortie de prison, apprend que son fils a été tué par balle avec son mari devant un bar de Richmond, en Virginie. Lorsque l’enquête policière piétine, le père du mari, stéréotype du redneck blanc et alcoolique, propose à Ike de retrouver eux-mêmes le responsable. Entre ces deux hommes que tout oppose, en plein pays des drapeaux confédérés, se forme alors une alliance aussi explosive qu’inattendue.

Montréal

La constellation du chat

La constellation du chat

Fides

368 pages

On ne voyage peut-être pas très loin avec ce polar, mais on s’amuse assurément en compagnie de l’enquêteur Bonneau et de son jeune assistant Lamouche, héros de deux autres titres de l’auteur. Bonneau est le genre de vieux flic ronchon, réfractaire au changement, dont tout le monde se paie la tête et qui insiste pour enseigner ses étranges leçons du métier à son collègue. Le duo enquête ici sur l’explosion qui a causé la mort d’un politicien peu apprécié. Le seul indice laissé par l’auteur de l’attentat est un étrange symbole rappelant un chat. Mais les policiers découvrent rapidement un lien possible avec une explosion survenue dans un bar du Village. Les dialogues sont drôles et l’enquête est tout aussi intéressante.

Elizabethville (New Shetland – Ouest canadien)

Ocre rouge

Ocre rouge

Mains libres

378 pages

Ne cherchez pas Elizabethville sur une carte. Ce lieu fictif, titre du précédent roman de l’autrice, se trouve quelque part dans l’Ouest canadien, dans la province du New Shetland. La sergente-détective Joyce Bell, qui est métisse, connaît des débuts difficiles dans son nouveau poste de cheffe de police à Elizabethville. Elle sait qu’elle représente « l’Indienne de service », mais elle veut aider les siens et décide d’enquêter sur les cas de jeunes filles disparues. Quand les noms de figures influentes de la région surgissent dans son enquête, on la force à se retirer. Elle choisit donc de faire cavalier seul. Un polar qui sort des sentiers battus, avec une héroïne d’un nouveau genre qui n’a pas froid aux yeux.

Inde

Rouge karma

Rouge karma

Albin Michel

578 pages

Jean-Christophe Grangé poursuit son incursion dans le polar historique, amorcée avec Les promises. Cette fois-ci, on est en France, en 1968. Les soulèvements étudiants battent leur plein, une jeune femme est retrouvée morte. Ses deux amis s’allient à l’enquêteur et se retrouvent jusqu’au cou dans l’affaire qui les mène jusqu’en Inde – la destination rêvée de tous les intellectuels idéalistes et bouddhistes de l’époque. Mais le voyage s’éloigne rapidement du rêve psychédélique et révèle son lot d’horreurs et de violence. S’amorce alors une descente aux enfers qui reste fidèle à la lignée des romans précédents de l’auteur : noire et sanglante. Et comme toujours avec Grangé, c’est grandiose, provocateur, angoissant et cauchemardesque.

Norvège

Le mal en personne

Le mal en personne

Gallimard

416 pages

C’est avec impatience qu’on attend chaque sortie d’une nouvelle enquête de l’inspecteur norvégien William Wisting – et on est rarement déçus. Voilà qu’il doit retrouver un dangereux criminel, condamné pour meurtre, viol et torture, qui a réussi à déjouer la surveillance policière et à s’évader alors qu’il devait conduire les enquêteurs vers l’une de ses victimes, enterrée dans la forêt. S’ensuit une course contre la montre pour le retrouver, mais une enquête interne menée sur cette fuite complique les recherches de Wisting. Un roman policier classique qui nous fait découvrir chaque fois un peu plus le sud de la Norvège et ses vastes étendues.

Angleterre

L’eau qui dort

L’eau qui dort

Fleuve noir

432 pages

L’ancienne reporter britannique Fiona Barton avait fait une entrée remarquée dans le genre, il y a quelques années, avec ses trois brillants polars mettant en scène la journaliste Kate Waters. Quelle surprise de découvrir une toute nouvelle héroïne tout aussi attachante, l’inspectrice Elise King. Celle-ci est en convalescence dans ce qu’elle croit être une petite ville tranquille au bord de la mer. Mais derrière ces eaux calmes se cachent de sombres évènements qui viennent troubler sa quiétude et la poussent à creuser. Un roman policier impossible à lâcher et une enquêtrice à retrouver, qui rappelle la policière Erika Foster de Robert Bryndza.

Islande

À qui la faute

À qui la faute

De la Martinière

336 pages

Ragnar Jónasson n’a pas son pareil pour construire des huis clos envoûtants, campés dans des endroits isolés et reculés de l’Islande. Avec sa série autour du jeune policier Ari Thór ou encore sa trilogie de La dame de Reykjavik, la recette fonctionne et on se prend inévitablement au jeu. Dans ce nouveau suspense, quatre jeunes se retrouvent coincés dans un pavillon de chasse à cause d’une tempête de neige. Tour à tour, ils racontent les évènements qui ont précédé cette nuit terrifiante et transformé un séjour de détente en cauchemar. Une énigme à la Agatha Christie qui plaira à coup sûr à ceux qui ont aimé son excellent roman L’île au secret.

Australie

Les oubliés de Marralee

Les oubliés de Marralee

Calmann-Lévy

400 pages

L’Australienne Jane Harper fait désormais partie des auteurs incontournables du roman policier après avoir publié quatre titres remarquables, dont deux avec l’inspecteur Aaron Falk. On retrouve avec enthousiasme le personnage dans cette enquête autour de la disparition d’une jeune mère. Les petites villes ont toutes leurs secrets et celle où se situe l’intrigue, dans une région viticole du sud de l’Australie, ne fait pas exception. Avec tact et prudence, Aaron Falk essaie de remonter à la source sans heurter la sensibilité des proches de la disparue. S’il n’y en a qu’un, c’est le livre à lire pour voyager et prendre un vrai bain de soleil australien.

Stockholm (Suède)

Le culte

Le culte

Actes Sud

720 pages

Après La boîte à magie, paru l’an dernier, la Suédoise Camilla Läckberg s’est de nouveau alliée au mentaliste Henrik Fexeus pour écrire ce roman à quatre mains. Cette fois-ci, l’inspectrice Mina Dahbiri fait appel au mentaliste Vincent Walder pour retrouver un garçon disparu dans un quartier branché de la capitale. Tracassée par ses propres soucis, elle doit mener l’enquête de front avant qu’il ne soit trop tard, alors que ces retrouvailles leur font comprendre à quel point ils forment une bonne équipe. Une intrigue construite dans les règles de l’art, avec de nombreuses parenthèses sur la société suédoise qui en font le roman tout destiné aux fans de longue date du polar scandinave.

Laponie (Suède)

Sarek

Sarek

De la Martinière

496 pages

Dans l’extrême nord de la Suède, au beau milieu des paysages spectaculaires du parc national de Sarek, un hélicoptère-ambulance évacue une femme retrouvée en hypothermie et portant des marques de strangulation. Le récit alterne entre son interrogatoire, conduit par l’inspecteur Suhonen qui cherche à comprendre ce qui lui est arrivé, et ses propres souvenirs, deux mois plus tôt, à Stockholm, alors qu’elle préparait cette randonnée avec son conjoint, sa meilleure amie et le nouveau copain de celle-ci. Peu à peu, on découvre des tensions qui nous font douter des intentions de chacun. Un premier roman remarquable et un drame psychologique d’une grande intensité.

Chine et Inde

La femme au dragon rouge

La femme au dragon rouge

Éditions Hervé Chopin

624 pages

En exergue de ce thriller, on nous avertit d’emblée qu’il est inspiré de faits réels, ce qui ne le rend que d’autant plus troublant. On amorce ce voyage au temple d’Or d’Amritsar, en Inde, où une femme est traquée par des hommes dangereux. Une Portugaise lui vient en aide, mais se fait enlever elle aussi. Pendant que son mari cherche à retrouver sa trace, aidé par un attaché de l’ambassade des États-Unis à New Delhi, Madina étudie le chinois et l’idéologie communiste dans une région à majorité ouïghoure de la Chine. Histoire moderne, actualité et enjeux géopolitiques se côtoient au fil de ces deux intrigues passionnantes qui se déploient en parallèle. Dépaysement assuré.

Bretagne (France)

La lisière

La lisière

Calmann-Lévy

350 pages

Ce roman haletant nous entraîne dans les landes bretonnes, du côté des monts d’Arrée. Une nuit, la voiture transportant une petite famille s’arrête en chemin, après avoir heurté quelque chose. Le père et le fils disparaissent dans l’obscurité, laissant seule la mère qui parvient à gagner la gendarmerie la plus proche, après avoir été poursuivie par un homme mystérieux. Le lendemain, aucune trace ne vient corroborer son histoire. La lieutenante Maëlys Mons, une Bretonne du Finistère, dirige les recherches, alors que la mère décide de mener ses propres investigations de son côté ; mais d’étranges visions qu’elle voit en rêve lui font douter de sa santé mentale. Une incursion haletante dans le « noir pays », son silence et sa solitude glaciale.

Écosse

Ombres et lumière

Ombres et lumière

Flammarion

496 pages

Comme toujours, avec la « reine du tartan noir », on voyage au cœur de l’Écosse et de sa politique ; mais la nouvelle enquête de son héroïne Karen Pirie nous entraîne cette fois-ci jusqu’à Londres, Dublin et Paris. La commandante peine à prendre le rythme de sa nouvelle vie et de sa première relation sérieuse depuis la mort de son compagnon, tué en service. Sa grasse matinée dominicale dure cependant le temps d’un café, alors qu’un confrère l’appelle avec une affaire pour l’Unité des enquêtes historiques. Forte de son opiniâtreté et de son discernement, cette redoutable policière s’attelle une fois de plus à déterrer les secrets du passé dans ce nouveau titre incontournable.

Région parisienne

La faille

La faille

Fleuve noir

504 pages

Avec Franck Thilliez, sacré maître du thriller français, on plonge directement dans l’action et le suspense ne connaît pas de temps mort. Le commandant Sharko, la lieutenante Lucie Henebelle et l’équipe de la Brigade criminelle de Paris – « le 36 » – guettent un monstre qui aurait le profil d’un tueur nécrophile. Mais dès le départ, leur intervention tourne au cauchemar et la policière Audra Spick, enceinte de cinq mois, est gravement blessée tandis que le suspect se jette devant un train. Tout semble converger vers le pire dans ce roman noir où se dessine en fin de compte une affaire encore plus horrible que ce que les policiers imaginaient.

New York

Brouillards

Brouillards

Hugo Thriller

320 pages

L’inspecteur Hugo Boloren, héros de deux autres romans policiers de l’auteur (Douve et Terra Nullius), a quitté ses fonctions dans la police française. Sa mère est malade, sa compagne est de retour dans sa vie et il se cherche une passion dans la zythologie (l’étude de la bière). Quand un agent des services secrets français le contacte au sujet d’un agent infiltré à New York abattu, Boloren se voit forcé de s’envoler pour les États-Unis pour enquêter sur sa mort, accompagné de sa compagne qui lui sert de couverture. Il raconte à la première personne sa plongée dans les coulisses d’un illustre théâtre où des agents de la CIA ne le lâchent pas d’une semelle, tout en nous entraînant dans les dessous de l’espionnage international.

Centre des États-Unis

L’agent Seventeen

L’agent Seventeen

Gallimard

512 pages

Seventeen, c’est le surnom d’un agent secret qui n’a plus aucune illusion sur son métier. Il est le 17e de sa lignée et doit éliminer son prédécesseur. Dans ce roman où il s’adresse directement au lecteur, il a décidé de mettre cartes sur table. Entre les différentes étapes de sa mission aux allures de cavale, au Minnesota, au Dakota du Sud ou encore dans l’Utah, il évoque ses réminiscences de Berlin et de Beyrouth et remue la mémoire du passé, quand il n’avait encore tué personne. Un polar pour tous les fans d’intrigues d’espionnage à la John le Carré, dont le ton rappelle son dernier titre, L’espion qui aimait les livres.

Sud de la Suède et Danemark

X raisons de mourir

X raisons de mourir

Albin Michel

576 pages

Ces dernières années, le Suédois Stefan Ahnhem s’est taillé une place de choix dans le paysage du polar scandinave avec sa série à succès autour des enquêtes de Fabian Risk et Astrid Tuvesson. Ce quatrième titre n’est pas sans rappeler son avant-dernier, La neuvième tombe, alors que les meurtres s’enchaînent dans le sud de la Suède et au Danemark voisin. Les personnages sont emblématiques du genre – une cheffe de la brigade criminelle alcoolique dont la dépendance menace la résolution de l’affaire, et un enquêteur tiraillé entre sa vie de famille et ses obligations professionnelles –, apportant à l’intrigue une complexité intéressante. Le bagage de scénariste de l’auteur n’est jamais loin, non plus, ce qui n’est pas pour déplaire aux amateurs de sensationnalisme.

Ardennes (France)

Trois vies par semaine

Trois vies par semaine

Presses de la Cité

454 pages

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la capitaine Katel Marelle de Michel Bussi ne manque pas d’humour. Alors que le corps d’un homme est retrouvé dans la vallée de la Meuse, elle trouve le moyen de pester contre la température et bougonne parce qu’il n’a pas été découvert du côté belge, ce qui lui aurait fait un cadavre de moins sur les bras. Mais l’homme, dont on soupçonne le suicide, possède trois permis de conduire aux noms différents – tel un « James Bond des Ardennes », le baptise la policière. Amère et d’humeur grinçante, elle part à la rencontre des trois femmes auprès de qui il menait trois vies indépendantes depuis des décennies, à mesure que se profile une énigme astucieusement construite.

Nord-Est américain

Insaisissable

Insaisissable

Goélette

400 pages

Catherine McKenzie est une anglophone de Montréal qui a déjà publié une dizaine de best-sellers aux États-Unis. L’héroïne de son nouveau titre est une jeune journaliste nommée Jessica Williams. À l’aéroport de Newark, elle rencontre une femme avec qui elle partage son nom et sa date de naissance et finit par échanger des informations personnelles après quelques verres. De retour de vacances, la « vraie » Jessica Williams s’aperçoit que son compte de banque a été vidé et soupçonne immédiatement la femme de l’aéroport. Elle décide de la retrouver avec l’aide de son ami détective privé et découvre d’autres victimes portant le même nom dans les États voisins. Au bout du compte, qui dupera qui ? Un roman intrigant et surprenant.